Mémoires du "bled" durant le Protectorat
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Mémoires de "Blédars"
Salut tout le monde.
Avant de m'absenter je vous propose un peu de lecture. Une description de village. Un village pas si imaginaire qu'on le supposerait.
Ce n’était à vrai dire qu’un petit village. Un village si dépourvu d’attraits que la plupart des visiteurs de passage n’y marquaient que de très brèves haltes, histoire de se désaltérer au Café du Centre ou de délasser un peu leurs membres dans un endroit tranquille. L’un de ces villages sans caractéristiques bien définissables, comme il s’en trouvait un peu partout disséminés au travers du pays. Avec cependant cette particularité peu commune ; une sorte d’exclusivité assez peu banale pour qui s’engageait pour une première fois sur la route qui y conduisait. Sa toute soudaine et surprenante apparition.
Tel un phénomène de mirage en lisière d’horizon, l’agglomération surgissait en effet très subitement. Ce qui ne manquait jamais de créer son effet.
Qui saurait dire ce qui, en des temps somme toute pas si lointains de la colonisation aura, plus qu’autre chose, présidé au choix d’un pareil endroit pour l’implantation de cette localité ? Quels vaillants pionniers avaient pu se résoudre à jeter l’ancre en ce lieu plutôt qu’ailleurs ?
Quel probable hasard aura tout bonnement conduits certains téméraires à s’implanter ici, au pied même du haut plateau qui surplombait les vastes étendues environnantes? Quels insensés défis auront incité ces défricheurs à planter en ces lieus mêmes les premières tentes, bravant assez déraisonnablement maintes hostilités.
Autant de questions qui ne se seront toutefois posées qu’à ceux qui, n’appréciant les choses qu’au travers de l’aridité trompeuse des espaces, ignoraient ce que l’endroit recelait de promesses. A commencer par la présence de cours d’eau. Sauvages et capricieux certes, ils n’en offraient pas moins toutes possibilité de domestication.
Un élément fort précieux pour des terres qui bénéficiaient d’un ensoleillement quasi continuel.
Toujours est-il, qu'alléchés par l’implantation assez massive de colons bénéficiaires de concessions de terres défrichables, artisans et commerçants n’avaient point tardé d’affluer à leur tour, leurs pas convergeant en un même lieu, celui qui leur parut le mieux approprié eu égard à l’implantation des défricheurs. S’improvisant souvent dans l’un ou l’autre des métiers qui à l’époque faisaient cruellement défaut, tous arrivaient, se berçant de lendemains tout à fait rayonnants.
Fort disparate certes ne parvenant que difficilement à tout concilier, à situer leurs terrains d’entente, à ne point empiéter sur les prérogatives d’un autre cela en dépit de durs moments d’adversités, ces nouveaux éclaireurs parvinrent néanmoins à établir leurs bases. Regroupés et unis dès lors pour ne plus agir que comme une entité indissociable, l’embryon de communauté des tous débuts ne cessa de grossir et d’affermir ainsi les assises d’un vrai village.
Deux villes d’importance assez semblable mais de spécificités fort distinctes, se situaient à des distances à peu près équivalentes de l’agglomération. Trop préoccupées à entretenir leurs propres rivalités économiques et culturelles, aucune de ces deux cités ne s’est jamais souciée, il faut bien en convenir, des problèmes du monde rural alentours.
De son côté, tout aussi étroitement si ce n’est grotesquement retranché dans un chauvinisme exacerbé, le village quant à lui ne sut lui non plus jamais trop se déterminer dans le choix de l’un ou l’autre des deux pôles encadrants. Selon les besoins ou l’habitude de chacun, l’on optait pour l’une ou pour l’autre des deux villes. Les horaires, le piètre confort, les lenteurs exaspérantes des tortillards pouvant tout aussi bien guider ce choix.
Que l’on se rassure. Devoir de solidarité oblige, jamais situation dramatique ne s’est avérée sans solution secourable ni sans son heureux dénouement.
Il va cependant sans dire qu’ici comme partout ailleurs, le bouche à oreille ne trouvait son plus bel essor que dans la divulgation de basses et parfois cruelles médisances. Mais ce même bouche à oreille savait tout aussi spontanément voler au secours des cas de désespérances les plus poignants. Balayant sans l’ombre d’une hésitation tout antécédent de rancœur, de touchant élans de cœur relayaient les viles mesquineries qui avaient pu être commises la veille même.
A ce point que personne n’aurait jamais pu prétendre affirmer qui était encore l’ami de qui, ni qui ne l’était plus, qui était en passe de réconciliation ou tout au contraire quels étaient ceux qui n’allaient plus tarder à se regarder en chien de faïence.
Qu’importe ces petits travers, il faisait bon vivre sa vie d’adolescent en un tel lieu, d’y façonner son futur par une observation pointue de ce qui se passait autour de soi. Le comportement souvent fort étrange de nos adultes servant d’expérience et d’apprentissage de la vie. Une manière comme une autre de s’aguerrir aux réalités comme aux aléas inhérents à toutes cohabitations.
L’œil et l’oreille en permanents aguets, bien plus souvent amusés qu'attristés par la dernière mésaventure venue frapper l’un ou l’autre de nos concitoyens, nous les enfants, ne trouvions à vrai dire ici qu’un embarras de distractions. De quoi saturer en tout cas nos têtes par une accumulation pléthorique d’images et de scènes.
Il se trouvait sur place tout un bel éventail d’activités artisanales. Encore que pour la simple et bonne raison que personne ne pressait jamais personne dans l’accomplissement de tel ou tel ouvrage, jugeant beaucoup plus distrayant de passer un moment au café à consommer et à discuter de choses et d’autres, parfois aussi à s’engueuler pour un rien, aucun artisan ne trouvait de raison de se tuer à la tâche. Sauf peut être à certaines époques de l’année.
Car c’était bien là une caractéristique marquante de nos colons que d’attendre dans la plus complète indolence le dernier moment pour saturer notre brave ferronnier et notre non moins valeureux bourrelier de travaux, tous bizarrement frappés d’une même extrême urgence.
Contraints pour leur part de mener très paisiblement leurs train-train quotidien, nos commerçants quant à eux s’étaient depuis longtemps résigné à gagner leurs vies sans ne plus se bercer d’illusions. Les chalands ne se bousculant guère dans aucune des boutiques, chacun d’eux menait donc les choses au rythme de la fréquentation de son propre commerce.
Desservi par une gare ferroviaire, ce dont nous étions d’ailleurs assez fiers, la plupart des trains marquaient un arrêt.
Du point de vue administratif, le village pouvait en outre s’enorgueillir d’être doté d’un important établissement scolaire, d’un bureau des postes et qui plus est d’une gendarmerie. De même qu’il se trouvait tout près de la gare un complexe à grain, nos « docks silos » selon la désignation courante.
Et comment ne point faire état de la petite église. Construite certes d’un simple assemblage de planches revêtues d’une épaisse toile goudronnée, l’édifice n’en possédait pas moins son clocher. Les jours de messe, d’assommants tintements s’étendaient au plus loin des quatre pôles. Monsieur le curé venait y confesser un samedi après midi sur deux. Regagnant aussitôt son diocèse d’attache, il ne réapparaissait que le lendemain dimanche en matinée l’espace d’un simple office.
Cela étant, à longueur d’année, chacun vaquait librement à ses occupations épiant oh ! Très innocemment et à peine du coin de l’œil, ce qui se passait du côté du voisinage. Des fois qu’il y aurait à recueillir matière à alimenter les futurs entretiens de quelques frais cancans.
Lieu bénit aussi que l’incontournable comptoir du café où l’entrechoquement des verres avait ce don miraculeux d’atténuer sinon de gommer tout précédent. Des bruits cristallins qui vous traduisaient instantanément les animosités en débordements d’amitiés. Des faits et gestes qui ne s’apparentaient certes qu’à du pur enfantillage. Mais qu’importait ? L’essentiel n’était-il pas ce qui en pouvait résulter ?
Que l’on ne s’y trompe pourtant pas ; ceux que l’on voyait trinquer le matin d’une manière tout à fait fraternelle pouvaient tout aussi bien trouver toutes raisons de se tourner le dos l’après midi même.
Ainsi donc allaient les choses. Naviguant au gré des humeurs, dans des hauts et des bas d’ambiances, stagnant même parfois un peu trop dans un calme quelque peu lancinant. De ces rares quiétudes qui ne tardaient d’ailleurs jamais à exploser tels d’impétueux sursaut de colère latente.
Quoi qu’il en soit, en quelque endroit qu’on ait pu se trouver des quatre coins de ce village, tout jeune galopin de mon âge en quête de passe temps, n’éprouvait nulle difficulté à combler son ennui. Il ne suffisait pour cela que de savoir ouvrir tout grand ses yeux et ses oreilles. A toute heure, en tous lieux et tout au long de l’année un spectacle ubuesque, parfois aussi très attendrissant ne tardait jamais à naître en quelque endroit.
Et si aucun des protagonistes n’a jamais jugé de son devoir de libérer sa conscience un samedi après midi à l’oreille de monsieur le curé, grâce doit alors être rendue au comptoir du café plus qu’au confessionnal d’avoir mille fois accompli la même prouesse : celle d’un prompte rétablissement de l’une ou l’autre des harmonies chancelantes.
Mais que ne me suis-je encore appliqué à évoquer le rôle pourtant particulièrement prépondérant de la communauté des colons implantés tout alentour.
Tous avaient de plein gré adhéré aux règles tacites ou transcrites qui régissaient le fonctionnement administratif du village. Tous contribuaient de ce seul fait à l’émancipation et au renforcement de ses assises. Conscient cependant que chaque artisan et commerçant leur était grandement redevables, pas un d’entre ces colons ne se privait d’afficher un comportement quelque peu despotique.
C’était là l’un de leurs petits travers que de n’avoir su échapper à cette caractéristique propre à tous ceux qui savent qu’ils font le bien. Quoi qu’il en soit, liées l’une à l’autre par des intérêts communs, les deux communautés se devaient d’être tout aussi fermement soudées pour la sauvegarde du patrimoine collectif que constituait notre village.
Un grand nombre de ces propriétaires terriens arboraient certes ce même aspect bedonnant : le fameux œuf colonial qui les contraignait à porter de larges frocs retenus par de solides bretelles et par un épais ceinturon. Tous avaient de même en commun de ne savoir montrer d’outrancières largesses que dans les bistrots.
C’était les seuls endroits où avec un identique appétit d’étalage, se proposant résolument de régler les consommations, ils déposaient une pleine poignée de billets sur le marbre du comptoir. Des coupures qu’ils tiraient de l’une des poches du pantalon, se grisant de l’effet produit sur l’entourage prolétarien.
Quoi qu’il en soit, que serions-nous devenus sans la fréquence de leurs visites et sans l’activité qu’elles assuraient?
La critique est ouverte pour qui n'appréciera pas.
A bientôt le plaisir de vous retrouver tous
Amicalement
Lucien
Avant de m'absenter je vous propose un peu de lecture. Une description de village. Un village pas si imaginaire qu'on le supposerait.
Ce n’était à vrai dire qu’un petit village. Un village si dépourvu d’attraits que la plupart des visiteurs de passage n’y marquaient que de très brèves haltes, histoire de se désaltérer au Café du Centre ou de délasser un peu leurs membres dans un endroit tranquille. L’un de ces villages sans caractéristiques bien définissables, comme il s’en trouvait un peu partout disséminés au travers du pays. Avec cependant cette particularité peu commune ; une sorte d’exclusivité assez peu banale pour qui s’engageait pour une première fois sur la route qui y conduisait. Sa toute soudaine et surprenante apparition.
Tel un phénomène de mirage en lisière d’horizon, l’agglomération surgissait en effet très subitement. Ce qui ne manquait jamais de créer son effet.
Qui saurait dire ce qui, en des temps somme toute pas si lointains de la colonisation aura, plus qu’autre chose, présidé au choix d’un pareil endroit pour l’implantation de cette localité ? Quels vaillants pionniers avaient pu se résoudre à jeter l’ancre en ce lieu plutôt qu’ailleurs ?
Quel probable hasard aura tout bonnement conduits certains téméraires à s’implanter ici, au pied même du haut plateau qui surplombait les vastes étendues environnantes? Quels insensés défis auront incité ces défricheurs à planter en ces lieus mêmes les premières tentes, bravant assez déraisonnablement maintes hostilités.
Autant de questions qui ne se seront toutefois posées qu’à ceux qui, n’appréciant les choses qu’au travers de l’aridité trompeuse des espaces, ignoraient ce que l’endroit recelait de promesses. A commencer par la présence de cours d’eau. Sauvages et capricieux certes, ils n’en offraient pas moins toutes possibilité de domestication.
Un élément fort précieux pour des terres qui bénéficiaient d’un ensoleillement quasi continuel.
Toujours est-il, qu'alléchés par l’implantation assez massive de colons bénéficiaires de concessions de terres défrichables, artisans et commerçants n’avaient point tardé d’affluer à leur tour, leurs pas convergeant en un même lieu, celui qui leur parut le mieux approprié eu égard à l’implantation des défricheurs. S’improvisant souvent dans l’un ou l’autre des métiers qui à l’époque faisaient cruellement défaut, tous arrivaient, se berçant de lendemains tout à fait rayonnants.
Fort disparate certes ne parvenant que difficilement à tout concilier, à situer leurs terrains d’entente, à ne point empiéter sur les prérogatives d’un autre cela en dépit de durs moments d’adversités, ces nouveaux éclaireurs parvinrent néanmoins à établir leurs bases. Regroupés et unis dès lors pour ne plus agir que comme une entité indissociable, l’embryon de communauté des tous débuts ne cessa de grossir et d’affermir ainsi les assises d’un vrai village.
Deux villes d’importance assez semblable mais de spécificités fort distinctes, se situaient à des distances à peu près équivalentes de l’agglomération. Trop préoccupées à entretenir leurs propres rivalités économiques et culturelles, aucune de ces deux cités ne s’est jamais souciée, il faut bien en convenir, des problèmes du monde rural alentours.
De son côté, tout aussi étroitement si ce n’est grotesquement retranché dans un chauvinisme exacerbé, le village quant à lui ne sut lui non plus jamais trop se déterminer dans le choix de l’un ou l’autre des deux pôles encadrants. Selon les besoins ou l’habitude de chacun, l’on optait pour l’une ou pour l’autre des deux villes. Les horaires, le piètre confort, les lenteurs exaspérantes des tortillards pouvant tout aussi bien guider ce choix.
Que l’on se rassure. Devoir de solidarité oblige, jamais situation dramatique ne s’est avérée sans solution secourable ni sans son heureux dénouement.
Il va cependant sans dire qu’ici comme partout ailleurs, le bouche à oreille ne trouvait son plus bel essor que dans la divulgation de basses et parfois cruelles médisances. Mais ce même bouche à oreille savait tout aussi spontanément voler au secours des cas de désespérances les plus poignants. Balayant sans l’ombre d’une hésitation tout antécédent de rancœur, de touchant élans de cœur relayaient les viles mesquineries qui avaient pu être commises la veille même.
A ce point que personne n’aurait jamais pu prétendre affirmer qui était encore l’ami de qui, ni qui ne l’était plus, qui était en passe de réconciliation ou tout au contraire quels étaient ceux qui n’allaient plus tarder à se regarder en chien de faïence.
Qu’importe ces petits travers, il faisait bon vivre sa vie d’adolescent en un tel lieu, d’y façonner son futur par une observation pointue de ce qui se passait autour de soi. Le comportement souvent fort étrange de nos adultes servant d’expérience et d’apprentissage de la vie. Une manière comme une autre de s’aguerrir aux réalités comme aux aléas inhérents à toutes cohabitations.
L’œil et l’oreille en permanents aguets, bien plus souvent amusés qu'attristés par la dernière mésaventure venue frapper l’un ou l’autre de nos concitoyens, nous les enfants, ne trouvions à vrai dire ici qu’un embarras de distractions. De quoi saturer en tout cas nos têtes par une accumulation pléthorique d’images et de scènes.
Il se trouvait sur place tout un bel éventail d’activités artisanales. Encore que pour la simple et bonne raison que personne ne pressait jamais personne dans l’accomplissement de tel ou tel ouvrage, jugeant beaucoup plus distrayant de passer un moment au café à consommer et à discuter de choses et d’autres, parfois aussi à s’engueuler pour un rien, aucun artisan ne trouvait de raison de se tuer à la tâche. Sauf peut être à certaines époques de l’année.
Car c’était bien là une caractéristique marquante de nos colons que d’attendre dans la plus complète indolence le dernier moment pour saturer notre brave ferronnier et notre non moins valeureux bourrelier de travaux, tous bizarrement frappés d’une même extrême urgence.
Contraints pour leur part de mener très paisiblement leurs train-train quotidien, nos commerçants quant à eux s’étaient depuis longtemps résigné à gagner leurs vies sans ne plus se bercer d’illusions. Les chalands ne se bousculant guère dans aucune des boutiques, chacun d’eux menait donc les choses au rythme de la fréquentation de son propre commerce.
Desservi par une gare ferroviaire, ce dont nous étions d’ailleurs assez fiers, la plupart des trains marquaient un arrêt.
Du point de vue administratif, le village pouvait en outre s’enorgueillir d’être doté d’un important établissement scolaire, d’un bureau des postes et qui plus est d’une gendarmerie. De même qu’il se trouvait tout près de la gare un complexe à grain, nos « docks silos » selon la désignation courante.
Et comment ne point faire état de la petite église. Construite certes d’un simple assemblage de planches revêtues d’une épaisse toile goudronnée, l’édifice n’en possédait pas moins son clocher. Les jours de messe, d’assommants tintements s’étendaient au plus loin des quatre pôles. Monsieur le curé venait y confesser un samedi après midi sur deux. Regagnant aussitôt son diocèse d’attache, il ne réapparaissait que le lendemain dimanche en matinée l’espace d’un simple office.
Cela étant, à longueur d’année, chacun vaquait librement à ses occupations épiant oh ! Très innocemment et à peine du coin de l’œil, ce qui se passait du côté du voisinage. Des fois qu’il y aurait à recueillir matière à alimenter les futurs entretiens de quelques frais cancans.
Lieu bénit aussi que l’incontournable comptoir du café où l’entrechoquement des verres avait ce don miraculeux d’atténuer sinon de gommer tout précédent. Des bruits cristallins qui vous traduisaient instantanément les animosités en débordements d’amitiés. Des faits et gestes qui ne s’apparentaient certes qu’à du pur enfantillage. Mais qu’importait ? L’essentiel n’était-il pas ce qui en pouvait résulter ?
Que l’on ne s’y trompe pourtant pas ; ceux que l’on voyait trinquer le matin d’une manière tout à fait fraternelle pouvaient tout aussi bien trouver toutes raisons de se tourner le dos l’après midi même.
Ainsi donc allaient les choses. Naviguant au gré des humeurs, dans des hauts et des bas d’ambiances, stagnant même parfois un peu trop dans un calme quelque peu lancinant. De ces rares quiétudes qui ne tardaient d’ailleurs jamais à exploser tels d’impétueux sursaut de colère latente.
Quoi qu’il en soit, en quelque endroit qu’on ait pu se trouver des quatre coins de ce village, tout jeune galopin de mon âge en quête de passe temps, n’éprouvait nulle difficulté à combler son ennui. Il ne suffisait pour cela que de savoir ouvrir tout grand ses yeux et ses oreilles. A toute heure, en tous lieux et tout au long de l’année un spectacle ubuesque, parfois aussi très attendrissant ne tardait jamais à naître en quelque endroit.
Et si aucun des protagonistes n’a jamais jugé de son devoir de libérer sa conscience un samedi après midi à l’oreille de monsieur le curé, grâce doit alors être rendue au comptoir du café plus qu’au confessionnal d’avoir mille fois accompli la même prouesse : celle d’un prompte rétablissement de l’une ou l’autre des harmonies chancelantes.
Mais que ne me suis-je encore appliqué à évoquer le rôle pourtant particulièrement prépondérant de la communauté des colons implantés tout alentour.
Tous avaient de plein gré adhéré aux règles tacites ou transcrites qui régissaient le fonctionnement administratif du village. Tous contribuaient de ce seul fait à l’émancipation et au renforcement de ses assises. Conscient cependant que chaque artisan et commerçant leur était grandement redevables, pas un d’entre ces colons ne se privait d’afficher un comportement quelque peu despotique.
C’était là l’un de leurs petits travers que de n’avoir su échapper à cette caractéristique propre à tous ceux qui savent qu’ils font le bien. Quoi qu’il en soit, liées l’une à l’autre par des intérêts communs, les deux communautés se devaient d’être tout aussi fermement soudées pour la sauvegarde du patrimoine collectif que constituait notre village.
Un grand nombre de ces propriétaires terriens arboraient certes ce même aspect bedonnant : le fameux œuf colonial qui les contraignait à porter de larges frocs retenus par de solides bretelles et par un épais ceinturon. Tous avaient de même en commun de ne savoir montrer d’outrancières largesses que dans les bistrots.
C’était les seuls endroits où avec un identique appétit d’étalage, se proposant résolument de régler les consommations, ils déposaient une pleine poignée de billets sur le marbre du comptoir. Des coupures qu’ils tiraient de l’une des poches du pantalon, se grisant de l’effet produit sur l’entourage prolétarien.
Quoi qu’il en soit, que serions-nous devenus sans la fréquence de leurs visites et sans l’activité qu’elles assuraient?
La critique est ouverte pour qui n'appréciera pas.
A bientôt le plaisir de vous retrouver tous
Amicalement
Lucien
Lucien Calatayud- Messages : 5485
Date d'inscription : 22/10/2010
Age : 94
Localisation : Bouniagues (Dordogne)
Un plaisir ce recit
Bonjour Lucien - Super cette description de ton petit village que je ne me permetrais jamais de critiquer car je l'ai aime et lu avec un tres grand plaisir. Merci - Bonne journee.
Ghislaine Jousse-Veale- Messages : 12842
Date d'inscription : 18/10/2010
Age : 84
Localisation : Vancouver, Colombie Britannique
Re: Mémoires du "bled" durant le Protectorat
LUCIEN, mon ami....
Je reprends ton propos...: "La critique est ouverte pour qui n'appréciera pas."
Tu as bien dit...: ...pour qui n'appréciera pas. ....ok...???
Donc, que ceux qui apprécient se taisent...!!! Est ce comme cela qu'il faut l'entendre...???
Mais non , bien sûr... Je commence à te connaître...Comment est ce qu'un quelquonque quidam de chez nous pourrait porter une critique à ce petit récit farci de touches sensibles et d'images agréablement dépeintes...???
Savoir décrire la vie au quotidien, définir des sensations et peindre l'atmosphère de ce petit village inconnu avec autant de maestria et des mots simples, n'est pas permis à tout le monde... Alors, on te lit , LUCIEN, et on attend le tableau suivant...
Un jugement...??? Qui pourrait se targuer d'en porter un sur cet ouvrage, à moins d'être capable de faire mieux...???
Apparemment, ton petit village devait vivre (ou vivoter...???) à l’écart des grandes routes, dans la plus grande tranquillité, loin de l’agitation des grandes villes. Il faut souhaiter à présent, que peu de ses habitants ont déserté ce village. Si c'est le cas,il faut espérer alors qu'ils soient souvent pris par la nostalgie de ses murs et de ses près, et qu'ils reviennent sur les lieux de leur enfance...
Ah, LUCIEN...J'ai oublié...: la critique est aisée, mais l'art est difficile...(c'est Boileau, pas celui de la Fontaine, qui a écrit cela...)
Je reprends ton propos...: "La critique est ouverte pour qui n'appréciera pas."
Tu as bien dit...: ...pour qui n'appréciera pas. ....ok...???
Donc, que ceux qui apprécient se taisent...!!! Est ce comme cela qu'il faut l'entendre...???
Mais non , bien sûr... Je commence à te connaître...Comment est ce qu'un quelquonque quidam de chez nous pourrait porter une critique à ce petit récit farci de touches sensibles et d'images agréablement dépeintes...???
Savoir décrire la vie au quotidien, définir des sensations et peindre l'atmosphère de ce petit village inconnu avec autant de maestria et des mots simples, n'est pas permis à tout le monde... Alors, on te lit , LUCIEN, et on attend le tableau suivant...
Un jugement...??? Qui pourrait se targuer d'en porter un sur cet ouvrage, à moins d'être capable de faire mieux...???
Apparemment, ton petit village devait vivre (ou vivoter...???) à l’écart des grandes routes, dans la plus grande tranquillité, loin de l’agitation des grandes villes. Il faut souhaiter à présent, que peu de ses habitants ont déserté ce village. Si c'est le cas,il faut espérer alors qu'ils soient souvent pris par la nostalgie de ses murs et de ses près, et qu'ils reviennent sur les lieux de leur enfance...
Ah, LUCIEN...J'ai oublié...: la critique est aisée, mais l'art est difficile...(c'est Boileau, pas celui de la Fontaine, qui a écrit cela...)
_________________
Amicalement - André Langlois (Jimmy)
Re: Mémoires du "bled" durant le Protectorat
DRAME A LA FERME
J'étais en activité dans le sud. Ceci m'a été rapporté par mes parents.
La belle-mère du patron était venue de BOUGIE (Algérie) pour un séjour chez sa fille. Dans la buanderie attenante au corps de la ferme, cette brave dame s'était mise, aidée par une employée marocaine de la ferme, à nettoyer du linge avec de l'essence. La buanderie était probablement mal aérée. Que s'est-il passé, nul ne le sait. L'essence s'est enflammée et les deux femmes ont été très grièvement brûlées.
Elles sont décédées dans les deux ou trois jours qui ont suivi bien qu'ayant été transportées le plus rapidement possible à Meknès, chez CORNETTE. Il n'y avait rien pour les grands brûlés (et je ne sais pas s'il y a au Maroc actuellement une structure pouvant traiter ce type d'accident comme nous en avons à Lyon).
L'employée marocaine était veuve et laissait deux jeunes garçons (Hmida et Ali). Le patron les a pris sous son aile et les a élevés jusqu'à leur majorité. Dès qu'ils ont été en âge de travailler ils ont été employés à la ferme. Je me souviens d'eux car à chaque période de vacances je revenais à la ferme. Ils avaient attrapé la teigne et ils étaient traités en conséquence: caillou rasé + soins. Au bout de quelques mois ils avaient acquis une chevelure saine et frisée. Ils avaient de beaux vêtements et étaient un peu jalousés par les autres ouvriers qui voyaient là une sorte de discrimination. Mais le fait d'être orphelins doubles ce qui était su de tous n'entraînait pas de propos véhéments.
En 1965 les terres de colonisation ayant été reprises il a fallu partir, quitter le Maroc avec le coeur bien gros. C'est alors que le patron et sa famille, comme mes parents, se sont repliés sur la France.
Depuis je n'ai plus eu de nouvelles de ces deux orphelins.
J'étais en activité dans le sud. Ceci m'a été rapporté par mes parents.
La belle-mère du patron était venue de BOUGIE (Algérie) pour un séjour chez sa fille. Dans la buanderie attenante au corps de la ferme, cette brave dame s'était mise, aidée par une employée marocaine de la ferme, à nettoyer du linge avec de l'essence. La buanderie était probablement mal aérée. Que s'est-il passé, nul ne le sait. L'essence s'est enflammée et les deux femmes ont été très grièvement brûlées.
Elles sont décédées dans les deux ou trois jours qui ont suivi bien qu'ayant été transportées le plus rapidement possible à Meknès, chez CORNETTE. Il n'y avait rien pour les grands brûlés (et je ne sais pas s'il y a au Maroc actuellement une structure pouvant traiter ce type d'accident comme nous en avons à Lyon).
L'employée marocaine était veuve et laissait deux jeunes garçons (Hmida et Ali). Le patron les a pris sous son aile et les a élevés jusqu'à leur majorité. Dès qu'ils ont été en âge de travailler ils ont été employés à la ferme. Je me souviens d'eux car à chaque période de vacances je revenais à la ferme. Ils avaient attrapé la teigne et ils étaient traités en conséquence: caillou rasé + soins. Au bout de quelques mois ils avaient acquis une chevelure saine et frisée. Ils avaient de beaux vêtements et étaient un peu jalousés par les autres ouvriers qui voyaient là une sorte de discrimination. Mais le fait d'être orphelins doubles ce qui était su de tous n'entraînait pas de propos véhéments.
En 1965 les terres de colonisation ayant été reprises il a fallu partir, quitter le Maroc avec le coeur bien gros. C'est alors que le patron et sa famille, comme mes parents, se sont repliés sur la France.
Depuis je n'ai plus eu de nouvelles de ces deux orphelins.
Grostefan Alain- Messages : 14146
Date d'inscription : 03/11/2010
Age : 87
Localisation : Talence 33400
Re: Mémoires du "bled" durant le Protectorat
Alain
As-tu su comment les deux orphelins ont été soignés? Ceux que j'ai connus avaient un remède assez surprenant tant par sa composition que par son efficacité.Je te laisse deviner ou mieux, le dire.
Amicalement
Lucien
As-tu su comment les deux orphelins ont été soignés? Ceux que j'ai connus avaient un remède assez surprenant tant par sa composition que par son efficacité.Je te laisse deviner ou mieux, le dire.
Amicalement
Lucien
Lucien Calatayud- Messages : 5485
Date d'inscription : 22/10/2010
Age : 94
Localisation : Bouniagues (Dordogne)
le petit village
Salut Lucien, André et Ghislaine
Lucien, un ami cher qui nous veut du bien à tous vient de me dire pas plus tard qu'aujourd'hui devant la mer et un verre de rosé SI SI .. vas-y lire la rubrique à Lucien sur son petit village, tu verras tu ne le regretterras pas...
En effet Lucien, si je ne suis pas venu ici plus tôt c'est que j'étais fort occupé ces temps-ci par mon adjudant chef secrétaire qui m'a embauché à plein temps : " fais-ci, fais ça, et alors tu n'as pas encore taillé l'herbe, et les arbres que je t'avais demandé d'élaguer, et la murette que je t'avais dit de repeindre ? cela devrait être fait avant de commander, " tu sais comment sont les femmes ! ... .
Alors ton petit village il me plait bien, j'ai l'impression de le connaître, d'y être déjà passé plusieurs fois et de m'y être arrêté chez les colons avec ma famille dans ma jeunesse lorsque nous habitions tous ce pays qui n'existe plus mais qui m'a tant de fois fait rêver et restera à tout jamais gravé dans ma mémoire.
Lucien, je te remercie infiniment et ce n'est pas parce que je viens te dire juste un petit mot que je n'apprécie pas ces pages mais tout au contraire la lecture d'une partie de ton oeuvre m'a ravi, j'ai le coeur meurtri par l'absence de mon petit village à moi. Nous avons tous un petit village dans notre mémoire de déraciné.
Très cordialement
René libre dans sa tête...
Lucien, un ami cher qui nous veut du bien à tous vient de me dire pas plus tard qu'aujourd'hui devant la mer et un verre de rosé SI SI .. vas-y lire la rubrique à Lucien sur son petit village, tu verras tu ne le regretterras pas...
En effet Lucien, si je ne suis pas venu ici plus tôt c'est que j'étais fort occupé ces temps-ci par mon adjudant chef secrétaire qui m'a embauché à plein temps : " fais-ci, fais ça, et alors tu n'as pas encore taillé l'herbe, et les arbres que je t'avais demandé d'élaguer, et la murette que je t'avais dit de repeindre ? cela devrait être fait avant de commander, " tu sais comment sont les femmes ! ... .
Alors ton petit village il me plait bien, j'ai l'impression de le connaître, d'y être déjà passé plusieurs fois et de m'y être arrêté chez les colons avec ma famille dans ma jeunesse lorsque nous habitions tous ce pays qui n'existe plus mais qui m'a tant de fois fait rêver et restera à tout jamais gravé dans ma mémoire.
Lucien, je te remercie infiniment et ce n'est pas parce que je viens te dire juste un petit mot que je n'apprécie pas ces pages mais tout au contraire la lecture d'une partie de ton oeuvre m'a ravi, j'ai le coeur meurtri par l'absence de mon petit village à moi. Nous avons tous un petit village dans notre mémoire de déraciné.
Très cordialement
René libre dans sa tête...
René Hermitte- Messages : 1403
Date d'inscription : 19/10/2010
Age : 77
Localisation : Toulon La Valette
Re: Mémoires du "bled" durant le Protectorat
LUCIEN
Oui mon ami, tu penses bien. Qu'importe la viscosité, que ce soit de la 15w40 ou autre, mais surtout ayant déjà servi car son efficacité est alors maximum!
Quant à la valvoline elle servait de glu pour attraper les piafs et les chardonnerets, n'est-ce pas?
Amitiés
Alain
Oui mon ami, tu penses bien. Qu'importe la viscosité, que ce soit de la 15w40 ou autre, mais surtout ayant déjà servi car son efficacité est alors maximum!
Quant à la valvoline elle servait de glu pour attraper les piafs et les chardonnerets, n'est-ce pas?
Amitiés
Alain
Grostefan Alain- Messages : 14146
Date d'inscription : 03/11/2010
Age : 87
Localisation : Talence 33400
Re: Mémoires du "bled" durant le Protectorat
LUCIEN
Voilà une sacrée tirade comme il était dit pour nos classiques. Mes pauvres yeux ont souffert à te lire mais quel régal que ta prose. Tu multiplies à souhait les adjectifs qualificatifs qui donnent vie et précision à ton récit.
Ton côté mystérieux nous laisse sur notre faim.
"Le petit village" n'est pas nommé. Mais sa description détaillée et sa position de quasi équidistance par rapport à deux grandes villes peuvent laisser supposer qu'il s'agit du village cher à mon coeur, celui de mon enfance. Cependant il peut s'agir également de tout autre village, situé dans le Gharb par exemple. Nous attendons la suite pour connaître le mot de la fin.
Amitiés
Alain
Voilà une sacrée tirade comme il était dit pour nos classiques. Mes pauvres yeux ont souffert à te lire mais quel régal que ta prose. Tu multiplies à souhait les adjectifs qualificatifs qui donnent vie et précision à ton récit.
Ton côté mystérieux nous laisse sur notre faim.
"Le petit village" n'est pas nommé. Mais sa description détaillée et sa position de quasi équidistance par rapport à deux grandes villes peuvent laisser supposer qu'il s'agit du village cher à mon coeur, celui de mon enfance. Cependant il peut s'agir également de tout autre village, situé dans le Gharb par exemple. Nous attendons la suite pour connaître le mot de la fin.
Amitiés
Alain
Grostefan Alain- Messages : 14146
Date d'inscription : 03/11/2010
Age : 87
Localisation : Talence 33400
Re: Mémoires du "bled" durant le Protectorat
Salut les amis(es)
Chacun de nous a dans sa tête son petit village. Un village souvent imaginaire. La description que je me suis permis de faire du mien devrait pourtant guider certains du bon côté. Et tout me laise croire que notre ami Alain a parfaitement reconnu celui dont je parle. Je fouillerai dans l'ouvrage qui comporte quelques 250 pages pour tenter d'en extraire encore quelque chose à poster espérant ne pas vous décevoir. Mais étant à Nancy, j'attendrais d'être de retour chez moi pour m'y mettre.
Merci en tout cas les amis pour vos encouragements.
Amicalement
Lucien
Chacun de nous a dans sa tête son petit village. Un village souvent imaginaire. La description que je me suis permis de faire du mien devrait pourtant guider certains du bon côté. Et tout me laise croire que notre ami Alain a parfaitement reconnu celui dont je parle. Je fouillerai dans l'ouvrage qui comporte quelques 250 pages pour tenter d'en extraire encore quelque chose à poster espérant ne pas vous décevoir. Mais étant à Nancy, j'attendrais d'être de retour chez moi pour m'y mettre.
Merci en tout cas les amis pour vos encouragements.
Amicalement
Lucien
Lucien Calatayud- Messages : 5485
Date d'inscription : 22/10/2010
Age : 94
Localisation : Bouniagues (Dordogne)
LUCIEN..
UN SEUL MOT ..... MERCI......
HUGUETTE ROMERO- Messages : 3960
Date d'inscription : 27/10/2010
Age : 81
Localisation : PONTAULT COMBAULT 77
IL ETAIT UN VILLAGE
Merci LUCIEN pour cette description de ton village ,je crois que tout le monde a connu ou entendu parler de ceux du bled qui bien loin de ces villes ont travaillés dur sur leurs terres avec les soucis quotidiens de toutes les familles ,le petit dernier qui a la rougeole ,la pompe qu'il faut remettre en état ,tant de travaux a faire et le temps passe si vite ,le temps justement qui est a l'orage ......non la grèle est tombé plus loin ...ouf .
Je crois que ton petit village se trouve entre Meknès et Fès ou alors vers Ain Taoujd.......
Ce récit me fait penser qu'il y avait de la vie au bled .
Jean-claude Brotons- Messages : 749
Date d'inscription : 18/03/2011
Localisation : LYON
le petit village
Salut à tous
Ain Taoujdate Ain Taoujdate, il n'y a pas que Ain Taoujdate dans la région .
Il y avait aussi Boufekrane, Hadj Kaddour, El Hajeb, j'en passe et des meilleurs...
Nooooon, je rigole avec ça...
Jean-Claude, toi tu as la chance d'avoir Ecully, Tassin, Limonest, L'Arbresle au Nord,
Saint Genis, Brignais, Oullins Brignais au Sud,
Rillieux, Sathonay à L'est... :lol!:
Je pense souvent à ces petits villages français de la région lyonnaise de l'aprés Meknès... ...
Ain Taoujdate Ain Taoujdate, il n'y a pas que Ain Taoujdate dans la région .
Il y avait aussi Boufekrane, Hadj Kaddour, El Hajeb, j'en passe et des meilleurs...
Nooooon, je rigole avec ça...
Jean-Claude, toi tu as la chance d'avoir Ecully, Tassin, Limonest, L'Arbresle au Nord,
Saint Genis, Brignais, Oullins Brignais au Sud,
Rillieux, Sathonay à L'est... :lol!:
Je pense souvent à ces petits villages français de la région lyonnaise de l'aprés Meknès... ...
René Hermitte- Messages : 1403
Date d'inscription : 19/10/2010
Age : 77
Localisation : Toulon La Valette
Le petit village
René ,au moins huit de ces petits villages de la région Lyonnaise que tu vient de décrire sont devenus des villes a part entière ,la nostalgie de notre Meknès est identique ici ,les années passent et les villages changent ,adieu les épiceries et autres drogueries ,cordonniers et autres commerces qui faisait tout le charme d'un village ,ne parlons pas du chant du coq ,ils prennent que des poules qui bien sur ne chantent pas ou alors bien faiblement ,autrement cela se termine devant les tribunaux .
J'ai l'occasion de fréquenter régulièrement des paysans ,cela me rappelle " le pays " , " le bled " ,leur vie a bien changé ....
Jean-claude Brotons- Messages : 749
Date d'inscription : 18/03/2011
Localisation : LYON
Re: Mémoires du "bled" durant le Protectorat
Bonjour - Jean-Claude - Rene - C'est vrai les villages changent petit a petit, meme ici, mais Jean-Claude je peux t'envoyer le coq que j'ai au bout de la route rurale ou j'habite. Ah bon ca se termine aux tribunaux a cause du coq qui reveille??? De toutes les facons je prefere le son du coq le matin que le trafic des voitures, les sirenes des ambulances etc.. et la raison pour laquelle je vis dans un petit village loin des grandes villes - Lucien - Donc nous attendons ton retour a la maison.
Ghislaine Jousse-Veale- Messages : 12842
Date d'inscription : 18/10/2010
Age : 84
Localisation : Vancouver, Colombie Britannique
Re: Mémoires du "bled" durant le Protectorat
GHISLAINE
Le coq du village, il y en a un dans chaque village en général mais c'est pas toujours un coq couvert de plumes. C'est souvent un coureur de jupons.]
Amicalement
Alain
Le coq du village, il y en a un dans chaque village en général mais c'est pas toujours un coq couvert de plumes. C'est souvent un coureur de jupons.]
Amicalement
Alain
Grostefan Alain- Messages : 14146
Date d'inscription : 03/11/2010
Age : 87
Localisation : Talence 33400
Re: Mémoires du "bled" durant le Protectorat
Bonjour tout le monde
Ce qui fait surtout plaisir c'est de constater qu'il ne suffit que d'une amorce d'histoire pour réveiller les nostalgies de chacun. Il n'y a d'ailleurs que des déracinés pour réagir de la sorte. La diaspora des pieds noirs; on en parle moins que de celle dont la bible fait état mais, n'a-t-elle pas semé elle aussi ses maux si ce n'est ses malheurs?
Je remarque que notre professeur de français Christiane n'a pas réagi. Aurait-elle quelques scrupules à annoncer la note du devoir? Pas d'hésitation ma chère Chrtistiane, au lycée, exception faite de la 6ème, je faisais le désespoir de mes profs. Principalement en classe de français dont certains se demandaient si je ne me moquais pas d'eux.
Amicalement
Lucien
Ce qui fait surtout plaisir c'est de constater qu'il ne suffit que d'une amorce d'histoire pour réveiller les nostalgies de chacun. Il n'y a d'ailleurs que des déracinés pour réagir de la sorte. La diaspora des pieds noirs; on en parle moins que de celle dont la bible fait état mais, n'a-t-elle pas semé elle aussi ses maux si ce n'est ses malheurs?
Je remarque que notre professeur de français Christiane n'a pas réagi. Aurait-elle quelques scrupules à annoncer la note du devoir? Pas d'hésitation ma chère Chrtistiane, au lycée, exception faite de la 6ème, je faisais le désespoir de mes profs. Principalement en classe de français dont certains se demandaient si je ne me moquais pas d'eux.
Amicalement
Lucien
Lucien Calatayud- Messages : 5485
Date d'inscription : 22/10/2010
Age : 94
Localisation : Bouniagues (Dordogne)
Re: Mémoires du "bled" durant le Protectorat
Bonjour - Alain - on a ce genre aussi dans mon charmant petit village de Ladner
Ghislaine Jousse-Veale- Messages : 12842
Date d'inscription : 18/10/2010
Age : 84
Localisation : Vancouver, Colombie Britannique
Il était un village
Ghislaine ,garde ton coq ,c'est tout le charme d'un village ,cela vaut tout le bruit de la circulation ,les pompiers ,police et autres marchands de glaces ,je préfère " la poule au pot " comme un certain Roi .
Alain ,ces coqs déplumés sont donc a poils .
Lucien ,je crois que nous sommes la tribu " des derniers Mohicans " et a ce titre en voie de disparition ,j'espère que notre professeur de Français seras tolérante avec mes fotes d'otographes ,je regardais plus souvent a travers les fenètres .
Jean-claude Brotons- Messages : 749
Date d'inscription : 18/03/2011
Localisation : LYON
Re: Mémoires du "bled" durant le Protectorat
Jean Claude, mon compétiteur de fôtes
Heureusement qu'un braves type a eu la riche idée de créer un dico et un autre une grammaire. J'y ai passé plus de temps qu'à rédiger mes mémoires. Et l'on nous bassine avec les travaux d'Hercule! Y'en a j'vous jure!!
Amitiés Lucien
Heureusement qu'un braves type a eu la riche idée de créer un dico et un autre une grammaire. J'y ai passé plus de temps qu'à rédiger mes mémoires. Et l'on nous bassine avec les travaux d'Hercule! Y'en a j'vous jure!!
Amitiés Lucien
Lucien Calatayud- Messages : 5485
Date d'inscription : 22/10/2010
Age : 94
Localisation : Bouniagues (Dordogne)
Il était un village
Lucien je ne ferais certainement pas un concours d'orthographe avec toi ,je serais perdant ,toute mes félicitations pour le récit de ton village ,on s'y croirait .
Il n'y a pas longtemps j'ai fait refaire ma carte d'identité ,la jeune fille en face de moi a commencée a me demander " c'est quel département le 99 " .....Maroc j'ai répondu ......mais c'est pas possible que vous ayez une carte d'identité Française ,le Maroc ...vous etes donc Marocain .....
Commençant a m'énerver je lui ai raconté que je faisais parti d'une tribu en voie de disparition et a ce titre devait etre protégé ,elle s'est empressé d'aller voir son chef de service ,heureusement étant ancien militaire il a tout de suite compris et a dit a sa secrétaire " prenez ses papiers et faite le nécessaire vers la préfecture " .
Avant de partir la secrétaire m'as demandé " vous faites parti d'une tribu en voie de disparition " ,au bord de la crise de fou rire j'ai dit " tout a fait mademoiselle " ,plus tard j'ai appris que cette jeune fille avait le bac + 4 ,sans doute n'avait elle jamais voyagé ,manque d'expérience .
Jean-claude Brotons- Messages : 749
Date d'inscription : 18/03/2011
Localisation : LYON
Re: Mémoires du "bled" durant le Protectorat
Bonjour Jean-Claude - On en a des comme ca ici aussi, ie..pour faire certaines paperasses ou il a marque ma date et lieu de naissance, invariablement la personne au bureau lisant Morocco, me demande si j'ai connu la Princesse Grace Kelly, je ne blague pas....ahahah
Ghislaine Jousse-Veale- Messages : 12842
Date d'inscription : 18/10/2010
Age : 84
Localisation : Vancouver, Colombie Britannique
Re: Mémoires du "bled" durant le Protectorat
AÏN-TAOUJDATE
Comme dit RENE il n'y a pas que Aïn-Taoujdate.[b]
Mais il est bon de le faire connaître, ne serait-ce qu'à travers des photos. Celle-ci est nouvelle pour moi car je ne la connaissais pas. Ce fourgon que vous voyez se trouve devant la boucherie. Le propriétaire (le boucher : M. PUGET) sen servait notamment pour aller faire des projections de films tant à El-Hajeb, qu'à Sebâa-Âïoun et bien sûr dans "mon" village.
Eh bien c'est en revenant un soir de Sebâa-Âïoun que ce pauvre homme s'est tué en se renversant dans un minuscule oued. Il a laissé une veuve avec deux filles. Figurez-vous que nous (les taoujdatis) n'avions plus de leurs nouvelles.
Or je viens de retrouver la cadette et par voie de conséquence , son aînée. Comment? Par internet via un site de pied-noirs d'Algérie où j'avais laissé une trace en recherchant ma famille. Un lecteur s'était arrêté sur mon nom car c'était un cousin de la famille PUGET et il avait beaucoup entendu parler de nous (ma famille).
Comme dit RENE il n'y a pas que Aïn-Taoujdate.[b]
Mais il est bon de le faire connaître, ne serait-ce qu'à travers des photos. Celle-ci est nouvelle pour moi car je ne la connaissais pas. Ce fourgon que vous voyez se trouve devant la boucherie. Le propriétaire (le boucher : M. PUGET) sen servait notamment pour aller faire des projections de films tant à El-Hajeb, qu'à Sebâa-Âïoun et bien sûr dans "mon" village.
Eh bien c'est en revenant un soir de Sebâa-Âïoun que ce pauvre homme s'est tué en se renversant dans un minuscule oued. Il a laissé une veuve avec deux filles. Figurez-vous que nous (les taoujdatis) n'avions plus de leurs nouvelles.
Or je viens de retrouver la cadette et par voie de conséquence , son aînée. Comment? Par internet via un site de pied-noirs d'Algérie où j'avais laissé une trace en recherchant ma famille. Un lecteur s'était arrêté sur mon nom car c'était un cousin de la famille PUGET et il avait beaucoup entendu parler de nous (ma famille).
Grostefan Alain- Messages : 14146
Date d'inscription : 03/11/2010
Age : 87
Localisation : Talence 33400
Re: Mémoires du "bled" durant le Protectorat
Alain
Je ne reconnais absolument pas le coin. La boucherie de Mr Pujet se trouvait tout à côté de la bourrellerie de Mr Garcia, en face de l'épicerie et de la gendarmerie qui étaient attenantes de l'autre côté de la route. Mme Darlet (Café du centre) et Mr Pujet n'étaient-ils pas frère et soeur?
Amitiés Lucien
Je ne reconnais absolument pas le coin. La boucherie de Mr Pujet se trouvait tout à côté de la bourrellerie de Mr Garcia, en face de l'épicerie et de la gendarmerie qui étaient attenantes de l'autre côté de la route. Mme Darlet (Café du centre) et Mr Pujet n'étaient-ils pas frère et soeur?
Amitiés Lucien
Lucien Calatayud- Messages : 5485
Date d'inscription : 22/10/2010
Age : 94
Localisation : Bouniagues (Dordogne)
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