Meknès, Au Roi de la Bière
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Mémoires du "bled" durant le Protectorat

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Mémoires du "bled" durant le Protectorat - Page 6 Empty Re: Mémoires du "bled" durant le Protectorat

Message  Grostefan Alain Mar 27 Mar - 10:40

ANDRE - GHISLAINE
Pas de doute là-dessus. En France ça aurait fait du foin. Il faut savoir qu'au Maroc il n'y a pas de sécurité sociale. Déjà bien que le dispensaire l'ait soigné gratuitement parce que j'étais là. Sinon il aurait peut-être été amené à mettre la main au porte-monnaie.
Pour entrer en clinique actuellement là-bas il faut avancer les sous avant d'entrer pour y être soigné.
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Message  Grostefan Alain Mar 27 Mar - 17:46

En slip…

Vous n’êtes pas sans savoir que dans une cave (ancienne, en l’occurrence celle d’Aïn-Taoujdate) le raisin arrivant par remorques ou camions est déversé dans une fosse appelée conquet. Au fond de ce conquet se trouve une vis sans fin qui entraîne le raisin vers une chaine à godets qui remonte le raisin et le déverse dans un fouloir-égrappoir chargé de séparer les grains de raisin de leurs supports appelés rafles. Ensuite les grains avec leur jus sont expédiés par une pompe vers les cuves  où va se produire la  fermentation.

Mon propos du jour porte sur cette sacrée chaîne à godets. Figurez-vous qu’il lui arrive de “sauter” soit parce qu’un maillon s’est brisé, soit qu’elle a sauté comme le ferait une chaîne de vélo.  Et alors là, pas facile de rétablir la situation. D’abord personne sous la main pour réparer. N’oublions pas que le conquet est plein de raisin et de jus. Il faut immédiatement arrêter l’arrivée du raisin et pour ce, mettre en attente remorques et camions et par voie de conséquence, arrêter les coupeurs dans les vignes ce qui met en rage les proprétaires (tout raisin entré en cave est à l’abri des intempéries possibles…la grêle). Il faut dégager la base de la chaine à godets. Facile: plusieurs ouvriers munis de fourches renvoient le raisin dans le conquet du côté opposé à la chaîne. Mais le jus de raisin lui, est bien là sur une hauteur d’un mètre environ. Et il faut aller à la pêche aux maillons. Là, pas un ouvrier apte à faire ce travail de raccordement de la chaîne et sa mise en place sur les pignons qui l’entraînent.

Alors devinez qui va se “baigner” au milieu des guêpes et des abeilles soucieuses de s’approvisionner  ? Alain bien sûr mais pas tout seul. Avec le patron (M. ISMAN que Jacqueline connaît). N’ayant pas de maillot de bain c’est en slip que nous nous sommes attelés à la besogne. Nous avions ri tout en en bavant car nous opérions à l’aveuglette.  Nous avons eu droit à quelques piqûres qui ont fait râler M. ISMAN qui redoutait particulièrement cela.

Une fois les choses rentrées dans l’ordre au bout de pas mal de temps, nous sommes allés nous doucher au restaurant chez “SAUNAL” (frère de celui qui tenait la charcuterie au marché central de Meknès). C’est là aussi que je prenais mes repas. Et nous avons bu une bonne bière bien fraîche.
Voilà encore une anecdote vécue dans cette cave. En espérant qu’elle ne vous a pas trop ennyé(e)s

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Message  Grostefan Alain Mar 3 Avr - 10:31

Le Corbeau et TOUERTO.


Cette histoire se passe à la ferme et non plus à la cave. Je devais avoir  15 ans. Pendant les vacances de courte durée je me promenais toujours avec la carabine 6mm offerte par mes parents( pour l’obtention du BEPC) à la recherche d’un gibier potentiel.
Un ouvrier de la ferme qui s’occupait des écuries était borgne d’où son surnom de TOUERTO (les hispanophones reconnaîtront ce mot). Un jour, sachant que je chassais, il me dit ceci : “tu sais, si tu peux me tuer un corbeau, tu me rendrais un grand, très grand service. C’est pour rendre la vue à mon oeil manquant. En effet, le fiel du corbeau possède cette vertu. Mais attention, si le corbeau te voit le mettre en joue, il se mange le fiel”.

Je ne lui ai pas dit que je ne croyais en rien cette histoire d’un autre monde. Et pour lui démontrer qu’il se gourrait totalement j’ai accédé à sa demande. Nous avions un couple de grands corbeaux qui vivait du côté des fils à haute tension traversant la ferme au niveau du vignoble. Je m’étais planqué sous un pied de vigne très feuillu. Quand l’un des corbeaux s’est posé je l’ai ajusté avec une “22 courte”, pas une ”bosquette”, pour être sûr de l’avoir. Le pauvre oiseau est tombé  raide mort. Je l’ai mis dans la musette et je l’ai porté à TOUERTO qui m’a remercié vivement.

Qu’en a-t-il été au final ? Eh bien je me suis pris une engueulade mémorable par le patron. De bonnes langues sont allées lui rapporter la chose (il y a toujours un “chekkem” (rapporteur) dans une ferme). Mon père ne m’a pas félicité non plus.

Quant à TOUERTO il est demeuré borgne bien qu’ayant trouvé intacte la vésicule biliaire du volatile.
J’ai regretté ensuite d’avoir abattu ce corbeau car j’ignorais jusque là que ces grands corbeaux (appelés “freux”) vivent en couples unis pour la vie. Et moi j'avais fait un veuf ou une veuve... Embarassed
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Message  HUGUETTE ROMERO Mar 3 Avr - 18:29

ALAIN .....MERCI.POUR CETTE PETITE ANECDOTE .... JE VOIS QUE TU ETAIS UN TRES BON TIREUR.
BRAVO.

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Message  Admin Mar 3 Avr - 18:37

ALAIN.....

T'en n'as pas d'autres à raconter...???

Cherche bien...!!! Merci pour le bon moment passé.

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Message  MOLL Serge Mer 4 Avr - 0:22

Huguette,
Effectivement Alain était un bon tireur,mais à cet âge-là qui ne l'étaitt pas? Mais Lucky Luke était encore plus fort que lui,il tirait plus vite que son ombre
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Message  Grostefan Alain Mer 4 Avr - 10:07

SERGE
On ne peut pas être et avoir été. Maintenant avec ma cataracte je raterais une vache dans un couloir!
cheers
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Message  Crémault Marie Joëlle Mer 4 Avr - 11:27

Encore encore ALAIN, j'aime tant et tant. En 2012, tu n'es plus le conteur qui vient le soir à la veillée,autour d'un feu de cheminée.
Ben, alors, Comme  le "père noel" tu as su t'adapter, et nous te rejoignons  le soir sur internet dans un bar virtuel, soit, mais si chaleureux, merci
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Message  Ghislaine Jousse-Veale Ven 6 Avr - 18:22

Bonjour - Alain - Et oui tu avais tue des innocentes tourterelles...Shame on You! :DTous mes cousins a Ifrane faisaient la meme chose d'ailleurs - Je suis certaine que tu ne ferai pas cela maintenant, n'est-ce pas?
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Message  Grostefan Alain Ven 6 Avr - 20:32

GHISLAINE.
Oui, je te le dis d'ailleurs dans mon post. Je ne pourrais pas recommencer. J'ai plutôt tendance à leur donner à manger en hiver.
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Message  Lucien Calatayud Jeu 19 Avr - 17:39

Salut tout le monde

Pour ceux que cela intéresse, voici un court extrait de mes mémoires. Histoire de faire savoir qu'il se passait parfois de drôles de choses dans une ferme.



Devrais-je passer sous silence cet autre malencontreux incident auquel je me dois de reconnaître une   part  de responsabilité ?
Cela se  passait un jour de fortes pluies. Réfugiés dans le local  ouvert à tous vents qui servait tout à la fois de forge et d’atelier, non loin des écuries, nous tuions l’ennui faisant alterner toutes sorte de jeux qui nous  lassaient très vite. Or, il  se trouvait là une puissante perceuse mécanique à activation manuelle. Un simple tour de manivelle vous mettait  en   branle tout un système  d’engrenage  d’une complexité fort impressionnante pour des gamins de notre âge.  

Mal en pris  ce jour là au  fils Sardin de vouloir faire cliqueter la hampe d’une plume de paon trouvée parterre  l’instant d’avant.  Le frottement de ladite penne rectrice contre les cannelures de la roue d’entraînement du circuit mécanique produisait il faut dire un bruit tout à fait assimilable à celui d’une crécelle. Actionnant d’une main la manivelle de l’autre tenant la plume serrée entre ses doigts, le jeune garçon qui jusque là s’amusait seul se prit soudainement d’envie de  me faire participer à ce drôle de jeu :

« Ce serait tellement mieux si c’était toi qui tournais la manivelle ! » me dit-il. Ce à quoi je m’exécutai,  ravi de pouvoir  tenir un rôle dans un tel insolite divertissement.  
« Mais tourne donc plus vite ! » se mit bientôt à rouspéter le jeune Sardin lequel, perdant visiblement patience se montrait  de plus en plus coléreux :
« Mais bon sang un peu plus de nerf ! Tourne… Tourne plus fort ! Je te dis plus fort! Tu es donc devenu sourd ou ne comprends-tu rien de ce qu’on te demande de faire ? »

N’entendant aucunement contrarier  mon camarade de jeu, je m’efforçais  de mettre encore et encore  plus d’ardeur quand bien même le frottement continu ne laissait plus subsister  qu’un  petit bout de plume qui ne pouvait être tenu que du bout des doigts. Et tout à coup un cri. Un effroyable « Aie ! Ail ! » Suivi d’un non moins tétanisant : « Maman ! Maman ! Au secours ! Vite ! »

Et mon camarade de se précipiter chez lui, continuant de crier et d’appeler : « Maman ! Maman ! Vite !».
Demeuré figé sur place, je continuais  quant à moi de contempler de façon absurde les rouages.  Bien que perdant progressivement de leur élan, ils ne cessaient  de tourner. Jusqu’à laisser découvrir, avec quel horreur, rien moins qu’un morceau de doigt en bouillie demeuré collé entre les dents de l’engrenage. Cent fois écrasées,  deux phalanges au moins  poursuivaient leurs rotations alors que, jamais autant statufié, je demeurais sur place, sans voix, les yeux exorbités rivés sur ce bout d’organes devenu ni chair ni os.  

Du côté des parents ce fut l’affolement. Plus une  seconde n’étant à perdre, c’est dans un  grand branle bas que toute la famille s’entassa dans la voiture laquelle à très vive allure se lança sur la route  qui menait à l’une des deux villes encadrantes.
L’attente pour nous, se fit  dès lors interminable :

« Que va-t-on lui faire! Se contentera-t-on de ne lui amputer qu’un doigt ? Pourvu que ce ne soit pas la main toute entière qui a été happée  et plus ou moins écrasée? » Se désolait pour sa part maman devenue d’une  la pâleur extrême.
Autant de questions auxquelles je faisais mine de ne rien comprendre, n’entendant aucunement endosser une quelconque responsabilité dans ce fâcheux incident. Me contentant donc de  hocher la tête de manière tout à fait dubitative, je me gardais bien de révéler qu’un morceau de doigt était resté coincé entre les dents du mécanisme.    

Ce n’est qu’à  la nuit tombée  que plus rassurés, nous pûmes voir notre jeune camarade descendre du véhicule. S’étant aussitôt  précipité vers nous, il affichait  une mine plutôt triomphante. Brandissant la belle poupée qui avait été fraîchement posée sur  l’index de sa main droite, il s’extériorisait en pitreries qui nous laissaient sans voix. Nos anxiétés quelque peu apaisées, la même question se posait tout de même : Comment diable allait-il devoir s’y prendre désormais pour écrire ou simplement pour tenir un objet ? » Quoique se sachant à jamais amputé  d’une ou deux  phalanges, notre copain n’en poursuivait pas moins ses mimiques. Continuant de faire tournoyer sa main en l’air, il tirait de façon bien étrange une sorte de gloriole de sa mésaventure. Alors que toujours aussi curieux, nous l’interrogions :
«  Mais que t’a-t-on fait à l’hôpital ? As-tu souffert ?»

Autant de questions auxquelles il ne répondait d’ailleurs que par bribes, de manière tout à fait  désinvolte comme  s’offrant un certain plaisir à ne point satisfaire trop rapidement nos attentes. Et alors que nous insistions,  le pressant sans cesse  de  questions, tout souriant  et faisant en sorte de tenir nos interrogations le plus longtemps possible en suspend, il se gardait de nous dévoiler ce qui se cachait sous le gros bandage qui  finissait de se nouer tout autour de sa main. Un comportement pour le moins étonnant qui laissait à penser  que notre camarade n’avait aucunement pris conscience du  handicap qui venait de le frapper. Une infirmité qu'il allait pourtant traîner durant toute une vie.
Ce sera tout
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Message  Jean-claude Brotons Jeu 19 Avr - 18:57


Merci Lucien pour cette tragique anecdote ,les fermes étaient des endroits dangereux avec tout ce matériel exposé a tout vent mais les enfants n'en voyait pas les périls ,l'innocence ,la joie de vivre et découvrir .

Amicalement
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Message  MOLL Serge Jeu 19 Avr - 19:40

LUCIEN
En voilà une histoire triste pour ton copain.D'après tes écrits,tu n'en ramenais pas large. N'avais-tu pas eu l'impression que l'on t'accuserait et te tenir pour seul responsable de cet accident?Mais à cette époque-là,les gens étaient moins "tordus" qu'aujourd'hui.
Bien amicalement
Serge
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Mémoires du "bled" durant le Protectorat - Page 6 Empty MERCI LUCIEN .

Message  HUGUETTE ROMERO Ven 20 Avr - 11:04

LUCIEN,

MERCI POUR CE RECIT "TRES BIEN ECRIT....., "... ET CETTE ANECDOTE......
MALHEUREUSEMENT TRISTOUNETTE ........ POUR TON AMI.
AMICALEMENT.

HUGUETTE
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Message  Grostefan Alain Ven 20 Avr - 17:49

LUCIEN
Ton histoire a une certaine similitude avec la mienne, celle où un ouvrier de la cave a perdu son petit orteil, coupé net par la lourde roue métallique de la maie qu'il déplaçait. La mère de ton copain d'enfance a dû être horrifiée alors que lui, revenant de l'hôpital, se comportait comme quelqu'un qui avait fait un exploit. Insouciance de la jeunesse. De nos jours il y aurait eu une enquête car on cherche toujours un responsable voire un coupable...
Amicalement.
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Message  christiane gérard Lun 30 Avr - 14:45

Lucien



Je suis toujours aussi interessée,voire passionnée par les anecdotes que tu nous contes.Merci


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Amitiés Christiane

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Message  Admin Ven 4 Mai - 22:58

Le Parlé "Pataouète"

Histoire de réactiver en nous la flamme de cet esprit Pied-Noir venu d’Algérie qui, qu'on le veuille ou non, a perdu un peu de son éclat au fil du temps, voici quelques mots de vocabulaire connus, expressions imagées laissant toujours planer un air de moquerie.

Cette flamme s’évanouit… avec notre identité. Dans une génération, ce sera la fin d’une belle histoire humaine.
Parler « pataouète » dans les salons pourrait être maintenant mal considéré de nos jours, encore que, il est préférable à certains accents modernes douteux de nos jeunes.

Un certain accent entre nous existait au Maroc. En Algérie, il y avait en plus un langage,  …Un néologisme particulier né dans les années 1860 où se mêlaient le soleil, la terre, la mer, la chaleur, la musique, la couleur…

Par exemple, le mot « cagayous ». Pour autant que je me souvienne, ce mot bizarre signifiait, je crois, un petit morveux, un rataillon de 0m,50…un cagayous, un moutchou…
Or, en fait, Cagayous, c'est le premier héros de la littérature officielle pataouète. Ses aventures d’aventurier pittoresque paraissaient dans des fascicules périodiques, le premier datant de 1896.

Ce que j’ai appris, c’est que ce terme douteux sans être péjoratif, est né sous la plume d’un certain Auguste Robinet à Alger. Un fonctionnaire, chroniqueur et critique de théâtre. Il fut très vite le barde  de la langue et des mœurs populaires algéroises dont le cru initial fut le quartier de Bab El Oued...  

Le Pataouète, mélange de Français, d'Arabe, de Catalan, de Castillan, d'Italien et de Maltais, est un feu d'artifice d'expressions introuvables dans d'autres idiomes régionaux;
C'est un théâtre à lui tout seul, c'est la vision sous les images...(http://babelouedstory.com/cdhas/36_37_cagayous/36_37_cagayous.html)

Ci-joint, une liste non exhaustive des mots et expressions les plus courantes, que nous avons tous entendues ou prononcées dans notre jeunesse. Pour ce qui me concerne, c’est surtout en France que j’ai le plus découvert ce parlé-chanté, imagé à souhait, durant les 4 années passées dans l’armée avec mes copains de chambrées, puis de terrain, venant d’Oran, d’Alger, de Constantine, et d'ailleurs..
Par exemple...:  
La FIFA....: avoir la trouille
FIGA .... : Sexe féminin
FLOUSS .... Le pognon, l'argent
Un FOURACHAUX.... : Clochard - marginal---- Pour José, te souviens de ce Français du nom de Cloizeau (ou Loizeau) qui habitait tout près de ta première maison, en face face, près du marchand de charbons...
Un FRANGAOUI...facile.... venant de france, un métropolitain
FROTTER – ZLAGUER -  Flirter - se bécoter.....: on allait zlaguer sur l'avenue...
Un GALOUFA ....: Attrapeur de chiens (????)
Une GAMATE.... : un bon à rien, un traîne ruisseau...
GANDOUL.... : facile....un paresseux
GANTCHO -  Faire Gantcho : Faire tchouffa - Etre impuissant
GATZ ....:  Sexe masculin ...il y a d'autres mots plus démonstratifs...
Un GAVATCHO....: Un traîne savate, individu mal fagoté - marginal


Dernière édition par Admin le Mer 13 Juil - 14:25, édité 6 fois

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Message  Lucien Calatayud Sam 5 Mai - 18:53

Bonjour tout le monde.

Comme je n’ai rien de mieux à poster  concernant notre passé, avant que de m’absenter pour quelques jours, je livre à ceux que cela  intéresse un court extrait de mes mémoires. Histoire que l’on sache que la vie n’était pas toujours très  rose pour les employés des campagnes notamment du point de vue logement.

Une visite inattendue.

Ce jour-là, sans que rien ne l’ait  laissé prévoir, survint chez nous un événement  tout à fait exceptionnel.

Le  préposé à la distribution du courrier, un autochtone d’ordinaire peu loquace et toujours  prompte à éperonner à nouveau sa monture,  tenait une enveloppe. Hésitant, il n’en finissait pas de s’assurer qu’il s’agissait du bon destinataire. On le voyait tourner et  retourner, vérifiant et revérifiant l’adresse de crainte de commettre une méprise dont il n’aurait su mesurer la gravité. Quelque peu désemparé, il se décide tout de même à se dessaisir de ce qui paraissait  lui coller aux doigts, ne nous tendant la lettre qu’avec très peu d’empressement, comme à regret. Semblables incertitudes n’avait rien de très surprenant. La plupart  des  facteurs qui desservaient nos campagnes savaient tout juste lire. Seule une solide routine acquise avec persévérance, leur permettait d’accomplir tout à fait honorablement leurs missions.

« Maman! Maman! Une lettre! Une lettre pour nous! » Nous étions-nous aussitôt écriés, courant vers la maison. Alors que  jamais tant songeur, poursuivant son itinéraire, notre brave facteur ne cessait de se retourner, et de se questionner. Parbleu ! Il lui était si peu habituel de nous remettre un moindre courrier!

Intriguée, essuyant rapidement ses mains, de la pointe d’un couteau, maman découpe  l’enveloppe. Ses gestes paraissaient d’une surprenante fébrilité. Quelques gros caractères  tracés de façon mala­droite noircissaient du haut en bas l’unique page de la lettre. Ayant  parcouru d’un simple coup d’oeil les quelques lignes, maman retourne la feuille laissée blanche sur tout son verso. Un instant pensive, elle jette un nouveau regard sur l’écriture comme pour s’assurer que rien ne lui avait échappé de son contenu. Puis, le visage soudainement assombri, replaçant le mot dans son enveloppe,  faisant néanmoins en sorte  de nous rassurer :

« Une bonne nouvelle les enfants ! Nous dit-elle ; Marraine nous annonce sa venue. Elle sera parmi nous dès demain. Bien heureusement la lettre nous est parvenue à temps. Un jour plus tard et nous n’aurions  pu l’accueillir à son arrivée à la gare! ».  Puis,  se redonnant un peu plus de naturel, s’efforçant aussi de sourire, elle ajouta :

« Promettez moi d’être  sages! Bien plus sages que vous ne l’êtes habituellement Vous savez que marraine ne supporte pas les enfants mal élevés! ».

Ces quelques recommandations formulées, plus question pour elle de lambiner. Ni une ni deux, recouvrant  toutes ses énergies et sans se poser plus de questions, la voilà qui entreprend  de chambouler toute l’installation de notre chambre:

« Ne restez donc pas dans mes pieds, j’ai besoin de place! Ne cessait-elle de répéter! »

Lits, armoire, petits meubles et que sais-je encore, tous replacés dans un sens puis dans un autre  finirent  tout de même par trouver place. Un tout nouvel aménagement qui permettait d’installer un troisième sommier ressurgi  je ne saurais plus dire de quel endroit.  Et jusqu’au paravent délogé  de la chambre des parents qui se retrouva grand ouvert dans la nôtre. Tout un beau chambardement accompli en en un  temps record.
       

Marraine,  habitait très loin,  tout en frontière à l’un des bouts du pays. Comme il est dit plus avant, c’est elle qui avait élevé maman, sa nièce,  orpheline dès son plus  jeune âge.  Pas peu fière de l’éducation et des bonnes manières qu’elle lui avait inculquées, marraine  parlait toujours de sa pupille comme on parle de sa propre fille. Tout comme,  en dépit de l’éloignement, elle s’efforçait de s’enquérir régulièrement  des problèmes du foyer.

Sans doute s’était-elle cette  fois encore donnée pour mission de s’as­surer que tout allait bien chez nous, ou plus vraisemblablement que rien ne tournait plus mal que lors de son dernier passage à la ferme des Hêtres.


Voilà les amis(es)? Ce n’est qu’un court extrait qui n’a rien de passionnant. Mais comme disaient les marocains : hadchi ma aata allah ! (c’est tout ce qu’Allah a donné)

Amicalement

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Message  christiane gérard Sam 5 Mai - 21:46

Lucien
Merci pour cette anecdote .Tes histoires sont tellement vraies,on a l'impression d'y être!
Si tu pars en vacances ,profites-en bien

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Amitiés Christiane

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Message  Ghislaine Jousse-Veale Sam 5 Mai - 23:03

Bonjour Lucien et excellentes tes anecdotes et comme dit Christiane "on a l'impression d'y etre" et quand tu reviendras continue s'il te plait. Je suis tres curieuse et puis en plus tu ecris tres bien. Bon sejour
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Mémoires du "bled" durant le Protectorat - Page 6 Empty Re: Mémoires du "bled" durant le Protectorat

Message  HUGUETTE ROMERO Dim 6 Mai - 7:52

BONJOUR  LUCIEN ........

MERCI  POUR  CE  RECIT.........
C'EST  VRAI  LES  SOUVENIRS  D'ENFANTS  SONT  PRECIEUX......ETMEMORABLES.
J'ADORE...... TU  RACONTES  BIEN  ...... ET  TU  ECRIS  ADMIRABLEMENT.... BRAVO.
BONNE  JOURNEE...

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Message  Lucien Calatayud Dim 6 Mai - 10:19


Alain

Je m'en veux crois-moi de n'avoir pas eu l'occasion de lire ton histoire. Seule la curiosité m'a poussé à remonter un peu plus avant et la découvrir. Je n'ai sans doute pas été averti de ton post à mon retour de Dax. Ton touerto ou "aaouar" en arabe n'a donc pas vu s'accomplir de miracle ? Comme c'est drôle? " Alors c'est lui qu'il en a pas d'la chance". Cela dit, les corbeaux savaient eux aussi se servir en poussins et sans autorisation. Dommage alain que tu ne trouves pas le courage de fouiller un peu plus dans ta mémoire. Je parirais que tu pourrais encore nous régaler. Alors vas-y... "Une autre! Une autre!" comme on s'égosille à crier dans les banquets.

Amicalement

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Message  Lucien Calatayud Dim 6 Mai - 17:30


Ghislaine

Je ne suis pas sûr qu'il s'agisse de corbeaux mais plutôt de corneilles bien plus petites mais bien plus bruyantes. Si tu observes leur comportement, tu constateras qu'elles viennent en masse dormir au même endroit, généralement dans les branchages et reprennent simultanément leur vol très tôt le matin toujours en craillant. Ce sont des braillardes, comme des vendeuses de poisson! Alors que le corbeau est plus taciturne. Il ne croasse que pour signaler sa présence à sa compagne lui disant "Eh ma belle, je suis là! Et je t'ai toujours à l'oeil!". Ca fait plus mâle non?Laughing Comme tu t'aperçois en me lisant, il est plus facile d'apprendre le langage des corbeaux que le chinois et en plus, ça ne s'écrit pas:x

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