Mémoires du "bled" durant le Protectorat
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Re: Mémoires du "bled" durant le Protectorat
Ca a l'air un peu ballot de trop exposer ce genre de photos, mais je leur trouve une certain caractère champêtre émouvant et passionnant...
Les fêtes de battage dans les campagnes françaises... Pour avoir assister à quelques uns de ces spectacles dans la région de Meknès ( au delà d'Aïn Sloughi), il y a à certains égards quelques analogies...
C'est beau comme là-bas...!!!
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Amicalement - André Langlois (Jimmy)
Re: Mémoires du "bled" durant le Protectorat
Dans le titre... : "Semailles et moissons..."
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Amicalement - André Langlois (Jimmy)
Re: Mémoires du "bled" durant le Protectorat
....et c'est aujourd'hui.....▲▼ ▼▲
....et il y en a qui disent... : on n'arrête pas le progrès
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Amicalement - André Langlois (Jimmy)
Grostefan Alain- Messages : 14146
Date d'inscription : 03/11/2010
Age : 87
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Re: Mémoires du "bled" durant le Protectorat
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Un sourcier et sa baguette de coudrier (noisetier)
Il faut bien se dire que sans eau, point de vie. Ce qui revient à dire que dans certains endroits, sans puits point de ferme.
Mon père trouvait facilement les nappes d'eau en se servant d'une baguette d'olivier.
Un sourcier et sa baguette de coudrier (noisetier)
Il faut bien se dire que sans eau, point de vie. Ce qui revient à dire que dans certains endroits, sans puits point de ferme.
Mon père trouvait facilement les nappes d'eau en se servant d'une baguette d'olivier.
Lucien Calatayud- Messages : 5485
Date d'inscription : 22/10/2010
Age : 94
Localisation : Bouniagues (Dordogne)
Re: Mémoires du "bled" durant le Protectorat
Encore une belle photo ancienne, Lucien...
Le sourcier.... Homme nécessaire, très recherché, très utile....
....une photo qui m'attendrit un peu....la trayeuse.
Mme Mimran, la propriétaire du café et de la guinguette où j'habitais, possédait une vache de race hollandaise... énorme??? magnifique bête aux poils marron clair, très connue dans le quartier. Très souvent, les jeudi et jours de vacances, nous étions quelques gamins (4) du quartier autorisés à traire "Marianne", la célèbre vache du quartier.
On le faisait très sérieusement.... on avait pas intérêt à le faire autrement, du reste...C'étaient des journées féeriques. Surtout qu'ensuite, il fallait battre le lait dans la baratte.... Mémée Mimran s'occupait à préparer le beurre...
On l'emmenait aussi brouter dans les champs, derrière l'école, accompagné de M'hamed, le commis...
Le sourcier.... Homme nécessaire, très recherché, très utile....
....une photo qui m'attendrit un peu....la trayeuse.
Mme Mimran, la propriétaire du café et de la guinguette où j'habitais, possédait une vache de race hollandaise... énorme??? magnifique bête aux poils marron clair, très connue dans le quartier. Très souvent, les jeudi et jours de vacances, nous étions quelques gamins (4) du quartier autorisés à traire "Marianne", la célèbre vache du quartier.
On le faisait très sérieusement.... on avait pas intérêt à le faire autrement, du reste...C'étaient des journées féeriques. Surtout qu'ensuite, il fallait battre le lait dans la baratte.... Mémée Mimran s'occupait à préparer le beurre...
On l'emmenait aussi brouter dans les champs, derrière l'école, accompagné de M'hamed, le commis...
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Amicalement - André Langlois (Jimmy)
Lucien Calatayud- Messages : 5485
Date d'inscription : 22/10/2010
Age : 94
Localisation : Bouniagues (Dordogne)
Re: Mémoires du "bled" durant le Protectorat
Et pourquoi ces vaches voilées...???? Je ne pense pas que ce soit pour une question de religion...??? ou bien la pudeur, comme le dit Lucien. La vache...!!!! quelles coquettes, ces vaches...!!!
J'ai essayé d'avoir une explication, mais la seule chose que j'ai trouvée, c'est une 2ème photo avec des vaches voilées elles aussi.... Y'a-t-il un "vrai" paysan pour expliquer cette raison...???
vaches voilées un jour de semailles...
J'ai essayé d'avoir une explication, mais la seule chose que j'ai trouvée, c'est une 2ème photo avec des vaches voilées elles aussi.... Y'a-t-il un "vrai" paysan pour expliquer cette raison...???
vaches voilées un jour de semailles...
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Amicalement - André Langlois (Jimmy)
Re: Mémoires du "bled" durant le Protectorat
Méthode ancestrale de battage des épis au fléau...., mais un jour de fête à la campagne.
Nos blédards ici présents n'ont pas connu ce temps, n'est ce pas...???
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Amicalement - André Langlois (Jimmy)
Re: Mémoires du "bled" durant le Protectorat
Non JIMMY je n'ai pas connu les battages au fléau mais je les ai faits aux sabots de mulets ou de chevaux avec vannage et montage simultanés de la meule. Pour cette dernière opération, on se tenait debout sur un madrier tiré par un cheval ou un mulet. Deux cordeaux permettaient de retenir la paille qui s'accumulait en passant dessus. Arrivé sur la meule on sautait du madrier et tout ce qu'on avait apporté restait sur place. On descendait alors à l'autre bout de la meule. Cela jusqu'à une certaine hauteur. C'était aux fourches de compléter. Quand la meule était terminée, on la recouvrait d'un revêtement d'argile ou de terre blanche pour éviter que les pluies ne s'y infiltrent. Je devais avoir 17 ou 18 ans quand on pratiquait cette méthode.
Lucien Calatayud- Messages : 5485
Date d'inscription : 22/10/2010
Age : 94
Localisation : Bouniagues (Dordogne)
Re: Mémoires du "bled" durant le Protectorat
[quote="Admin"]Et pourquoi ces vaches voilées...???? Je ne pense pas que ce soit pour une question de religion...??? ou bien la pudeur, comme le dit Lucien. La vache...!!!! quelles coquettes, ces vaches...!!!
J'ai essayé d'avoir une explication, mais la seule chose que j'ai trouvée, c'est une 2ème photo avec des vaches voilées elles aussi.... Y'a-t-il un "vrai" paysan pour expliquer cette raison...???
JIMMY
Je crois avoir l'explication. mais c'est sans certitude.
Les bovins ont horreur de tout ce qui est rectiligne (effet couloir). Sans bouger la tête, ils sont capables de voir ce qu'il se passe autour d'eux.
C'est donc un peu l'équivalent des œillères l'on met aux équidés.
J'ai essayé d'avoir une explication, mais la seule chose que j'ai trouvée, c'est une 2ème photo avec des vaches voilées elles aussi.... Y'a-t-il un "vrai" paysan pour expliquer cette raison...???
JIMMY
Je crois avoir l'explication. mais c'est sans certitude.
Les bovins ont horreur de tout ce qui est rectiligne (effet couloir). Sans bouger la tête, ils sont capables de voir ce qu'il se passe autour d'eux.
C'est donc un peu l'équivalent des œillères l'on met aux équidés.
Lucien Calatayud- Messages : 5485
Date d'inscription : 22/10/2010
Age : 94
Localisation : Bouniagues (Dordogne)
Re: Mémoires du "bled" durant le Protectorat
LUCIEN
ça coule de source. C'est valable aussi pour les animaux qui font tourner le moulin qui écrase les olives.
ça coule de source. C'est valable aussi pour les animaux qui font tourner le moulin qui écrase les olives.
Grostefan Alain- Messages : 14146
Date d'inscription : 03/11/2010
Age : 87
Localisation : Talence 33400
Re: Mémoires du "bled" durant le Protectorat
Ouais, vous deux...,
J'en accepte l'augure... c'est vous les blédards.....wouaff, wouaff...
Hormis le fait que la vache voit moins bien que la normale, malgré son champ de vision plus large, elle a tout de même du mal à délimiter son r environnement....Les bovins sont également plus sensibles aux réflexions de lumière...
Autre chose, et ça , je l'apprends....(c'est mon ami Wikipédia qui le dit.... ), les vaches craignent beaucoup les piqûres de mouches dans les yeux, au point de pouvoir devenir aveugle si elles sont mal soignées...
Je n'ai pas encore vu une vache aveugle faire la manche au bord d'un champ.... (c'est pour rire...)
J'en accepte l'augure... c'est vous les blédards.....wouaff, wouaff...
Hormis le fait que la vache voit moins bien que la normale, malgré son champ de vision plus large, elle a tout de même du mal à délimiter son r environnement....Les bovins sont également plus sensibles aux réflexions de lumière...
Autre chose, et ça , je l'apprends....(c'est mon ami Wikipédia qui le dit.... ), les vaches craignent beaucoup les piqûres de mouches dans les yeux, au point de pouvoir devenir aveugle si elles sont mal soignées...
Je n'ai pas encore vu une vache aveugle faire la manche au bord d'un champ.... (c'est pour rire...)
Dernière édition par Admin le Mar 14 Mar - 8:49, édité 1 fois
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Amicalement - André Langlois (Jimmy)
Re: Mémoires du "bled" durant le Protectorat
[quote="Admin"]Ouais, vous deux...,
Je n'ai pas encore vu une vache aveugle faire la manche au bord d'un champ.... (c'est pour rire...)
JIMMY
Pour ajouter à ton humour noir je dirai qu'on verrait mal les pique-bœufs retirer les larves qui se seraient développées dans les yeux des vaches. Ce qu'ils font sous la peau. Qui n' a jamais passé une main sur le dos d'un bovin n'imagine pas le nombre de larves qui se développent sous leur peau.
Je n'ai pas encore vu une vache aveugle faire la manche au bord d'un champ.... (c'est pour rire...)
JIMMY
Pour ajouter à ton humour noir je dirai qu'on verrait mal les pique-bœufs retirer les larves qui se seraient développées dans les yeux des vaches. Ce qu'ils font sous la peau. Qui n' a jamais passé une main sur le dos d'un bovin n'imagine pas le nombre de larves qui se développent sous leur peau.
Lucien Calatayud- Messages : 5485
Date d'inscription : 22/10/2010
Age : 94
Localisation : Bouniagues (Dordogne)
Re: Mémoires du "bled" durant le Protectorat
ANDRE - LUCIEN
De plus les bovins ne voient pas les couleurs alors les toréros avec leur "chiffon" rouge c'est bidon. Ils mettraient un noir ou un blanc ce serait kif-kif. Le taureau n'a qu'une envie c'est de dégommer celui qui se met en travers de son champ de vision.
Parfois il gagne. Le perdant peut avoir une artère fémorale sectionnée ou moins grave, il peut se lancer dans la chanson en tant que castrat.
Les pique-boeufs c'était l'appellation en AFN. Ici on appelle ces oiseaux blancs des hérons garde-boeufs. A ne pas confondre avec l'aigrette.
De plus les bovins ne voient pas les couleurs alors les toréros avec leur "chiffon" rouge c'est bidon. Ils mettraient un noir ou un blanc ce serait kif-kif. Le taureau n'a qu'une envie c'est de dégommer celui qui se met en travers de son champ de vision.
Parfois il gagne. Le perdant peut avoir une artère fémorale sectionnée ou moins grave, il peut se lancer dans la chanson en tant que castrat.
Les pique-boeufs c'était l'appellation en AFN. Ici on appelle ces oiseaux blancs des hérons garde-boeufs. A ne pas confondre avec l'aigrette.
Grostefan Alain- Messages : 14146
Date d'inscription : 03/11/2010
Age : 87
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Grostefan Alain- Messages : 14146
Date d'inscription : 03/11/2010
Age : 87
Localisation : Talence 33400
Re: Mémoires du "bled" durant le Protectorat
ALAIN
Après un pareil effort, on t'accorde 10 jours de repos.
Après un pareil effort, on t'accorde 10 jours de repos.
Lucien Calatayud- Messages : 5485
Date d'inscription : 22/10/2010
Age : 94
Localisation : Bouniagues (Dordogne)
Re: Mémoires du "bled" durant le Protectorat
Aller, un peu de lecture. Un simple extrait de mes mémoires.
Aux seuls tintements de la cloche qui, aux premières clartés matinales appelait au réveil du personnel, nous savions quelle était la couleur du temps. Les vibrations qui se prolongeaient à n’en plus finir étaient annonciatrices d’un bel ensoleillement alors que par temps pluvieux ou de brouillard, les sons étaient étouffés, secs et sans prolongement.
Or ce matin de printemps, les martèlements s’étaient laissé porter très loin dans la nature. Comme à l’ordinaire, les hommes n’avaient pas tardé à s’attrouper autour de l’abreuvoir où par habitude ils faisaient leurs ablutions. La plupart s’étaient ensuite approchés de notre toute récente acquisition. Un imposant tracteur très en avance sur son temps. C’est du moins ce que l’on nous avait affirmé. Il est vrai que la mise en route de l’engin n’avait rien de commun. Et c’est bien ce qui suscitait autant d’intérêt. Une exclusivité qui ne se rencontrait nulle part ailleurs que chez nous. Pensez donc, à 1‘heure où partout alentour l’on continuait d’user ses forces sur une manivelle, au mieux faire appel à un moteur auxiliaire, chez nous, il suffisait de loger une cartouche bourrée de poudre dans une chambre à percussion, de donner un léger coup de massette sur la pointe du percuteur et... Boum! Boum! Boum! Lancée à son plein régime, la mécanique faisait tout trembler dans le hangar. Un spectacle qui, matin après matin exerçait la même fascination dans notre monde ouvrier. Il faut dire que le préposé y mettait aussi du sien. Il ne négligeait jamais d’entourer l’opération de tout un cérémonial. L’occasion s’offrait si belle pour lui d’épater son entourage, qu’il eut été presque inconvenant de l’en priver. Aussi déployait-il tout un savoir, compliquant outrageusement les choses par une débauche de gestes, ne laissant rien paraître de la simplicité de l’opération telle qu’elle lui avait été enseignée. Bref, du grand art qui vous en laissaient plus d’un ébahi.
Or, ce matin là, pas moins qu’un autre, rien n’avait manqué des savantes simagrées qui entretenaient si bien le suspens. Tout le monde était donc là, attentif, s’apprêtant à voir pour une énième fois s’accomplir le petit miracle matinal.... Quelque peu grisé lui-même par ses propres artifices, l’opérateur s’était muni de la massette. D’un mouvement à peine perceptible, il avait frappé le petit coup sec qui allait ébranler tout l’environnement. Mais stupeur, pour une première fois, rien, pas le moindre toussotement du moteur. Qu’un grand et surprenant silence. Non seulement la poudre s’était révélée incapable ne fusse de titiller un tant soit peu les soupapes et les pistons mais, plus affligeant encore la réserve de cartouche était épuisée. Notre magicien avait beau tourner et retourner la boite en tous sens mais, peine perdue, elle était bel et bien vide. Ce qui n’augurait rien de bon. L’artiste en était conscient. Si conscient, qu’il ne put s’empêcher de piquer une colère noire et vomir toute une tempête de jurons et de malédictions, laissant la massette lui glisser des mains. Parce qu’en pareil cas, il fallait avoir recours à la manivelle de lancement. Et il est peu de dire que cela ne soulevait plus les mêmes enthousiasmes. Un instant figés, les badauds comprennent qu’il n’y a plus une seconde à perdre, qu’il fallait s’éloigner. Le cercle s’élargit donc subrepticement pour se disperser. Rien d’étonnant à cela ; la seule vue de la masse d’acier du nom de manivelle qui traînait par terre aurait fait grimacer Hercule au mieux de sa forme. Pas moins de quatre bras et non des moins vigoureux et des moins solides allaient devoir braver l’inertie du moteur. Le technicien qui nous avait livré l’engin nous avait d’ailleurs prévenus :
« Prenez garde de ne jamais vous laisser démunir de cartouches, sans quoi il vous faudra vous armer de courage tout autant que de forces » nous avait-il dit.
Et pour une première fois depuis l’acquisition de l’engin, il nous fallait en passer par là, assumer en quelque sorte les conséquences d’un défaut de vigilance. Il n’y avait plus de cartouche pour la mise en route, il fallait donc des bras.
Aux seuls tintements de la cloche qui, aux premières clartés matinales appelait au réveil du personnel, nous savions quelle était la couleur du temps. Les vibrations qui se prolongeaient à n’en plus finir étaient annonciatrices d’un bel ensoleillement alors que par temps pluvieux ou de brouillard, les sons étaient étouffés, secs et sans prolongement.
Or ce matin de printemps, les martèlements s’étaient laissé porter très loin dans la nature. Comme à l’ordinaire, les hommes n’avaient pas tardé à s’attrouper autour de l’abreuvoir où par habitude ils faisaient leurs ablutions. La plupart s’étaient ensuite approchés de notre toute récente acquisition. Un imposant tracteur très en avance sur son temps. C’est du moins ce que l’on nous avait affirmé. Il est vrai que la mise en route de l’engin n’avait rien de commun. Et c’est bien ce qui suscitait autant d’intérêt. Une exclusivité qui ne se rencontrait nulle part ailleurs que chez nous. Pensez donc, à 1‘heure où partout alentour l’on continuait d’user ses forces sur une manivelle, au mieux faire appel à un moteur auxiliaire, chez nous, il suffisait de loger une cartouche bourrée de poudre dans une chambre à percussion, de donner un léger coup de massette sur la pointe du percuteur et... Boum! Boum! Boum! Lancée à son plein régime, la mécanique faisait tout trembler dans le hangar. Un spectacle qui, matin après matin exerçait la même fascination dans notre monde ouvrier. Il faut dire que le préposé y mettait aussi du sien. Il ne négligeait jamais d’entourer l’opération de tout un cérémonial. L’occasion s’offrait si belle pour lui d’épater son entourage, qu’il eut été presque inconvenant de l’en priver. Aussi déployait-il tout un savoir, compliquant outrageusement les choses par une débauche de gestes, ne laissant rien paraître de la simplicité de l’opération telle qu’elle lui avait été enseignée. Bref, du grand art qui vous en laissaient plus d’un ébahi.
Or, ce matin là, pas moins qu’un autre, rien n’avait manqué des savantes simagrées qui entretenaient si bien le suspens. Tout le monde était donc là, attentif, s’apprêtant à voir pour une énième fois s’accomplir le petit miracle matinal.... Quelque peu grisé lui-même par ses propres artifices, l’opérateur s’était muni de la massette. D’un mouvement à peine perceptible, il avait frappé le petit coup sec qui allait ébranler tout l’environnement. Mais stupeur, pour une première fois, rien, pas le moindre toussotement du moteur. Qu’un grand et surprenant silence. Non seulement la poudre s’était révélée incapable ne fusse de titiller un tant soit peu les soupapes et les pistons mais, plus affligeant encore la réserve de cartouche était épuisée. Notre magicien avait beau tourner et retourner la boite en tous sens mais, peine perdue, elle était bel et bien vide. Ce qui n’augurait rien de bon. L’artiste en était conscient. Si conscient, qu’il ne put s’empêcher de piquer une colère noire et vomir toute une tempête de jurons et de malédictions, laissant la massette lui glisser des mains. Parce qu’en pareil cas, il fallait avoir recours à la manivelle de lancement. Et il est peu de dire que cela ne soulevait plus les mêmes enthousiasmes. Un instant figés, les badauds comprennent qu’il n’y a plus une seconde à perdre, qu’il fallait s’éloigner. Le cercle s’élargit donc subrepticement pour se disperser. Rien d’étonnant à cela ; la seule vue de la masse d’acier du nom de manivelle qui traînait par terre aurait fait grimacer Hercule au mieux de sa forme. Pas moins de quatre bras et non des moins vigoureux et des moins solides allaient devoir braver l’inertie du moteur. Le technicien qui nous avait livré l’engin nous avait d’ailleurs prévenus :
« Prenez garde de ne jamais vous laisser démunir de cartouches, sans quoi il vous faudra vous armer de courage tout autant que de forces » nous avait-il dit.
Et pour une première fois depuis l’acquisition de l’engin, il nous fallait en passer par là, assumer en quelque sorte les conséquences d’un défaut de vigilance. Il n’y avait plus de cartouche pour la mise en route, il fallait donc des bras.
Dernière édition par Lucien Calatayud le Ven 17 Mar - 16:45, édité 1 fois
Lucien Calatayud- Messages : 5485
Date d'inscription : 22/10/2010
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Re: Mémoires du "bled" durant le Protectorat
LUCIEN
Joli récit. ça m'a ramené à mon enfance à la ferme. La cloche qui tinte. Chez nous c'était un disque usagé de charrue suspendu à un arbre à hauteur d'homme. C'était le gardien de nuit qui tapait dessus avec un solide morceau de fer lorsque mon père (le commis) arrivait. Il faisait nuit encore. Puis les ouvriers permanents arrivaient un à un et faisaient leurs ablutions, mains et visages, dans une partie de l'abreuvoir réservée à cet effet. Aucun n'omettait de se vider les narines... En attendant les retardataires un chauffeur de tracteur nommé "Lahbil" (le fou) mettait de l'ambiance avec un humour particulier qui lui valait son surnom. A l'heure H mon père demandait à chacun de reprendre le travail. Chacun savait ce qu'il avait à faire.
L'épilogue de ta narration montre bien que quel que soit le matériel, il peut toujours se trouver un grain de sable pour enrayer le fonctionnement d'une machine.
Joli récit. ça m'a ramené à mon enfance à la ferme. La cloche qui tinte. Chez nous c'était un disque usagé de charrue suspendu à un arbre à hauteur d'homme. C'était le gardien de nuit qui tapait dessus avec un solide morceau de fer lorsque mon père (le commis) arrivait. Il faisait nuit encore. Puis les ouvriers permanents arrivaient un à un et faisaient leurs ablutions, mains et visages, dans une partie de l'abreuvoir réservée à cet effet. Aucun n'omettait de se vider les narines... En attendant les retardataires un chauffeur de tracteur nommé "Lahbil" (le fou) mettait de l'ambiance avec un humour particulier qui lui valait son surnom. A l'heure H mon père demandait à chacun de reprendre le travail. Chacun savait ce qu'il avait à faire.
L'épilogue de ta narration montre bien que quel que soit le matériel, il peut toujours se trouver un grain de sable pour enrayer le fonctionnement d'une machine.
Grostefan Alain- Messages : 14146
Date d'inscription : 03/11/2010
Age : 87
Localisation : Talence 33400
Re: Mémoires du "bled" durant le Protectorat
Lucien,
C'est de là que vient le mot "moteur à explosion"......
Apparemment, dans la ferme, c'était le spectacle garanti tous les matins...
Il me semble que c'est dans l'aviation que j'ai entendu parler d'un système de démarrage à cartouche (ou à poudre) pour les gros moteurs d'avions, lorsque je faisais ma PMAir à Meknès...Le démarrage se pratiquait par un choc explosif dans les cylindres...
Ce système avait permis d'éviter les accidents de démarrage en tournant les hélices manuellement...
Bravo pour le p'tit extrait...
C'est de là que vient le mot "moteur à explosion"......
Apparemment, dans la ferme, c'était le spectacle garanti tous les matins...
Il me semble que c'est dans l'aviation que j'ai entendu parler d'un système de démarrage à cartouche (ou à poudre) pour les gros moteurs d'avions, lorsque je faisais ma PMAir à Meknès...Le démarrage se pratiquait par un choc explosif dans les cylindres...
Ce système avait permis d'éviter les accidents de démarrage en tournant les hélices manuellement...
Bravo pour le p'tit extrait...
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Amicalement - André Langlois (Jimmy)
Re: Mémoires du "bled" durant le Protectorat
Merci pour ce recit Lucien - Ah si seulement je pouvais écrire le français aussi bien.....J'ai été même regarder dans le dico des mots que tu ecrivais et que je ne savais même plus ce que ça voulait dire...Honte à Ghislaine.
Ghislaine Jousse-Veale- Messages : 12842
Date d'inscription : 18/10/2010
Age : 84
Localisation : Vancouver, Colombie Britannique
Grostefan Alain- Messages : 14146
Date d'inscription : 03/11/2010
Age : 87
Localisation : Talence 33400
Re: Mémoires du "bled" durant le Protectorat
GHIS
Merci à toi pour le compliment. Mais je persiste à dire que je n'écris pas bien du tout. J'écris comme je sais et comme je peux, tout simplement. Quant à ton "Honte à Gislaine", on ne peut tout au contraire que te féliciter. Tu sais bien mieux t'exprimer en français que nous en anglais ou en arabes. La plupart d'entre nous sommes incapables d'aligner deux mots dans ces langues. Honte à nous alors!
Merci à toi pour le compliment. Mais je persiste à dire que je n'écris pas bien du tout. J'écris comme je sais et comme je peux, tout simplement. Quant à ton "Honte à Gislaine", on ne peut tout au contraire que te féliciter. Tu sais bien mieux t'exprimer en français que nous en anglais ou en arabes. La plupart d'entre nous sommes incapables d'aligner deux mots dans ces langues. Honte à nous alors!
Lucien Calatayud- Messages : 5485
Date d'inscription : 22/10/2010
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Localisation : Bouniagues (Dordogne)
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