Mémoires du "bled" durant le Protectorat
+24
Admin
Gérard MUZART
DUVERGER-NEDELLEC Alain
cruz otero marie carmen
Ginette Favre
Annie MEDINA
Claude FILLIARD
CONRAD-BRUAT Xavier
luisa manzoni
Jean-claude Brotons
christiane gérard
HUGUETTE ROMERO
Crémault Marie Joëlle
Denise Ponce
IBARA-CHATEAU Louisette
Andreo Adrien
René Hermitte
OLIVIER André
andreo jean josé
Langlois André
Ghislaine Jousse-Veale
MOLL Serge
JACQUELINE ROMERO
Grostefan Alain
28 participants
Page 38 sur 39
Page 38 sur 39 • 1 ... 20 ... 37, 38, 39
Re: Mémoires du "bled" durant le Protectorat
La fosse à marcs
Quand les vendanges étaient terminées la fosse à marcs était recouverte par une bâche en guise de protection contre la pluie. La fosse était de grande dimension et n’était pas pleine. Pour atteindre les marcs il fallait une petite échelle.
Si les vendanges étaient terminées, la vinification elle ne l’était pas. Il fallait la surveiller constamment. Il ne fallait pas que la fermentation s’arrête. Chaque jour un ouvrier « lettré » (Bou-Jemâa) notait sur un cahier l’évolution du futur vin à l’aide d’un mustimètre et notait également la température. Moi j’avais repris mes cours de math dès le mois d’octobre mais j’allais à peu près régulièrement dès que je le pouvais afin de contrôler ce travail de finition du vin.
Les marcs attendaient la venue de la « 3-6 » autrement dit l’appareil à distiller les marcs pour en extraire l’alcool. Cette machine se faisait attendre car c’était la seule pour toutes les caves de la région. Son personnel opérant était composé de fonctionnaires du Bureau des Vins et Alcool (BVA). En revanche pour descendre dans la fosse à marcs ils embauchaient quelques ouvriers locaux en mal d’emploi. Il fallait là aussi quelques fourches pour alimenter la « 3-6 ».
Comme je l’ai déjà mentionné je venais de temps en temps. Un jour j’arrive à la cave et le « lettré » vient à ma rencontre avec la mine sombre. Il me dit « mato arbâa d’erjal » !(quatre hommes sont morts). En fait deux hommes étaient descendus dans la fosse à marcs. Ils ont ignoré que du CO2 s’était amassé au fil du temps. Ils ont perdu connaissance. Deux autres pauvres bougres sont descendus pour leur porter secours mais ils y ont laissé la vie eux aussi. ça a fait grand bruit dans le village. La cave n’y était pour rien. C’était l’affaire de la «3-6 »…
Quand les vendanges étaient terminées la fosse à marcs était recouverte par une bâche en guise de protection contre la pluie. La fosse était de grande dimension et n’était pas pleine. Pour atteindre les marcs il fallait une petite échelle.
Si les vendanges étaient terminées, la vinification elle ne l’était pas. Il fallait la surveiller constamment. Il ne fallait pas que la fermentation s’arrête. Chaque jour un ouvrier « lettré » (Bou-Jemâa) notait sur un cahier l’évolution du futur vin à l’aide d’un mustimètre et notait également la température. Moi j’avais repris mes cours de math dès le mois d’octobre mais j’allais à peu près régulièrement dès que je le pouvais afin de contrôler ce travail de finition du vin.
Les marcs attendaient la venue de la « 3-6 » autrement dit l’appareil à distiller les marcs pour en extraire l’alcool. Cette machine se faisait attendre car c’était la seule pour toutes les caves de la région. Son personnel opérant était composé de fonctionnaires du Bureau des Vins et Alcool (BVA). En revanche pour descendre dans la fosse à marcs ils embauchaient quelques ouvriers locaux en mal d’emploi. Il fallait là aussi quelques fourches pour alimenter la « 3-6 ».
Comme je l’ai déjà mentionné je venais de temps en temps. Un jour j’arrive à la cave et le « lettré » vient à ma rencontre avec la mine sombre. Il me dit « mato arbâa d’erjal » !(quatre hommes sont morts). En fait deux hommes étaient descendus dans la fosse à marcs. Ils ont ignoré que du CO2 s’était amassé au fil du temps. Ils ont perdu connaissance. Deux autres pauvres bougres sont descendus pour leur porter secours mais ils y ont laissé la vie eux aussi. ça a fait grand bruit dans le village. La cave n’y était pour rien. C’était l’affaire de la «3-6 »…
Grostefan Alain- Messages : 14146
Date d'inscription : 03/11/2010
Age : 87
Localisation : Talence 33400
Lucien Calatayud et parera michele aiment ce message
Re: Mémoires du "bled" durant le Protectorat
ALAIN
Preuve en est que l'on n'enseignait pas même les rudiments des dangers que l'on encourait dans tel ou tel cas.
Combien de berbères se son asphyxiés dans les matmoras(fosses creusées en panse pour la conservation des céréales). Il ne suffisait pourtant que de les ouvrir quelques heures avant d'y pénétrer de sorte qu'elles s'aèrent.
Dans le cas des fosses à marc, si on avait ôté la couverture un bon moment avant, rien de tel ne se serait produit.
Je suis moi-même descendu dans un puit avec pour seule protection une bougie. Je surveillais la flamme et la protégeais du mieux que je pouvais. Mais si elle s'était éteinte et si je m'étais asphyxié, qui serait descendu pour me ressortir??
Preuve en est que l'on n'enseignait pas même les rudiments des dangers que l'on encourait dans tel ou tel cas.
Combien de berbères se son asphyxiés dans les matmoras(fosses creusées en panse pour la conservation des céréales). Il ne suffisait pourtant que de les ouvrir quelques heures avant d'y pénétrer de sorte qu'elles s'aèrent.
Dans le cas des fosses à marc, si on avait ôté la couverture un bon moment avant, rien de tel ne se serait produit.
Je suis moi-même descendu dans un puit avec pour seule protection une bougie. Je surveillais la flamme et la protégeais du mieux que je pouvais. Mais si elle s'était éteinte et si je m'étais asphyxié, qui serait descendu pour me ressortir??
Lucien Calatayud- Messages : 5485
Date d'inscription : 22/10/2010
Age : 94
Localisation : Bouniagues (Dordogne)
Re: Mémoires du "bled" durant le Protectorat
LUCIEN
Hna f'yid llah. Nous sommes entre les mains de Dieu. Quand ça doit arriver il n'y a pas d'échappatoire. Remercions le ciel d'être encore de ce monde et avec des neurones en pas trop mauvais état.
Hna f'yid llah. Nous sommes entre les mains de Dieu. Quand ça doit arriver il n'y a pas d'échappatoire. Remercions le ciel d'être encore de ce monde et avec des neurones en pas trop mauvais état.
Grostefan Alain- Messages : 14146
Date d'inscription : 03/11/2010
Age : 87
Localisation : Talence 33400
Grostefan Alain- Messages : 14146
Date d'inscription : 03/11/2010
Age : 87
Localisation : Talence 33400
Langlois André aime ce message
Re: Mémoires du "bled" durant le Protectorat
ALAIN
Je pense que ce sont des ruches, encore qu'autant que je me souvienne, elle étaient plus longues. Mais ils peuvent aussi servir de menus silos à grains. D'une façon comme d'une autre, ils sont enduits, les premiers d'un mélange d'argile et de bouse de vaches, les seconds d'un simple enduit d'argile. Je sais cela parce que j'ai vu faire.
Certains ouvriers de la ferme possédaient ce genre de ruche et au moment du glanage, les femmes remplissaient ce genre de silos.
As-tu autre chose à proposer en réponse à ta question, parce que je peux confondre.
Je pense que ce sont des ruches, encore qu'autant que je me souvienne, elle étaient plus longues. Mais ils peuvent aussi servir de menus silos à grains. D'une façon comme d'une autre, ils sont enduits, les premiers d'un mélange d'argile et de bouse de vaches, les seconds d'un simple enduit d'argile. Je sais cela parce que j'ai vu faire.
Certains ouvriers de la ferme possédaient ce genre de ruche et au moment du glanage, les femmes remplissaient ce genre de silos.
As-tu autre chose à proposer en réponse à ta question, parce que je peux confondre.
Lucien Calatayud- Messages : 5485
Date d'inscription : 22/10/2010
Age : 94
Localisation : Bouniagues (Dordogne)
Langlois André aime ce message
Re: Mémoires du "bled" durant le Protectorat
LUCIEN
Bravo! Ta réponse est bonne et complète. A "ma maison d'enfance" nous avions justement une ruche ainsi faite. Notre chauffeur de tracteur nommé 'El-Habil" (le fou) en extrayait le miel sans protections. Il avait ensuite les deux mains enflées par le nombre de piqûres. Quand on tuait le cochon on faisait appel à lui pour un coup de main. Au moment du casse-croûte il mangeait une côtelette sur le grill comme nous. Il trouvait que c'était bon. J'ai appris qu'il est décédé cette année. Paix à son âme.
Bravo! Ta réponse est bonne et complète. A "ma maison d'enfance" nous avions justement une ruche ainsi faite. Notre chauffeur de tracteur nommé 'El-Habil" (le fou) en extrayait le miel sans protections. Il avait ensuite les deux mains enflées par le nombre de piqûres. Quand on tuait le cochon on faisait appel à lui pour un coup de main. Au moment du casse-croûte il mangeait une côtelette sur le grill comme nous. Il trouvait que c'était bon. J'ai appris qu'il est décédé cette année. Paix à son âme.
Grostefan Alain- Messages : 14146
Date d'inscription : 03/11/2010
Age : 87
Localisation : Talence 33400
Re: Mémoires du "bled" durant le Protectorat
Dernière édition par Langlois André le Ven 20 Oct - 15:43, édité 1 fois
_________________
Amicalement - André LANGLOIS
Grostefan Alain aime ce message
Lucien Calatayud- Messages : 5485
Date d'inscription : 22/10/2010
Age : 94
Localisation : Bouniagues (Dordogne)
Langlois André, Lucien Calatayud et Grostefan Alain aiment ce message
Re: Mémoires du "bled" durant le Protectorat
_________________
Amicalement - André LANGLOIS
Grostefan Alain aime ce message
HUGUETTE ROMERO et Grostefan Alain aiment ce message
Lucien Calatayud et Grostefan Alain aiment ce message
Grostefan Alain- Messages : 14146
Date d'inscription : 03/11/2010
Age : 87
Localisation : Talence 33400
Re: Mémoires du "bled" durant le Protectorat
ALAIN
Tu oublies de dire que les meules étaient généralement recouvertes d'une couche de torchis (mélange de terre et de paille). Une protection contre la pluie. Chez nous, la paille était directement montée en meule. Pour ce faire, on attelait un mulet à un madrier. On se tenait debout sur le madrier, cramponné à deux ou trois cordeaux. Une bonne couche de paille était ainsi recueillie et traînée. Arrivé à une certaine hauteur on sautait du madrier pour libérer la paille et on redescendait du côté opposé. Et on renouvelait l'opération aussi souvent que la hauteur de la meule le permettait. C'était pour moi un divertissement que monter une meule de cette manière.
Tu oublies de dire que les meules étaient généralement recouvertes d'une couche de torchis (mélange de terre et de paille). Une protection contre la pluie. Chez nous, la paille était directement montée en meule. Pour ce faire, on attelait un mulet à un madrier. On se tenait debout sur le madrier, cramponné à deux ou trois cordeaux. Une bonne couche de paille était ainsi recueillie et traînée. Arrivé à une certaine hauteur on sautait du madrier pour libérer la paille et on redescendait du côté opposé. Et on renouvelait l'opération aussi souvent que la hauteur de la meule le permettait. C'était pour moi un divertissement que monter une meule de cette manière.
Lucien Calatayud- Messages : 5485
Date d'inscription : 22/10/2010
Age : 94
Localisation : Bouniagues (Dordogne)
Re: Mémoires du "bled" durant le Protectorat
LUCIEN
Certains mettaient des bâches sur le bord desquelles étaient suspendus de gros cailloux pour éviter que le vent ne les emportent.
Certains mettaient des bâches sur le bord desquelles étaient suspendus de gros cailloux pour éviter que le vent ne les emportent.
Grostefan Alain- Messages : 14146
Date d'inscription : 03/11/2010
Age : 87
Localisation : Talence 33400
Re: Mémoires du "bled" durant le Protectorat
LUCIEN
Pour toi qui a connu ces lieux. Le vignoble de BOZZI était traversé par la voie ferrée.Il était donc aux premières loges pour la vinification. La cave était à une centaine de mètres de la voie ferrée. Tu peux retrouver tous les noms des agriculteurs des alentours. Je ne sais pas si tu as connu les TAULIER. Ils étaient deux frères ; René et Dédé (André). Les deux sont décédés mais la veuve de Dédé (Solange) est encore en vie. Elle était de Fès. Je suis en relation avec elle via internet.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
Pour toi qui a connu ces lieux. Le vignoble de BOZZI était traversé par la voie ferrée.Il était donc aux premières loges pour la vinification. La cave était à une centaine de mètres de la voie ferrée. Tu peux retrouver tous les noms des agriculteurs des alentours. Je ne sais pas si tu as connu les TAULIER. Ils étaient deux frères ; René et Dédé (André). Les deux sont décédés mais la veuve de Dédé (Solange) est encore en vie. Elle était de Fès. Je suis en relation avec elle via internet.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
Dernière édition par Grostefan Alain le Mar 5 Déc - 21:16, édité 2 fois
Grostefan Alain- Messages : 14146
Date d'inscription : 03/11/2010
Age : 87
Localisation : Talence 33400
Re: Mémoires du "bled" durant le Protectorat
ALAIN
J'avais tout au plus 10 ans quand nous avons quitté Aïn Taoujdat. Je n'ai donc retenu que quelques noms de propriétaires :
Tattet pour sa haute taille comme dirait un certain Victor. Valentin où un oncle travaillait comme commis et dont j'ai revu l'un des fils à Rosas. Guiol qu'on entendait gueuler à l'autre bout du village quand il jouait à la longue et qu'il lançait sa boule. Il souffrait de la goutte et se soignait aux piqûres d'abeilles plutôt que de se restreindre en bouffe et en pastis au comptoir du café Du Centre. J'allais à l'école avec Raimond et la fille du commis, souffre douleur de la maîtresse. Selve qui a cédé sa propriété à Beghin je crois, Cormier. J'allais à l'école avec l'un de ses fils. Vernet, Goigoux qui devait être parent avec Goigoux le boulanger. Marion, j'allait en classe avec Josiane sa fille. J'en oublie sûrement.
J'avais tout au plus 10 ans quand nous avons quitté Aïn Taoujdat. Je n'ai donc retenu que quelques noms de propriétaires :
Tattet pour sa haute taille comme dirait un certain Victor. Valentin où un oncle travaillait comme commis et dont j'ai revu l'un des fils à Rosas. Guiol qu'on entendait gueuler à l'autre bout du village quand il jouait à la longue et qu'il lançait sa boule. Il souffrait de la goutte et se soignait aux piqûres d'abeilles plutôt que de se restreindre en bouffe et en pastis au comptoir du café Du Centre. J'allais à l'école avec Raimond et la fille du commis, souffre douleur de la maîtresse. Selve qui a cédé sa propriété à Beghin je crois, Cormier. J'allais à l'école avec l'un de ses fils. Vernet, Goigoux qui devait être parent avec Goigoux le boulanger. Marion, j'allait en classe avec Josiane sa fille. J'en oublie sûrement.
Lucien Calatayud- Messages : 5485
Date d'inscription : 22/10/2010
Age : 94
Localisation : Bouniagues (Dordogne)
Re: Mémoires du "bled" durant le Protectorat
_________________
Amicalement - André Langlois (Jimmy)
Admin et Grostefan Alain aiment ce message
Re: Mémoires du "bled" durant le Protectorat
ANDRÉ
C'est ce type de tente que l'on appelle khaïma.
C'est ce type de tente que l'on appelle khaïma.
Grostefan Alain- Messages : 14146
Date d'inscription : 03/11/2010
Age : 87
Localisation : Talence 33400
Re: Mémoires du "bled" durant le Protectorat
JIMMY
J'ai déjà vu la photo où l'on trait la chèvre. Je crois me souvenir qu'il s'agit d'une photo prise en Algérie, à Bistra me semble-t-il. Je dois même l'avoir quelque part dans mon fouillis. Mais comme rien ne ressemble plus à une scène de bled nord africain qu'une autre scène de bled nord africain, toutes dans le même panier et makan mouchkil (pas de problème).
J'ai déjà vu la photo où l'on trait la chèvre. Je crois me souvenir qu'il s'agit d'une photo prise en Algérie, à Bistra me semble-t-il. Je dois même l'avoir quelque part dans mon fouillis. Mais comme rien ne ressemble plus à une scène de bled nord africain qu'une autre scène de bled nord africain, toutes dans le même panier et makan mouchkil (pas de problème).
Lucien Calatayud- Messages : 5485
Date d'inscription : 22/10/2010
Age : 94
Localisation : Bouniagues (Dordogne)
Grostefan Alain aime ce message
Grostefan Alain- Messages : 14146
Date d'inscription : 03/11/2010
Age : 87
Localisation : Talence 33400
Re: Mémoires du "bled" durant le Protectorat
ALAIN
Sans doute un granit imprégné de calcite. Mais comment expliquer sa présence dans pareil endroit. Un météorite tombé il y a des siècles ou des millénaires qu'on aurait déterré? Mystère!
Sans doute un granit imprégné de calcite. Mais comment expliquer sa présence dans pareil endroit. Un météorite tombé il y a des siècles ou des millénaires qu'on aurait déterré? Mystère!
Lucien Calatayud- Messages : 5485
Date d'inscription : 22/10/2010
Age : 94
Localisation : Bouniagues (Dordogne)
Grostefan Alain aime ce message
Page 38 sur 39 • 1 ... 20 ... 37, 38, 39
Sujets similaires
» L'Armée Française durant le PROTECTORAT
» BIENVENUE au "ROI de la BIERE" 1
» Autres Ecoles de la Région
» Jeux, Souvenirs et Articles d'école 1
» Divertissements, Humour 1
» BIENVENUE au "ROI de la BIERE" 1
» Autres Ecoles de la Région
» Jeux, Souvenirs et Articles d'école 1
» Divertissements, Humour 1
Page 38 sur 39
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum