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Le Journal d'Odette Derennes, Khénifra 1929

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Le Journal d'Odette Derennes, Khénifra 1929 - Page 7 Empty Re: Le Journal d'Odette Derennes, Khénifra 1929

Message  JACQUELINE ROMERO Dim 6 Oct - 11:55

BONJOUR ,
j'ai pris le temps de lire ce matin, toutes les pages de cette rubrique (tous ces temps derniers je n'avais pas pu le faire) et je dois dire un grand merci à JACQUES MERLIN de nous avoir posté ces lettres de sa Maman ; j'ai trouvé cela intéressant, surtout lorsque l'on a vécu au Maroc ; maintenant j'attends tous les jours "le facteur" ! ! :lol!: merci JACQUES
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Le Journal d'Odette Derennes, Khénifra 1929 - Page 7 Empty Re: Le Journal d'Odette Derennes, Khénifra 1929

Message  Ghislaine Jousse-Veale Lun 7 Oct - 3:43

Elles sont super ces lettres, n'est-ce pas Jacqueline? Et ce tableau de la femme du commandant du poste absolument magnifique.
Merci Jacques.
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Le Journal d'Odette Derennes, Khénifra 1929 - Page 7 Empty Re: Le Journal d'Odette Derennes, Khénifra 1929

Message  Jacques Merlin Lun 7 Oct - 7:22

Bonjour,


Coup de chance, le facteur apporte deux lettres !

"Plus qu'un mois de séjour à Khénifra"...
Suite:

---------------

Mardi 14 janvier 1930 -

René est rentré hier de la chasse avec, pour lui, deux lièvres et quatre perdreaux.
Nous avons offert un lièvre au sergent qui nous envoie des gâteaux et un autre à Madame B. Je lui ai porté ce matin et cela lui a fait plaisir.
Elle m’a priée de dire à René de venir voir son mari souffrant, et m’a invitée à lui rendre visite cet après-midi. J’ai décliné son invitation, étant déjà invitée par l’épouse d’un lieutenant… J’irai la voir jeudi, elle donne un thé ce jour-là.

Comme prévu, à 15h30 je suis allée chez la femme du Lieutenant A. (de la Légion).
Elle est toute jeune et pas mal. Elle est exactement peignée comme moi, avec l’ondulation électrique en plus.
Elle ne l’a pas fait faire depuis un an, et cela tient encore très bien. Elle en est très satisfaite.
Dans un an, elle partira au Tonkin.

En rentrant, j’ai trouvé le foie de J.-J. et différentes lettres (une fort gentille de Madame de B., une de Lolotte, une carte de Wanda, une lettre de Madeleine S.).

René vient d’aller voir le Capitaine B.

Je vous envoie des photos de Peney et René. C’est un lieutenant qui m’a fait danser chez les J., qui m’a arrêtée cet après-midi pour me les offrir. Ce n’est pas trop mal fait comme photo et je vais lui demander de me développer les miennes (bien entendu en les payant). Autrement, je m’adresserai à un légionnaire.

-----------------

Mercredi 15 janvier 1930 -

Plus qu’un mois à rester à Khénifra.

Le temps était très couvert ce matin ; Vers 11 heures, heureusement, le soleil s’est mis à taper et à taper d’importance.

Avant d’aller au souk, je suis allée porter une dépêche à votre intention, dans laquelle j’indique qu’il est tout à fait inutile de m’envoyer le travesti. Le bal sera bien donné au Cercle Militaire, mais pas costumé, certaines femmes ont fait des chichis…
J’espère donc que cette dépêche lancée ce matin, vous arrivera vite et cela pour empêcher le dérangement que ma lettre aurait pu vous donner.

Je vais ce soir, écrire à JJ pour le remercier de la grande boîte de pâté de foie qu’il a eu la gentillesse de nous envoyer ; je ne l’ai pas encore ouverte.

Ce matin, je suis allée au souk, j’y ai rencontré le Lieutenant D. (photos) et le capitaine du Génie. J’ai demandé au premier s’il voulait bien développer mes photos – il m’a répondu qu’il avait un adjudant qui les lui développait très bien et qu’il me le ferait avec grand plaisir.
J’ai pris déjà douze photos – ce matin, j’ai pris un groupe de gosses, de fatmas, le souk aux tapis – puis une vue un peu générale de Khénifra avec la Table Zaiane, la Kasbah et le souk. Vous vous aurez ainsi un aperçu de Khénifra.

Le capitaine du Génie avait acheté des peaux de genettes : les trois pour six francs, c’est donné… Il m’en a offert une…

Vers 15 heures, je suis allée aider Mme J. à terminer ses rideaux ; je lui rendrai ainsi un peu toutes les politesses qu’elle me fait. Le travail consiste à border des rideaux de tulle splendide (90 francs le mètre).
Toute sa maison est dans les plâtras : elle fait mettre une baie vitrée entre le salon et la salle à manger – cela va être encore plus grandiose.
Elle m’a reçue, avec Madame C., dans sa chambre et nous a montré un drap brodé qu’elle a confectionné et qui est vraiment très beau – elle va m’enseigner la broderie. Elle a de plus, de très jolis napperons.
Nous avons pris le thé, puis, vers 19 heures, un Asces m’a raccompagnée « Je ne voudrais pas que le Colonel ait des ennuis ; imaginez s’il vous arrivait quelque chose » m’a-t-elle dit.

René a eu, hier, une journée éprouvante – la veille à 21 heures, la femme d’un sergent a eu une crise d’éclampsie – il est resté auprès d’elle jusqu’à une heure du matin, le reste de la nuit, il n’a pu dormir, préoccupé par son cas.
Nouvelle crise à 9 heures le lendemain matin, la malade est tombée dans le coma. Aussitôt, René a téléphoné à B. pour qu’il lui envoie un avion sanitaire. Vers 13 heures, la malade toujours dans le coma, à été transportée à Meknès.

-------------------------

A suivre...
Cordialement.
J. Merlin
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Message  Grostefan Alain Lun 7 Oct - 9:23

Je bois littéralement les écrits de Mme DERENNES tant ils sont passionnants.
Madame DERENNES écrit "René a pris un bain sulfuré pour sa gale".
Sarcopte (agent de la gale)
Le Journal d'Odette Derennes, Khénifra 1929 - Page 7 Sarcop11.................Le Journal d'Odette Derennes, Khénifra 1929 - Page 7 Scabie11
Scabies sur les mains (les petites "bêtes" du cliché précédent pénètrent sous la peau ce qui provoque des démangeaisons)[/center]

"La fatma".
Comme beaucoup d'entre nous, nous employons ce terme pour désigner la bonne ou la femme de ménage. Or Fatma est un prénom féminin.
En métropole on désignait encore, il n'y a pas si longtemps, la bonne par "la Marie" même si celle-ci avait son propre prénom.
"Les fatmas"
Terme générique ici pour désigner les femmes autochtones.
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Message  Admin Lun 7 Oct - 11:34

En janvier 1930, Mlle Odette Derennes  est allée au souk de Khénifra... Voici le souk photographié fin 1925. On peut supposer que c'était au même endroit en 1930...

Elle écrit aussi que dans un mois (en février 1930 certainement...), elle quittera Khénifra... Dommage...!!!
Peut être nous annoncera-t-elle qu'elle continue son périple quelque part en AFN et continuera ainsi à tenir à jour son carnet de voyage...???  

Le Journal d'Odette Derennes, Khénifra 1929 - Page 7 Sap10_10...Le Journal d'Odette Derennes, Khénifra 1929 - Page 7 Souk_k10
Le souk hebdomadaire de Khénifra - Illustration Arlaud, Georges Louis (photographe) - Crédit photo Ministère de la culture (France), Médiathèque de l'architecture et du patrimoine, diffusion RMN

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Message  Jacques Merlin Mer 9 Oct - 17:16

Bonjour à Tous,

Ma mère va assister à un vol qui la marquera à jamais. De son vivant elle m'en parlera souvent...

Suite :
-------------------------

Jeudi 16 janvier 1930 -

Un soleil de plomb ! Les beaux jours reviennent.
C’est bien simple, nous avons eu seulement une semaine de temps froid et incertain.
Je vous assure que cela fait plaisir de voir ce soleil.
Je sais par les nombreuses lettres que je reçois que vous n’êtes guère favorisés en France et qu’il pleut, parait-il, tout le temps.
Depuis mon arrivée, je suis presque toujours sortie en taille.
A part un jour où deux, nous avons toujours déjeuné à midi, porte et fenêtre ouvertes.

Ce matin, je suis allée me promener le long de l’Oued et ai photographié des enfants et des femmes portant des cruches.

Les gosses ramassaient de nombreuses sauterelles, elles sont, dit-on, à un kilomètre d’ici et vont probablement passer aujourd’hui, à moins qu’elles ne faussent compagnie à Khénifra.
Je ne voudrais pas partir d’ici sans avoir vu ce phénomène...

Les habitants ont déjà pris des précautions : tous les jardins potagers sont recouverts de bâches.

Cet après-midi, j’irai faire le catéchisme avec Madame B., puis rendre visite aux C.. René viendra m’y retrouver.

Je m’arrête car il faut que j’aille faire ma chambre et mes souliers.

Votre lettre ne nous est pas parvenue hier, espérons que cela sera pour aujourd’hui.
Mille baisers pour tous sans oublier Guy, Gaby, Lily, Pépé.


Odette


----------
Voir ces liens :
http://www.cinemantik.com/?p=2465



--------------------

Vendredi 17 janvier 1930 -

Hier, toute la population a été alertée du fameux vol de sauterelles qui progresse vers Khénifra.

A 13 heures, dans le ciel, sont apparus de longs nuages.
Comme prévu, je suis allée faire le catéchisme, Madame B. est arrivée pour m’aider ; Les officiers présents ont alors décidé d’aller voir le vol sur la place du souk ; Madame B. qui en avait déjà vu un, m’a proposé de les accompagner et de me remplacer pour le catéchisme.
Nous avons donc observé ce phénomène qui se produisait assez loin.

Au retour, je suis allée comme prévu, avec mon ouvrage, chez Madame C.
Le Lieutenant est arrivé et nous a dit : « Venez, nous allons voir les sauterelles ! ».

Un Moghazni conduisait l’auto et dix Asces nous suivaient à cheval car on s’enfonçait vers la dissidence.

Je peux dire que j’ai eu de la chance, car ce phénomène ne se passe en général que tous les dix ans !
Après avoir roulé quelques kilomètres, nous sommes arrivés au bas des montagnes qui étaient complètement rouges. Dans le ciel, des milliards et des milliards de grosses sauterelles rouges s’enfuyaient vers une même direction.
Le sol, constellé de leurs excréments en était jonché.
C’est un spectacle vraiment unique.
Je ne peux pas mieux vous le comparer ; au soleil, ces myriades de sauterelles ressemblent à des flocons ténus de neige…
Les jujubiers, petits arbrisseaux du Maroc, étaient très étonnants à observer : tous rouges - on aurait dit que d’énormes grappes rouges pendaient à ces arbres…

Hier soir, nous avons reçu ta lettre, ma chère Maman et celle de Lily.
Merci beaucoup. Elles nous ont fait bien plaisir.
Alors, ma chère Lily, est-ce le plaisir de conduire l’auto ou bien la perspective du bal avec S., R., etc., qui te rendent si excitée ?

Ce jour, je reçois votre lettre du 15 janvier dans laquelle vous me parlez du travesti - Cela m’ennuie de vous avoir donné tout ce tracas pour rien, enfin j’espère que ma dépêche sera arrivée à temps avant l’envoi du paquet…

Vers dix heures, je suis allée me promener et, en rentrant, suis allée dire bonjour à Madame C. qui travaillait dans son jardin. Elle m’a donné un beau bouquet de mimosas, violettes et roses.

Quel temps ! Hier, 43° au soleil ! Cela commence à chauffer : c’est la température d’un mois de juillet en France.

J’ai déjeuné seule.

La famille C. m’attendait à 13 heures à la chasse aux petits oiseaux.
Nous sommes partis avec un moghazni, et la première alouette que j’ai visée, a été tuée ! Je deviens un As.
Nous avons pris ensuite des photos. Sur l’une, j’ai le fusil en main et l’alouette tuée...

Au retour, nous avons aperçu Khénifra dans un nuage de fumée et, au-dessus, un grand vol de sauterelles : quel fléau !
Le ciel était obscurci, la place Zaïane, en centre-ville, était constellée de sauterelles rouges. Autour des différentes habitations, on avait allumé des feux pour les faire partir. Les indigènes, armés de bambous les chassaient, mais bien inutilement car elles étaient des milliards, par myriades. D’autres indigènes, armés de cuivres et chaudrons, faisaient un tintamarre de tous les diables (le bruit les chasse, parait-il ?). En tous cas, le vol qui avait au moins quinze kilomètres de long, une heure après, était très haut dans le ciel et se dirigeait vers le nord.
Vers 16 heures, au coucher de soleil, elles ont fait demi-tour, sont repassées sur Khénifra et sont revenues à l’endroit où nous les avions vues hier avec les C.
Je suis bien contente malgré tout d’avoir assisté à ce phénomène très rare.

On peut dire que c’est une véritable plaie, les indigènes étaient accablés : voyez-vous, c’est la perte de toutes leurs récoltes.

En rentrant de la chasse, nous sommes allés les C. et moi chez les J..
Madame J. travaillait avec deux dames sur une terrasse qui entoure son jardin. Que c’est joli !

J’ai fini son rideau. Elle m’a demandé si je ne pouvais pas lui donner la recette du pâté de foie. Si par la même occasion, vous pouviez m’en envoyer un, pour le lui faire goûter…, je lui rendrais ainsi la politesse, car elle est vraiment bien gentille pour moi.

Tu me poses différentes questions, j’y réponds :

- Peney n’était pas à l’invitation J., il était en tournée ; d’ailleurs, il ne danse pas…

- Père de Kebab :
kebab = poste situé près de la dissidence.
Le dernier Père qui est venu dire la messe, n’était pas celui de Kebab, mais celui de Meknès.
Le Père de Kébab s’occupe surtout de faire le toubib et c’est ce qu’on lui reproche.
Ainsi le Père de Meknès me disait : « C’est extraordinaire qu’il ne soit pas venu dire une messe le 25 décembre alors qu’il est à 30 kilomètres de Khénifra… !»
Je crois qu’il y a des histoires avec les J. que je n’ai pas encore vus à la messe, ni lui ni son épouse… Chaque fois, Madame J. trouve une bonne excuse expliquant leurs absences…

- Tout le monde a trouvé ma petite robe à fleurs très jolie.

- Madame B. est l’épouse du Capitaine des Spahis (c'est leur Chef) ; elle a 38 ans, pas d’enfants. Monsieur a été officier d’ordonnance du Maréchal Lyautey et présente fort bien surtout lorsqu’il est en tenue rouge. Je ne sais si vous connaissez cet uniforme.

-  Comme officier, il y a le Lieutenant M., corse algérien, qui s’est occupé de faire venir pour René des poufs de Marrakech. Ils sont splendides (couleur café au lait et tête de nègre), de forme carrée. Le pouf bleu de Madame C. est moche à côté de ceux-là. Il est vrai qu’ils coûtent quelque chose : 280 francs pièce, soit 560 les deux.
René va avoir, je vous assure, un joli intérieur avec les nombreux tapis qu’il a.
Il rentre à l’instant avec un tapis qu’on vient de lui confectionner à Allamam : il est très joli avec des losanges noirs sur fond blanc (600 francs). C’est un genre de tapis haute laine.

Je souhaite que Tonton ne se fatigue pas trop ; il serait même à souhaiter qu’il ait un peu moins de malades car autrement, cela sera au dépend de sa santé.

Nous avons enfin reçu une lettre de Tante, et une longue lettre de Marcelle qui partait pour Paris. Je vous envoie par la même occasion un « bon de colis gratuit ».
Je vous quitte car je vais à 15 heures chez Madame B. pour un thé. Mille bons baisers de nous deux.

Odette
P.S. Peney a porté hier un plum-cake que sa mère lui a envoyé.
Pourquoi V. n’a-t-il pas mis une dédicace pour Lily ?

--
--------------------

A suivre...
Cordialement.
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Message  JACQUELINE ROMERO Mer 9 Oct - 17:56

personnellement, j'ai assisté à une invasion de sauterelles entre 1945 et 1950, je ne me souviens pas de la date) et c'est exact que c'est spectaculaire, par contre j'ai vu des marocains les faire griller et les manger, il parait que c'est bon !.. je n'en ai jamais goûté ! !
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Message  Lucien Calatayud Mer 9 Oct - 18:13

JACQUELINE

Moi oui, j'ai mangé des sauterelles grillées et j'en ai même fait manger au internes du lycée alors que nous étions en promenade un dimanche dans la campagne. C'est ni bon ni mauvais. Difficile à définir: Un goût d'os brûlé ou quelque chose d'assimilable. ]
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Message  Grostefan Alain Mer 9 Oct - 19:09

J'ai vu au moins trois fois ces vols immenses de sauterelles. Quand j'étais enfant à Chbabat, puis en 1955 à Tiouzaguine et enfin en 1958 à Jorf. C'est marrant - façon de parler - quand elles sont fatiguées, les sauterelles planent en écartant leurs quatre ailes.
Il vaut mieux se munir d'un parapluie car elles défèquent en volant et comme elles sont des milliards, c'est une véritable pluie qui s'abat. A Tiouzaguine elles s'étaient posées pour passer la nuit de chaque côté de l'oued Ghéris. Le lendemain matin il ne subsistait aucune feuille ou tige tendre dans les champs de luzerne et autres plantations au grand désespoir des ksouriens. Autre remarque, elles s'agglutinaient les unes aux autres pour former un pont sur l'oued étroit en cet endroit (tout près de sa source). Leurs ailes étaient encore humides de la rosée nocturne.
Les autres en profitaient pour traverser espérant trouver pitance sur l'autre rive. Quand le soleil eut réchauffé leurs ailes, elles repartirent vers d'autres lieux. Certaines avaient pondu durant la nuit et bientôt apparaîtrait un autre fléau : les criquets.
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Message  Admin Mer 9 Oct - 19:31

Le Journal d'Odette Derennes, Khénifra 1929 - Page 7 1920_l10...Entre les années 25 à 30 - invasion de sauterelles entre Kasba Tadla et Khénifra - un vrai fléau, tel Attila, qui détruisait en une journée, toute une région...
Je me souviens d'une invasion en 48 à Meknès...triste souvenir.

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Message  Lucien Calatayud Jeu 10 Oct - 9:59

BONJOUR TOUT LE MONDE


Il fallait faire très attention avant de manger des sauterelles parce que, dès qu'elles se posaient, on épandait du son empoisonné. Ce qui ne les empêchait pas de s'accoupler et de pondre dans le sol (et non en surface du sol). Quelques jour après, les criquets se rassemblaient et déferlaient telle une vague dévastatrice dans un bruit comparable à celui d'une herse. De nouveau, nous épandions de pleins camions de son empoisonné que nous allions chercher à la cave des Aït Soualah. Nous faisions aussi appel à la tribu berbère la plus proche. Un groupe de cavaliers parcourait alors de long en large au grand galop et en véritable débandade le vignoble et le parc. Les sauterelles ne faisaient que se déplacer, voltigeant de-ci, de-là. Et quand la séance d'équitation était terminée, sans grand résultat d'ailleurs, on pouvait compter les oranges qui restaient encore accrochées à leurs branches? Un ravage qui n'était pas à attribuer aux bestioles mais à celui des cavaliers qui s'étaient très largement rétribués pour le dérangement.Very Happy Very Happy 
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Message  Crémault Marie Joëlle Jeu 10 Oct - 12:17

LUCIEN, je réponds sur tchatche
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Message  Langlois André Ven 11 Oct - 13:24

La mode au féminin en 1930

Après la mode garçonne et l'apologie du progrès qui ont marqué les années précédentes, la décennie montre un retour à la féminité et aux valeurs classiques
Les difficultés économiques et politiques, les mouvements sociaux ou la concurrence du prêt-à-porter, provoquent des changements dans la mode. Les vêtements deviennent plus simples, moins chers. On cherche à suivre les goûts des femmes plutôt qu’à les infléchir. Les copistes ou les petites couturières à façon connaissent un regain d’activité et, dans le domaine du luxe, se développent les « boutiques » ou des collections fabriquées d'avance.
Il existe près de quatre-vingt maisons de haute-couture à Paris, et au final, c’est plutôt le vêtement standard qui subit des contraintes.

Extrait de texte de Valérie Douniaux , Fév, 24 2012 | Nom Jul, 08 2013 | 0

Défilé de mode en 1930 à Paris
Le Journal d'Odette Derennes, Khénifra 1929 - Page 7 La_mod11

Chez le coiffeur, c'est l'ère de l'ondulateur électrique et du bigoudi. Le cheveu est court, bien tenu, en vagues ondulatoires  très gracieuses...
Le Journal d'Odette Derennes, Khénifra 1929 - Page 7 Pierre10..Le Journal d'Odette Derennes, Khénifra 1929 - Page 7 Bob210..Le Journal d'Odette Derennes, Khénifra 1929 - Page 7 1930_c10

Chez le modiste, la coiffe se porte souvent sur le côté, le chapeau est fleuri ou enrubanné, la femme est féminine jusqu'au bout des cheveux et des cils...
Le Journal d'Odette Derennes, Khénifra 1929 - Page 7 Chapea10..Le Journal d'Odette Derennes, Khénifra 1929 - Page 7 52860211

Sources : http://album.aufeminin.com/album/810190/la-mode-des-annees-folles-19280228.html

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Message  Lucien Calatayud Ven 11 Oct - 13:38

JIMMY

Des tenues et coiffures passées de mode c'est sûr mais, quelle féminité!
De belles silhouettes qui me transportent aussi au temps du charleston!Very Happy
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Message  Jacques Merlin Ven 11 Oct - 14:05

Bonjour à Tous,

Merci pour vos commentaires et illustrations.

Suite :


----------------------

Lundi 20 janvier 1930 -

Le soleil n’a pas paru aujourd’hui, hier d’ailleurs non plus.

Hier Dimanche, à 13 heures 30, Madame B. est venue me chercher pour aller faire le catéchisme à l’Hôtel de France.
Nous nous sommes partagé les gosses : elle a pris les enfants de la première communion et moi les petits de 5-6 ans.
J’ai passé mon temps à leur apprendre le signe de croix, ce qui n’est pas petite affaire, car ils confondent leur gauche et leur droite… Ensuite, je leur ai parlé du petit Jésus, de l’endroit où il est né etc.
C’est amusant d’entendre les réflexions qui sortent de leurs petites bouches.

René est parti, vers midi en auto, à la chasse avec le Lieutenant C., le Véto et un Asces.
Quant à moi, après le catéchisme, je suis allée chez Madame C.

Avec sa sœur, nous sommes allées faire une promenade bien entendu, pas loin de Khénifra.

En rentrant, on a pris le thé et joué ensuite au Mah-jong. J’ai perdu 3 f 50. On jouait 10 sous à chaque partie. Ces dames y jouent d’une façon très intelligente, mieux que nous à Bordeaux.

René est rentré de la chasse avec quatre perdreaux et un lièvre. On en a envoyé un au Capitaine B. qui est malade.

Aujourd’hui lundi, il a fait frais, ce qui ne m’a pas empêchée d’aller à la chasse avec la sœur de Madame C.
Nous sommes parties à 10 heures et rentrées deux heures après.
Madame voulait nous faire accompagner par un Asces mais nous avons jugé que c’était inutile ayant promis de ne pas nous éloigner de la piste.
Je progresse : trois alouettes tuées sur six coups tirés.
Nous avons rencontré un gosse indigène qui a été bien gentil. Il a porté les boîtes à cartouches dans le capuchon de son burnous, ainsi que les oiseaux et les champignons de Paris que nous trouvions sur notre route. Malheureusement, ces derniers sont un peu gros. C’était pour Madame C.

Les indigènes sont étonnants ici, ils ont un flair incroyable et aperçoivent des gens ou des choses que toi, tu ne vois pas… On voit qu’ils sont de leur pays. Ainsi le « muchacho » nous indiquait les oiseaux et nous trouvait tout ce dont nous avions besoin. On parlait par signes bien entendu.

René a un peu de bronchite aujourd’hui. Il a dû attraper froid à la chasse hier ; l’infirmier est venu lui mettre des ventouses, et il prend du sirop pour calmer sa toux ; il y a en ce moment beaucoup de malades : angines, rhumes…

--------------

Mardi 21 janvier 1930 -

Le soleil a reparu et chauffe bien.

Je suis sortie de bonne heure, il faisait délicieux.
Je suis allée seule à la chasse. J’ai mieux tiré : trois alouettes sur quatre coups tirés !

Hier soir, nous avons bu une bouteille de champagne à trois et ensuite Peney nous a chanté différentes chansons et même des airs d’opéras : Il a une fort jolie voix, surtout pour n’avoir jamais pris de leçons ; elle est très claire et nuancée et il réussit surtout dans les chansons sentimentales. Mais pour arriver à avoir la voix claire, il lui faut boire du champagne ou bien deux ou trois « Bergers » comme il dit…

Cet après-midi, je suis allée voir Madame B., je n'y suis pas restée car elle devait faire une visite à la femme du Capitaine D. J'y reviendrai donc demain si je n'ai pas d'empêchement.

J'ai reçu une lettre de M. M., qui est gentille mais écrite dans un drôle de style, tout à fait le style commercial : « j'ai reçu votre estimée du 25 courant... etc. ».

Je conserve cette missive comme pièce rare...

Un indigène a offert à René une gargoulette en poterie de Marrakech. C'est une sorte d'urne qui sert à mettre l'eau au frais. Elle est vraiment très originale.

------------------------


A suivre...
Cordialement.
J. Merlin
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Message  Lucien Calatayud Ven 11 Oct - 15:39

JACQUES

C'est toujours avec le même réel plaisir que je parcoure les lettres de ta maman. J'éprouve d'autant plus d'émotions que tout ce qu'elle décrit se déroule l'année même de ma venue au monde. Ce qui explique ma hâte d'apprendre ce qui se passait précisément au mois de mai. Si tant est que son séjour au Maroc se soit prolongé jusque là.
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Message  Jacques Merlin Sam 12 Oct - 7:27

Bonjour à Tous,

Hélas Lucien, on ne va pas tarder à penser à faire la valise et, pour mon oncle René, à mettre les tapis en caisse... Il arrive à la fin de son séjour...

Suite :

-----------------------------

Mercredi 22 janvier 1930 -

Journée merveilleuse - dès 8 h 30. Je me suis levée pour aller à la chasse aux petits oiseaux avec la sœur de Madame C. Nous avons fait bonne cueillette : une quinzaine d'alouettes que j'ai portées à Madame B. car elle les aime beaucoup parait-il.

L'après-midi, je suis allée prendre le thé chez celle-ci et nous avons travaillé en causant jusqu'à 19 heures, heure à laquelle le maître-tailleur est venu prendre les mesures pour faire au Capitaine une ou deux culottes de cheval à 600 francs pièce, je crois. A ce prix, drap et coupe devraient être épatants.

Je croyais recevoir votre lettre aujourd'hui et la trouver en arrivant, mais rien. Cela sera probablement pour demain.
Nous avons reçu seulement une de vos lettres contenant des lettres de Clémence, Gillette, André. Merci beaucoup. Par la même occasion, j'ai reçu une lettre de Marcelle V.

René est toujours assez patraque. Il traîne une bronchite et tousse un peu malgré les ventouses et le sirop absorbé.
Aujourd'hui, cela a l'air d'aller mieux. Il tousse moins et a pris une bonne purge...

Peney a reçu de ses parents une boîte de chocolats de chez Dominique-Biarritz. Ils étaient excellents et Peney n'a eu de quitte que lorsque nous les avons eu tous mangés...


Le Journal d'Odette Derennes, Khénifra 1929 - Page 7 Dom10
" Le chocolat DOMINIQUE de Biarritz, dans toute son exquisité "…

Le premier soir, on a liquidé la première couche, le deuxième a vite suivi...

J'espère que vous êtes tous en bonne santé ainsi que Guy et Gaby.
Avez-vous trouvé pour le Cabinet de Tonton, l'infirmière désirée ? Je l'espère bien pour vous tous.

René et moi vous embrassons bien fort.
Odette

---------------------

Jeudi 23 janvier 1930 -

Il fait un temps très gris mais pas froid.
Tous les matins, nous allons à la chasse et je fais des progrès.

Cet après-midi, je suis allée chez Madame J.

A la porte, l'Asces m'a dit dans son charabia qu'elle était dans le jardin.
Je m'y suis rendue et j'ai été appelée par Madame J. qui était chez sa voisine Madame C. (épouse de l'adjoint de J.).
J'y ai trouvé différentes dames qui prenaient le thé. La maison est située dans le parc des J.
A un moment, Madame J. m'a glissé qu'elle voulait nous avoir à dîner René et moi avant notre départ.

On a travaillé, écouté le phono, et vers 18 heures pris l'apéritif.
Entre temps, nous sommes allées visiter le jardin de Madame J. Il est épatant et possède un grand choix de fleurs depuis les iris, les roses, jusqu'aux aloès etc.
Une vingtaine d'indigènes, la plupart étant prisonniers, les fers aux pieds, y travaillent toute la journée.... C'est d'une propreté méticuleuse.
Avant que je parte, Madame Jacquet m'a offert un bouquet d'iris et de roses et la sœur de Madame C. m'a cueilli un gros bouquet de violettes.
Vous ne pouvez pas vous figurer combien cela me fait plaisir, les fleurs dans ce pays étant plutôt rares.

-------------------------

A suivre...
Cordialement.
P.S. Merci à l'Equipe de Planète Musée du Chocolat
à Biarritz, pour l'illustration.
Jacques Merlin
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Message  Langlois André Sam 12 Oct - 21:43

Le calendrier de l'année : Quelques almanachs des Postes et Télégraphes parus en janvier 1930, tirés du Net...

Le Journal d'Odette Derennes, Khénifra 1929 - Page 7 586_0010...Le Journal d'Odette Derennes, Khénifra 1929 - Page 7 854_0010
Le Journal d'Odette Derennes, Khénifra 1929 - Page 7 924_0010...Le Journal d'Odette Derennes, Khénifra 1929 - Page 7 Cueill10

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Message  Jacques Merlin Lun 14 Oct - 23:41

Bonjour,

Le retour est évoqué...
Hors service, la vie de garnison continue...

Suite :
-------------------------

Samedi 25 janvier -

Une vilaine journée en perspective ; il pleut et dans Khénifra, il y a une boue terrible ; on s'enfonce dans la mélasse avec un plaisir inouï...

Nous sommes allées avec la sœur de Madame C. au souk, déserté vu le temps, enfin, cela nous aura fait une promenade hygiénique avant le déjeuner...

J'ai reçu une lettre d'A.M. P. très gentille, alors que je ne lui avais envoyé qu'une simple carte.

Le Colonel J. nous a fait dire par Madame C., que nous ne pouvions aller prendre le thé chez eux, son épouse étant souffrante ; elle ne pourra pas nous recevoir à son grand regret.
Il me demandait de vouloir bien le faire dire à Mme B., c’est ce que j’ai fait.


Le départ va vite s’approcher.
Déjà René a fait préparer des caisses pour ses tapis, une petite caisse pour emporter une suspension marocaine qui n’est vraiment pas mal et qu’il serait dommage de laisser.

René compte s’embarquer le 29 février, sur je ne sais quel bateau. Il aura fini le 15 – nous quitterons assez probablement Khénifra, vers le 18 ou 20, afin de visiter quelques villes du Maroc : Meknès – Fez (célèbre surtout pour ses souks), Rabat (Résidence) et nous irons même jusqu’à Marrakech qui est à 200 Km de Casa. Il parait que ce serait une folie de partir du Maroc, sans avoir vu Marrakech qui est de toute beauté au point de vue indigène je crois.
René est bien gentil de vouloir me donner ainsi un aperçu de tout le Maroc – J’aurais voulu voir cependant, des dunes de sable comme dans l’Atlantide, mais il faut parait-il aller à Mogador, encore plus au sud de Marrakech.

------------------

Dimanche 26 janvier 1930 -

Il fait un vent ce matin, à décorner des bœufs… C’est du lit que je vous écris.

René vient de partir à l’hôpital – il va falloir que je m’habille ayant, à 10 heures, le catéchisme. Pour le dimanche, nous en avons changé l’heure, car autrement, à 13h30, cela nous coupait l’après-midi.

Ce soir, je dois aller faire une partie de Mah-jong chez les C. et me faire plumer assez sûrement, puis nous irons à une diffa qui sera suivie de danses exécutées par des Chiratas*.

Un sale temps, donc - C’est une série de mauvais jours ; certains annoncent que cela durera peut-être dix jours !

Par une pluie battante, nous sommes allées faire le catéchisme. Heureusement qu’il n’y a pas de distance à Khénifra. Les gosses apprennent péniblement leurs prières – à des enfants de 5 à 6 ans, on ne peut pas demander beaucoup – ils savent juste leur « je vous salue » - les mamans devraient nous aider un peu – il faut les excuser, presque toutes sont tenancières de café -

L’après-midi, nous étions invités, Peynet, René et moi, chez les C.
Le lieutenant est venu nous chercher dans sa conduite intérieure car les rues de Khénifra (si cela peut s’appeler des rues) sont tout à fait impraticables. Heureusement que j’avais mis mes chaussures aux semelles de crêpe. Qu’est-ce que cela aurait été autrement ? D’ailleurs, toutes les dames, qu’il fasse beau ou mauvais, sont équipées de même.
Les C. avaient aussi invité : l’Ingénieur des Travaux Publics, son épouse et leurs deux gosses – On a constitué une table de bridge, et joué au Mah-jong et au Nain Jaune – bien entendu on jouait assez gros.

Le soir, comme je vous l’ai dit dans ma lettre précédente, nous sommes allés à la diffa – M. et Mme C. n’étant pas très bien, ne se sont pas joints à nous. René n’a donc amené que la sœur de Madame, avec laquelle je m’entends très bien. Étaient aussi invités quelques officiers, dont Peynet, le capitaine-payeur, le Véto et le Lieutenant D.
Cette diffa a été moins bien que les précédentes au point de vue repas, cependant, un bon entrain a régné durant tout le dîner suivi de danses. Les Chirates* n’étaient pas mauvaises puisque nous ne nous sommes retirés qu’à la nuit noire ; heureusement que ces messieurs possédaient des lampes de poche.  

----------------
* Chikhates
Voir ce lien :
https://www.dailymotion.com/playlist/x1ihmy_anadam77_chikhat-khenifra/1#video=x7wnz7

---------------------------
A suivre...

Cordialement.
J. M.
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Message  Grostefan Alain Mar 15 Oct - 19:28

Le Journal d'Odette Derennes, Khénifra 1929 - Page 7 Ch110
Les "chikhates", artistes pionnières du Maroc, sont à la fois les femmes les plus aimées et les plus marginalisées! Et ceci pour une seule et même raison : leur liberté ! Liberté des moeurs et liberté de ton qui leur permettent, à elles seules, de chanter l’injustice et le sort des femmes. Avec des mots simples, Shikha Aïcha m’a résumé cette situation : « notre vie est semblable à cette bougie qui brûle et se sacrifie pour que les autres voient ! »
Une chikha, signifie littéralement chanteuse professionnelle . Jusqu'aux années 50, les rares femmes qui chantaient devant une audience mixte étaient des chikhates que le public associait au divertissement dans toutes ses dimensions et formes. Ces femmes chantaient et dansaient dans les fêtes de la communauté (moussems) ou à l'occasion d'un baptême, une circoncision ou un mariage. Elles sont portées généralement vers le chant et la danse et accessoirement vers les percussions d'accompagnement sous la forme du fameux petit tambourin (ta'rija).
Elles ont souvent beaucoup sacrifié de leur vie pour exercer ce métier et parfois même tout perdu: jeunesse, beauté et argent. Il en restera que grâce à elles, un immense répertoire de la tradition musicale populaire est préservé et même fructifié, et un métier se retrouve reconnu par une audience et une société qui avait assigné la chikha au rôle de "voleuse de maris".
Texte du Net
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Message  Jacques Merlin Mer 16 Oct - 7:30

Bonjour à Tous,

Merci Alain pour ces précisions.

La vie au Poste de Khénifra continue, mais l'épouse du colonel a quelques problèmes...
...Heureusement "le docteur" est là...

Suite :
---------------------------

Lundi 27 janvier 1930 -

A mon réveil, j’ai été tout à fait surprise en même temps qu’enchantée – Toutes les montagnes qui entourent Khénifra, et entre autres la Table Zaïane, étaient couvertes de neige. C’est la première fois que je voyais de si près ce spectacle grandiose -
Dehors, un temps excessivement froid. Je crois que cela a été le jour le plus froid que nous ayons eu à Khénifra. Ce qui ne m’a pas empêchée d’aller chasser avec mon ensemble de laine et mon manteau beige sans fourrure.
C’est un froid très sec : le froid des montagnes.

L’après-midi, je suis allée chez Madame B. qui est toujours aussi aimable. Son mari est resté avec nous et nous avons causé de choses et d’autres.

-----------------------

Mardi 28 janvier 1930 -

Il y a beaucoup de malades à Khénifra en ce moment. Madame J. a attrapé, René et Peney le pensent, la diphtérie. Bien entendu, ils l’ont piquée avec du sérum, après avoir établi leur diagnostic. La première injection faite par Peney, d’après elle, a été fort douloureuse… A tel point "qu’elle préférait mourir plutôt que d’en avoir une deuxième…"



René, alors, a dit aujourd’hui au Colonel que si les piqûres cessaient, il dégagerait toute sa responsabilité. De ce fait, le Colonel a employé auprès de son épouse une méthode persuasive, en l’appelant « Mon Lapin, Mon Trésor… », Madame J. ne l’en a pas moins envoyé promener pour autant…

René, alors, lui a dit : « je vous promets, Madame, de ne pas vous faire mal » et pour cela lui a frictionné avec de l’éther la région ventrale à insensibiliser.

Elle n’a rien senti et René va avoir l’air du Dieu sauveur…


La correspondance ne se fait plus depuis trois jours. Nous n’avons reçu ni lettres ni journaux.

Le poste d’Ito est bloqué par la neige et cela empêche par suite tout contact entre Meknès et Khénifra.
Ceci vous expliquera peut-être le retard apporté à mes lettres.


Aujourd’hui, à midi, j’ai joué aux cartes avec M. Peney, à la « Bataille » et je vous assure qu’on jouait gros… En moins d’un quart d’heure, je lui ai gagné 6 francs que René s’est empressé d’empocher pour se payer soi-disant des cigares…

Il pleut sans arrêt et le ciel est très gris. Demain, changement de lune.

Cet après-midi, je suis allée chez Madame C. qui me reçoit toujours aussi simplement.


On a fait marcher le phono et on a travaillé un peu.


Je suis bien contente qu’il pleuve… car mon travail n’avançait pas beaucoup avec ce beau temps.

---------------


Mercredi 29 janvier 1930 -

La pluie a enfin cessé, ce n’est pas trop tôt, car ce n’est guère réjouissant autrement.

René m’a dit d’aller rendre visite à Madame Jacquet et que je ne risquais rien.
Elle est encore au lit. Chaque jour, on lui injecte du sérum et elle se plaint d’un violent urticaire.


René, hier, a eu la poisse, le sérum, trop coagulé (je pense), ne pouvait pénétrer et il n’a pas pu lui faire son injection.

Madame J. gobe beaucoup René ; hier, devant toutes les dames venues lui rendre visite, elle ne tarissait pas d’éloges… « Vous garderez des truffes en chocolat pour notre Docteur » etc.

En rentrant, j’ai trouvé votre longue lettre du 26 janvier. Merci infiniment pour tous les détails qu’elle contenait.
Tu ne me parles pas de la recette des pâtés de foie. Madame J. voudrait la connaître.

Es-tu remise, ma chère Maman, de ta crise ? Il te faudrait du soleil…
Ici, il devient un peu moins rare.

René est guéri de sa bronchite et moi, je vais toujours bien à tous les points de vue.


J’envoie une lettre aux A. et à Clémence. J’ai reçu une carte de Marcelle qui me dit qu’elle n’a pas le temps de m’écrire… et qu’elle s’amuse follement.

Madame B., que j’ai vue hier au catéchisme, m’a dit qu’elle avait reçu un mot fort gentil de toi, et qu’il était tout à fait inutile que tu la remercies.

Je vais aller la voir dans quelques minutes.

Au cabinet médical, Tonton doit avoir engagé la nouvelle infirmière. Est-elle à votre goût ?

Ne vous étonnez pas si les lettres ont toujours du retard… Le poste d’Ito est encore bloqué.

Mille baisers de nous deux.
Odette et René


----------------------------
A suivre...

Cordialement.
J. Merlin
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Le Journal d'Odette Derennes, Khénifra 1929 - Page 7 Empty Re: Le Journal d'Odette Derennes, Khénifra 1929

Message  Jacques Merlin Ven 18 Oct - 9:19

Bonjour à Toutes et à Tous,

Suite :
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Dimanche 2 février 1930 -

Une journée de pluie en perspective… Malgré cela, nous sommes allées, Madame B. et moi, faire le catéchisme. Il nous manquait, d’ailleurs, pas mal d’élèves. Chacune en avait trois sur six.
Ensuite, je suis vite rentrée pour nettoyer la culotte de cheval de Renée qui était toute tâchée de boue.


Le Journal d'Odette Derennes, Khénifra 1929 - Page 7 Renaul10

A midi, l’auto de Monsieur H. (l’ingénieur des Travaux Publics) nous attendait.
C’est une superbe Renault de 40 000 f qu’il a achetée 22 000 à une dame qui venait d’arriver au Maroc, et dont le mari était mort sur le bateau. Elle voulait s’en débarrasser (auto)…
M. H. voudrait la revendre car elle est trop jolie pour affronter les pistes du Maroc.
René a eu un moment l’envie de l’acheter, puis il a réfléchi que les frais de douanes seraient trop élevés. Quant à moi, je n’aurais pas demandé mieux… On aurait fait le retour par Gibraltar, l’Espagne dans une Renault de 7 places !
Donc nous sommes partis chez H. : René, Peney, le Véto et moi.
Ils ont une fort belle maison et nous ont reçus très bien : un apéritif, un déjeuner extrêmement fin, arrosé de 36 variétés de vins, cafés et digestifs.
A 16 heures, thé, gâteaux ; à 18 heures, apéritif…, tant et si bien que le soir, nous n’avions pas faim et que notre dîner s’est limité à un verre de bière…
Le Véto a voulu faire au plus malin…, ayant beaucoup trop mangé hier soir, il a eu ce matin une bonne indigestion…

Les C. sont venus nous retrouver dans l’après-midi, aussi avons-nous organisé des petits jeux. Les gens sérieux (M.C, M. et Mme H. et René) ont joué au bridge. Les autres, dont moi, à « La Roulette » (kif kif casino Vichy).
J’ai gagné comme une insensée, ce qui m’a permis d’acheter ce matin une boîte de cartouches (17,50 f).
Nous nous sommes retirés vers 19 heures et bien entendu, M. H. nous a raccompagnés dans son auto.

---------------------------

Lundi 3 février 1930 -

Un soleil et une chaleur à tout casser.
Je suis sortie ce matin avec ma robe jaune en taille et comme j’avais eu le malheur de garder mon jupon de laine, je suais à grosses gouttes. C’est effrayant de constater ces différences de températures. Il y a huit jours, un froid de chien, et aujourd’hui, une chaleur de mois de juillet !
Nous sommes allées la sœur de Madame C. et moi, ce matin à la chasse.
Nous n’avons pas tiré un seul coup de fusil, car, vu le beau temps, les oiseaux s’enfuyaient rapidement.
Enfin, cela nous aura fait faire une bonne promenade.

Le Père de Meknès est venu à Khénifra pour l’enterrement d’un civil, mort à l’hôpital.
C’est effrayant de voir comment se fait un enterrement dans ce pays. Peu de monde. Le cercueil est porté sur une voiture ouverte.


Demain, j’irai probablement voir le monument que l’on a élevé pour la famille A. Il se trouve dans le cimetière, de même que le monument aux morts d’El Herri, en souvenir du combat où une quarantaine d’officiers et 500 hommes furent tués.

Cet après-midi, je suis allée travailler chez Madame B.

Dès l’arrivée du Capitaine, nous nous sommes mis à la recherche de mots croisés. Ils en sont presque autant emballés que Tante Cora.

Demain, Madame B. et moi irons rendre visite à Madame J., de nouveau alitée, car les accidents sériques ont commencé à se faire sentir.
Dans la nuit, à 3 heures, Peney, de permanence à l’hôpital, a été appelé à son chevet en urgence, car elle venait de faire une syncope (urticaire, brûlures d’estomac etc.).
Heureusement qu’il n’est pas venu réveiller René, car après le trop bon déjeuner d'hier, celui-ci l'aurait trouvé mauvaise...

Tu ne me dis pas, ma Chère Maman, si je dois acheter ou non un burnous. Je t'en ai dit le prix : environ 150 à 200 francs.

Madame J. avait l'autre jour une bague que j'estimais 600 à 700 francs et qui, en fin de compte, ne vaut que 50f... Elle fait un effet bœuf ; si je pouvais trouver la même à Rabat, cela serait épatant.

-------------------------------

Mardi 4 février 1930 -

Ce matin, nous sommes parties vers 9 heures à la chasse mais celle-ci a été plus que pitoyable... A deux, nous n'avons tué que trois alouettes... En revanche, nous avons cueilli de nombreux tout petits champignons de Paris. C'est effrayant ce qu'il y en a, surtout après ces pluies. Un panier plein en 15 minutes ! J'y retournerai demain et en rapporterai à Madame J.

Des accidents sériques se sont produits depuis dimanche soir. Cela fait deux nuits que Peney est dérangé à 3 heures du matin. Bien entendu, les deux fois, il n'a pas dérangé René.

Nous sommes allées, après la chasse, visiter le cimetière français. Il est d'une propreté méticuleuse. Les tombes des soldats tombés au siège d'El Herri sont d'une simplicité émouvante. Au centre, s'élève un monument pour tous ceux qui sont morts pendant ce siège.
Plus loin, et se détachant des autres tombes par leur blancheur, les deux tombes de M. et Mme A., avec des couronnes offertes par le Service des Travaux Publics, car Monsieur A. était cantonnier.

A midi, les sauterelles, qui étaient engourdies par suite de la pluie, et qui étaient posées sur les montagnes avoisinant Khénifra, se sont mises à passer en un vol très dense au-dessus de nous, obscurcissant à certains moments tout le ciel. Bien entendu, aussitôt, on a allumé des feux de toute part et les Arabes ont fait leur tam-tam habituel avec cuivres et aidés de leurs chants.

Les cigognes sont en ce moment à Khénifra. Elles ont bâti leurs nids sur la kasbah, elles passent par centaines ; Hier, j’étais à dix pas d’une, j’avais presque envie de la tirer. René m’a dit que c’était défendu et qu’au Maroc, cet animal est sacré.

Les Arabes font en ce moment leur ramadan – il leur est défendu de manger toute la journée, seulement le soir à 18 heures, après le coucher du soleil.

----------------------
A suivre...

Cordialement.
J. M.
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Message  Lucien Calatayud Ven 18 Oct - 10:04

JACQUES

Si je comprends bien, il n'était pas très recommandé à l'époque de se soumettre à une transfusion ou à une injection de sérum. Mais quelles devaient être les conditions de conservation des produits pharmaceutiques?
Autre chose: Est-ce toi ou ta maman qui a mis le mot auto entre parenthèses après : " elle voulait s'en débarrasser". Cela m'a en tout cas bien amusé.
Toujours aussi passionnantes ces lettres. On se voit soi-même évoluer dans l'ambiance.
Lucien Calatayud
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