Meknès, Au Roi de la Bière
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Mémoires du "bled" durant le Protectorat

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Mémoires du "bled" durant le Protectorat - Page 5 Empty Re: Mémoires du "bled" durant le Protectorat

Message  Lucien Calatayud Mar 8 Nov - 15:41

Bonjour

Etant donné que ce forum paraît se laisser docilement enliser dans une longue et bien agréable somnolence, étant donné que je  me ressens moi-même pas mal alangui, mais étant  donné  bien heureusement que rien n'interdit d'aller puiser ailleurs ce que d'autres plus inspirés ont postés dans une autre vie (pardon, dans un autre forum) c'est tout bonnement ce qu'il m'est venu à l'idée de faire, n'en déplaise aux auteurs.

Voici donc ce qu'un certain Jimmy (personnellement je n'en connais qu'un) a cru bon de placer pour attiser les nostalgies des plus anciens des Meknassis. Le texte a à peine été rectifié par mes soins.

Luc Yvon est un blédard de la région d’Aïn Taoujdate. Il était avec nous à Rosas accompagné de sa femme. C’est un jeune homme de 77 ans qui a écrit ses mémoires de jeunesse au Maroc, pays qu’il a quitté très tard. Nous avons échangé des courriers et je n’ai pu m’empêcher de placer, avec son consentement, un extrait de son journal qu’il m’a proposé, dans cette rubrique qui m’est chère.
Luc Yvon parle de l’époque ou il a quitté définitivement  le bled.

Voici un extrait des états d’âmes d’un meknassi quelque peu mélancolique…


« « « …C’en sera fini d’être en constant affût d’un prétexte pour m’accorder une évasion vers la ville pour rompre  la désolante monotonie du bled. Encore que les samedis après midi, il m’était souvent donné de me trouver délibérément pris dans la foule compacte pour « faire l’avenue » comme l’on disait. Un rituel qu’il importait de ne point manquer. Oh ! Rien de bien extraordinaire. Ce n’était tout au plus qu’une manière de tuer le désoeuvrement de l’après midi du samedi.
Sans autre but que de marcher en masse sur le même trottoir,( jamais, grand jamais sur celui d’en face), tout en échangeant quelques dernières fadaises plus ou moins divertissantes, une partie de la vague humaine quelque peu agitée montait la rue principale de la ville quand l’autre fraction toute aussi dense et remuante la redescendait. Bien que goûtant avec bonheur ces courtes échappées rurales, je réalisais non sans stupeur combien était grande l’étendue des retards que j’accumulais en raison du peu de contact qu’il m’était donné d’avoir avec ceux de mon âge.
Mon attitude quelque peu compassée ne pouvant bien évidemment passer inaperçue, les anciennes copines et anciens copains du lycée n’en étaient pas moins ravis de me voir me joindre à leur petit groupe. S’amusant toujours des quelques sottises que j’avais pu commettre durant ma période lycéenne, ils continuaient de trouver cela comique quand je n’en souriais plus qu’à peine.
Avec quel ravissement je respirais alors les parfums exhalés par celles qui étaient devenues de vraies demoiselles. C’était tout de même autre chose que les fortes senteurs de clous de girofles qui flottaient dans l’air à l’approche d’un chantier uniquement composé de femmes indigènes. Des exhalaisons dont, soit dit en passant, j’avais fini par m’accoutumer, si ce n’est par m’accommoder, ayant même fini par y trouver certaines saveurs. L‘un de nos plus illustres voyageurs n’évoquait-il pas « ces charmes dont aucune femme n’est tout à fait dépourvue dans une île déserte » ?

Le soir après souper, dans l’atmosphère confinée, horriblement enfumée et empoussiérée d’un sous-sol, alors que les couples enlacés se dépensaient joyeusement sur des rythmes effrénés ou qu’ils ne se dandinaient plus qu’avec langueur sur les sons moelleux d’un slow, juché sur un tabouret de comptoir, je me contentais de contempler le bonheur des autres ; ces autres de la ville dont j’enviais tant la condition.

Salut à toutes et à tous.
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Mémoires du "bled" durant le Protectorat - Page 5 Empty LUC YVON

Message  Crémault Marie Joëlle Jeu 10 Nov - 17:48

LUCIEN, merci d'avoir re_posté. Je ne savais faire un copier coller, pour garder ce texte si bien écrit par LUC YVON. C'est chose faite. comment pouvoir intervenir, et demander à ce monsieur "LUC YVON" de choisir quelques feuillets de sa biographie, et de nous la faire partager ?
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Mémoires du "bled" durant le Protectorat - Page 5 Empty Ville Nouvelle 1....

Message  Langlois André Sam 12 Nov - 0:13

LUCIEN,

J'apprécie ta finesse d'esprit, ta claivoyance et ton humour.... Et surtout, n'envie rien à personne...Tu dois être comblé...!!!

Un jour peut être, je te raconterais quelques anecdotes décevantes (Ho...il y en a eu peu, mais assez cinglantes pour me marquer) dans lesquelles je ne me suis jamais vanté d'en être l'acteur principal...

Déception amoureuse....!!! Trop facile lorsque l'on a 15 ans et qu'un effleurement de peau suffit à générer des sentiments que l'on croit à jamais inscrit "dans le ciel" (Pour reprendre les mots d'ADRIEN dans la rubrique des "écoles aujourd'hui..."c'est écrit dans le ciel"... par ADRIEN )

Une autre fois , un "rateau", comme disent les jeunes actuels... C'était au Continental, le 1er Janvier 1957... Pas une gifle, non, mais un "rateau"...
Ma déception n'eut d'égal que "ma" stupidité... C'était le temps de la vraie vie qui commençait pour moi...!!!

Je ne regrette rien... je me suis bien rattrappé ensuite...

Ce n'est pas la bonne rubrique pour ce genre d'histoire... On va dire que c'est "l'effet cascade" qui oblige cet écart, comme le dit si bien ALAIN...!!!

Allez, merci LUC YVON...

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Mémoires du "bled" durant le Protectorat - Page 5 Empty Re: Mémoires du "bled" durant le Protectorat

Message  Lucien Calatayud Sam 19 Nov - 17:00

Un extrait de mes mémoires.

Cela se passe dans un certain village. Des lopins de terres cultivables en maraîchage avaient été confiés à un certain Pédro. Voici donc ce que l'enfant que j'étais alors en a retenu :



Honorer ses engagements, voilà qui suffisait à le ragaillardir chaque matin. Au grand bonheur il va de soi des titulaires de lopins, ceux qui l'avaient honoré de leurs confiances. Nul n’ignorait qu’à défaut d’une telle inébranlable opiniâtreté, la nature aurait eu tôt fait de reconquérir les espaces.

Toute une variété de beaux légumes et de fruits de première fraîcheur ne tarda dès lors plus à agrémenter plats et desserts du quotidien des foyers.

Quand bien même cette éblouissante réussite, il ne serait jamais venu à l’idée de Pédro de s’accorder quelques bons temps. Quelle que soit l’heure, on ne le surprenait qu’en besogne, ne se préoccupant de rien dautre que de conduire et de mener à bien le travail entrepris.

Son bout de mégot mouillé, noirci, collé à la lèvre inférieure, pantalon retroussé jusqu’à mi-mollets, il ne s’accordait qu’un minimum de répit, que le temps de souffler. Bêchant, ratissant, pataugeant nu pieds dans des parcelles noyées, jouant de sa houe pour conduire les eaux d’irrigation ici ou là, il allait et venait sans cesse, mû par la même farouche volonté de mener au mieux la mission qu’il s’était donnée. Exception était cependant faite aux heures de casse croûte. Là, se ressentant probablement d’un impérieux besoin de se sustenter, il s’autorisait un petit quart d’heure de détente, au sein même de son quiet environnement. Durant cette courte pause il évaluait non sans une pointe d’orgueil le travail accompli depuis sa prise de travail très tôt le matin. Un véritable ravissement que celui qui se lisait alors sur son visage. Un instant de délectation qu’il n’aurait partagés avec personne, jugeant que nul autre n’était en droit de s’octroyer une telle faculté d’appréciation.

Assis, le dos appuyé à un arbre - toujours le même - quels doux instants il savourait alors! Quelle paix se reflétait sur ses traits et quel raffinement dans chacun de ses gestes ! Devant lui, disposés sur la toile de sa musette aplatie à même le sol, un quignon de pain, une boite de sardines ou de thon, une tomate fraîchement cueillie, coupée en deux moitiés, assaisonnée de sa main de quelques gouttes d’huile d’olive, de deux pincées de sel et de poivre. Voilà qui présentait tous les aspects d’un véritable festin. Un régal qu’il commençait à savourer du seul regard avant que de se décider de piocher délicatement de la pointe de son canif, à même la boite. Et c’est avec un recueillement quasi solennel qu’il mordait tout d’abord dans la chair ferme de la tomate portant aussitôt un petit tronçon du pain à sa bouche. Une ultime lichette de vin absorbée à même le goulot, c’était là sa manière de marquer la fin de la collation. Le revers de sa main passé hâtivement sur ses lèvres, il prenait soin d’essuyer la lame de son canif qu’il plaçait à nouveau dans l’une des poches de son pantalon. De même qu’il ne manquait jamais d’éparpiller les quelques miettes tombées sur la musette avant de la suspendre à l’endroit même où elle avait été décrochée. Là seulement, une main plongée dans l’une des poches de sa vieille veste restée pendue à un moignon de branche, il y puisait son paquet de tabac, son papier à rouler ainsi que sa boite d’allumettes. Lentement de ses gros doigts gercés il donnait alors forme à la cigarette qui allait à nouveau lui tenir compagnie tout le restant de la matinée.

Toujours confus qu’on ait pu le surprendre ainsi, dans un tel moment d’inactivité, se donnant une contenance, de son index, il montrait un beau fruit mûr parfois aussi un assez volumineux légume. Le hochement de tête qu’il nous adressait alors prenait sens d’autorisation. Cela voulait dire: « Prends le ! Il est pour toi! »

Il faisait si bon se glisser à l’ombre des hauts taillis qui entouraient les fameux lopins. Les décompositions végétales associées aux frais verdoiements exhalaient de ces fortes émanations sauvagines de sous bois qui avaient pour effet d’éveiller en moi tout un tas d’aspirations secrètes. Des rêves d’évasions en de lointaines contrées nées de ma seule imagination.

L’eau qui ruisselait de tous côtés m’obligeait à avancer précautionneusement, les chaussures à la main, prenant surtout garde de ne point contrarier la direction ni la régularité de l’écoulement.

Comme je ne saisissais jamais un traître mots du discours que Pédro se prenait de tenir parfois dans un charabia qu’il avait grand peine à amender, je me contentais de hocher la tête ou de prononcer un « si sénior » ou bien un « no sénior ». Ce qui paraissait le contrarier fortement. Probablement ne se sentait-il pas payé de retour des efforts que lui-même s’imposait pour s’exprimer dans notre langue. Cela l’attristait même que de m’entendre parler autrement qu’en bon français et son regard se remplissait de reproches.

« Je m’exprime bien dans ta langue avait-il l’air de me dire, alors pourquoi t’obstines-tu à me répondre autrement ! » En tels cas mieux valait pour moi ne plus encombrer les lieux de ma présence. Mieux valait le laisser vaquer, l’abandonner dans sa quiète solitude, au milieu des piaillements d’oiseaux querelleurs qui, au plus haut des branchages, montraient quelque impatience devant la lenteur du mûrissement des baies.

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Message  Denise Ponce Sam 19 Nov - 17:21

bonjour Lucien,
quel enchantement de te lire j'ai l'impression de vivre ces moments plein de vie tu décris tellement bien la nature autour de toi c'est du vrai et ça donne envie de parcourir cette nature. merci Lucien pour cet vision de la nature qui te donne bonheur.
amicalement,
Denise martinville Ponce.
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Message  Grostefan Alain Sam 19 Nov - 18:20

LUCIEN

Je réitère mon conseil (bien que n'étant pas payeur). Fais éditer un bouquin de tes souvenirs de "harrat" dont j'ai eu l'honneur de lire certains extraits. J'en ai appris des choses à travers cette lecture! Très instructif même si on a fait soi-même du bled ce qui est mon cas.
Et ton style et ta prose sont d'excellente facture.
lli bghiti a khouya.

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Mémoires du "bled" durant le Protectorat - Page 5 Empty Les Fermes de la région de Meknès

Message  MOLL Serge Sam 19 Nov - 23:14

Lucien,
Tu nous régales.Quel bonheur de lire ta prose! On s'y croirait avec ce brave et courageux Pédro qui me rappelle un certain Raphaël que j'ai connu, employé dans une ferme près de Boufekrane.
Fais-nous encore partager tes écrits toujours aussi riches qu'intéressants. Je ne lis pas, je bois chaque mot.
Merci mon cher ami.
Serge
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Message  Ghislaine Jousse-Veale Sam 19 Nov - 23:49

Bonjour Lucien - Quel plaisir de lire tes souvenirs et qu'est ce que j'apprecie la beaute de cette langue de Moliere que tu ecris si bien. Comme dit Alain, as-tu pense a faire editer un livre de tes souvenirs? En tous les cas, pour le moment peux-tu continuer de partager tes ecrits avec nous. Merci.  
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Mémoires du "bled" durant le Protectorat - Page 5 Empty Re: Mémoires du "bled" durant le Protectorat

Message  Langlois André Dim 20 Nov - 0:13

Mon cher LUCIEN,

Ton sens de l'observation est très affuté, très aiguisé. Tu survoles l'intimité d'un instant, troublé presque de laisser transparaître un intérêt pour qui ou quoi que se soit... C'est dommage que tu sembles gêné de susciter l'attention des autres à ton égard.

Visiblement, tu es à l'affût de toutes les originalités et curiosités de ton environnement, et comme ton sens critique et ton style littéraire sont au-dessus de la moyenne, cela fait de toi un excellent conteur...

Avec toute mon amitié...





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Mémoires du "bled" durant le Protectorat - Page 5 Empty LUCIEN, l'homme qui aime la terre

Message  Crémault Marie Joëlle Dim 20 Nov - 10:14

Lucien,

Belle écriture, belle sensibilité, ceux qui aiment GIONO, aimeront te lire.
Ce Pédro, est un homme, qui peut vivre dans tant et tant de pays. Je ne le vois pas (ou pas obligatoirement , pour éviter les discussions) au Maroc, PEDRO, peut changer de nom, sauf le mot taillis, il est le paysans, universel, admirable, et solitaire de l'homme qui aime travailler la terre. .Seul en osmose avec la nature, semblant faire, fi de son travail, par modestie, se contentant de faire pousser , avec l'impression de remercier la nature, le sol, la terre , à qui il attribue, avec reconnaissance et presque magie, les plantes qui poussent, alors que sans lui rien n'existerait.
J'ose à peine écrire sur votre site, craignant vos réactions, et des propos fallacieux sur mes réponses ou MP Sad Shocked  Surprised  Embarassed
.
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Message  Grostefan Alain Ven 23 Mar - 9:55

Anecdote cave d'Aïn-Taoujdate

Mauvaise manière d'être au courant


Le pressoir mobile c'est un appareil très lourd monté sur roues métalliques. Il est muni d'un réceptacle recevant par une goulotte le marc de raisin qu'il est chargé de presser afin d'en extraire un dernier jus appelé vin de presse. Le marc est entrainé par une vis sans fin. La pression est exercée par du lest constitué par des contrepoids fixés sur une barre. Celle-ci dépasse d'une bonne longueur la sortie du pressoir. Un ouvrier poste une brouette à la sortie, réceptionne le marc pressé et une fois la brouette suffisamment chargée, s'en va déverser son contenu dans la fosse à marcs. Entre temps un autre ouvrier présente sa brouette pour que le travail se fasse en continu.

En attendant que la brouette soit pleine l'ouvrier, en général pieds-nus, s'appuie sur la fameuse barre soutenant les contrepoids. Le sol d'une cave est toujours plus ou moins humide car la propreté est un souci constant et l'hygiène ne souffre pas d'à peu près.
Un soir (il faisait déjà nuit; une cave ne connait pratiquement pas d'arrêt pendant la vinification. Il y a deux équipes, l'une de nuit et l'autre de jour), un soir donc la brouette de l'un des gars débordait et le gars était toujours appuyé à la barre...
M. RISDORFER -que SERGE a eu l'honneur de connaître- responsable de la propreté était là et heureusement pour l'ouvrier. Ce monsieur s'est aperçu qu'il y avait des étincelles au niveau de la poulie d'entrainement du moteur électrique fonctionnant au 380V. En fait le câble électrique touchait la poulie. Au bout d'un certain temps les fils du câbles avaient été mis à nu et le courant s'était propagé dans tout le pressoir. L'ouvrier en bout et toujours debout n'était pas endormi mais collé à l'appareil.
Quand M. RISDORFER a coupé le courant le pauvre gars est tombé à terre inanimé. Moi j'étais en haut affairé avec les cuves de fermentation. Je suis arrivé dare dare. Le gars avait les dents serrées comme un étau. Nous lui avons ouvert la bouche avec un tournevis. Il respirait . Je l'ai transporté  au dispensaire du village (avec le pick-up De Soto de service). Il y avait un toubib français qui logeait sur place à l'époque. Il a examiné rapidement l'ouvrier et nous a dit que dans ces cas-là, ou bien on s'en sort ou bien on est mort.

Notre maître es-brouette était bien vivant et l'a échappé belle.

Ma prochaine anecdote de cave portera sur le petit "orteil"..
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Message  HUGUETTE ROMERO Ven 23 Mar - 10:45

WOUAHOU.......
BONJOUR ALAIN .... BELLE ANECDOTE .... IL ME TARDAIT D'ARRIVER A LA FIN EN SOUHAITANT BIEN SUR QU'IL SOIT EN VIE ..... OUF !!!!!!!
BIZZ..... HUGUETTE
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Message  christiane gérard Ven 23 Mar - 14:01

Alain
Encore !encore !toujours agréable de lire les anecdotes qui ont émaillé ta "carrière"


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Amitiés Christiane

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Message  Jean-claude Brotons Ven 23 Mar - 18:48


Merci Alain maintenant nous sommes au " courant " ,quel plaisir d'entendre ce genre d'anecdote ,le marc sortait sous forme de gros boudin ,lentement et s'écroulait dans la brouette ou autre benne ,parfois la pression était trop forte et le morceau qui tombait était aussi gros que la brouette .

Beaux souvenirs ,on ne s'en lasse pas .

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Message  Ghislaine Jousse-Veale Sam 24 Mar - 3:17

Bonjour -Alain -  
Dangereux ce metier....Je pense que maintenant la vinification est faite d'une autre maniere, non? En tous les cas merci de nous raconter quelque chose que tu as vecu.
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Message  Grostefan Alain Sam 24 Mar - 11:42

GHISLAINE
Bien sûr, maintenant les caves sont tout à fait modernes. Celle dont je parle a été construite au début des années 50. Tout le gros matériel nécessaire était venu d'Algérie (marque GPC = Gasquet-Pepin et Coq). Le matériel de laboratoire c'était Dujardin-Salleron dont l'ébulliomètre pour déterminer le degré alcoolique du vin. Ce travail de laborantin m'incombait également.

Non le métier n'est pas dangereux. Il suffit de prendre les précautions d'usage comme ne pas laisser traîner un fil électrique sur une poulie en train de tourner ou descendre dans une cuve sans l'avoir aérée. Ce sont des choses élémentaires. Sais-tu l'endroit où il y a le plus d'accidents domestiques? Dans les cuisines![/b]
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Message  Grostefan Alain Sam 24 Mar - 11:54

JEAN-CLAUDE
Salam âlik. Oui ce sont des souvenirs impérissables sauf si l'oncle "Aloïs" s'en mêle. Il nous restera j'espère quelques neurones actifs.
Amicalement
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Message  Admin Dim 25 Mar - 19:37

ALAIN, mon ami....

Salut....Alors...!!! elle vient cette anecdote concernant ton petit orteil...??? Mon petit doigt me dit que tu ne t'en rappelles plus...!!! On attend, nous...!!! Basketball Basketball Basketball

Au fait, on est bien content que ce gars s'en soit bien sorti...

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Message  Grostefan Alain Dim 25 Mar - 20:09

ANDRE
Bonjour mon ami. Je ne travaille qu'en semaine. Very Happy Aujourd'hui c'est le jour du Seigneur. sunny A demain SDV.
Amitiés.
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Message  Grostefan Alain Lun 26 Mar - 12:04

Le petit orteil…
En plus des gros pressoirs nous nous servions de maies. Ce sont des pressoirs circulaires où le marc est pressé verticalement. La maie était montée sur roues métalliques. Pour la déplacer il fallait quatre personnes. Une tirait par l’avant, deux se mettaient de chaque côté et la dernière poussait par l’arrière. Comme d’habitude les ouvriers travaillaient pieds-nus.

Comme souvent j’étais tout en haut de la cave, à surveiller les cuves de fermentation et leur refrigération tout en contrôlant ce qui se passait au niveau du rez-de-chaussée. Je venais de donner l’ordre de changer de côté la maie (je vous rappelle que la cave était scindée en deux parties: droite et gauche. Il fallait selon la nécessité aller d’un côté à l’autre et vice-versa). D’en haut donc j’observais la manoeuvre. La lourde maie était déplacée, tirée et poussée par les quatre ouvriers. Le déplacement se faisait sur une dizaine de mètres. A un moment donné celui qui poussait la maie du côté gauche s’écarta en levant un bras en l’air et en criant “hbess, hbess”! (arrêtez, arrêtez). Il regardait son pied. J’ai compris qu’il avait dû se faire mal avec la roue métallique de la maie. Je suis descendu en vitesse. En arrivant près de lui j’ai vu qu’à son pied il manquait le petit orteil. Pas une goutte de sang! Rien. La coupure avait été nette. Il tenait son orteil à la main. Je l’ai fait monter dans le pick-up pour l’emmener à l’infirmerie.
En cours de route il me montre son doigt et me demande s’il faut le garder. Je lui ai dit que ça m’étonnerait qu’on puisse faire quelque chose car il n’y avait plus de toubib sur place et, de plus, aucun moyen d’intervenir chirurgicalement parlant. Il l’a jeté par la fenêtre du véhicule sans autre forme de procès!
Une heure après le gars est revenu avec un beau pansement.
On lui a donné une semaine de congé payé pour se remettre de ses émotions.
Il est revenu travailler mais nous lui avons donné un poste moins périlleux.
Je n’ose imaginer ce qui se serait passé si ce genre d’accident s’était produit en France.
Je me demande parfois ce qu’a pu devenir son orteil. Mangé par quelque animal nocturne peut-être car il faisait nuit…
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Message  HUGUETTE ROMERO Lun 26 Mar - 13:10

MERCI ALAIN POUR CETTE ANECDOTE ......EN TOUT CAS CET HOMME ETAIT TRES COURAGEUX .
DE NOS JOURS JE PENSE QU'IL AURAIT PEUT-ETRE PU SUBIR UNE GREFFE DE SON ORTEIL.???????
BIZZ..... BONNE JOURNEE...
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Message  Admin Lun 26 Mar - 23:16

ALAIN,
Cela parait presque surréaliste cette histoire d'orteil... Il y en a eu en "pagaille" de ces genres d'accident...Pas une plainte... Pas le moindre procès...Quelquefois, à peine un semblant de reconnaissance vis à vis de l'infortuné...

C'était le temps où il faisait bon vivre sans contrainte ni astreinte, et.... sans "interdit" de toutes sortes.
Merci pour l'histoire.

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Message  Ghislaine Jousse-Veale Mar 27 Mar - 5:56

Alain - Merci de nous raconter cette anecdote. Si cet accident se serait passe en France maintenant, il y aurait vos syndicats qui se seraient revoltes, demonstrations dans les rues, greves...etc....Aux USA et ici,  proces pour des sous etc...
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