Jeux, Souvenirs et Articles d'école 1

Dimanche 10 Avril 1955 Pâques

Quelques semaines avant les parents se réunissaient dans le quartier pour décider ou aller pique niquer pour la fête de Pâques ,j'entendais parler d'Ifrane ,d'Azrou ,d'Ain Toto ,trop près disaient les uns ,trop loin disaient les autres ,discussions animées accompagnés de tournée de pastis et de kémia ,après plusieurs jours de palabre il fut décidé que ce serait a Ifrane ,au val d'Ifrane plus exactement ,puis se posa la question ,qui amènerait quoi ,mon père se proposa pour faire la paéllas pour trente personnes ainsi que le vin ,d'autres c'étaient les entrées et l'apéritif ,d'autres les desserts et le café et le pousse café pour les adultes et les mounas .

Autant vous dire que dans chaque maison on s'activait ,faire la liste des personnes ,ressortir les recettes ,faire les courses ,une période ou les parents n'étaient pas a prendre avec des pincettes .

Il a fallu que nous les enfants nous faisions remarquer qu'il manquait quelques choses a leurs recettes ,les cloches en chocolat ,les œufs .

Dimanche quatre heure du matin ,tout le monde debout ,charger les véhicules ,pas question d'oublier le sel , le poivre ou plus grave les œufs de Pâques .

Cinq heure départ en convoi ,Place d'Armes ,route d'El Hajeb ,a l'arrière du véhicule on regardait le soleil se levait ,rougeoyant .

On arrive a El Hajeb ,on prend la bifurcation de gauche ,route d'Ifrane ,sur la gauche l'entreprise d'Alpha ou régulièrement nous allions ramasser des escargots tout a côté .

La route est en lacets ,nous arrivons au Val d'Ifrane ,on prend la petite piste a gauche et on se gare les uns a côté des autres ,on est surpris par la fraîcheur du matin ,vite une petite laine .

On commence a décharger les tréteaux et on les positionne a côté de la rivière ,puis les planches par dessus ,les jeunes filles mettent des nappes blanches .

Pendant ce temps mon père a sorti l'immense poêle ,le brûleur et sa bonbonne de gaz ,il a positionné le tout a l'opposé des tables voyant le sens du vent .

Pendant que mes parents s'activent a remplir la poêle de tout ces ingrédients avec mes frères nous allons remplir deux jerrycans d'eau a la source Vittel .

En revenant nous voyons deux copains du quartier l'air innocent ,les yeux au ciel mais de leurs mains droites ils tiennent un fil de pêche dans la rivière ,il faut dire que nous voyons des truites , en passant je leur dit (attention au garde pêche ),pas de souci jean claude ils ne passent qu'au moment de l'apéritif ….......

Neuf heure du matin certains commencent a organiser un concours de boules ,j'entends les réflexions « non pas lui il a deux mains gauche « , avec lui on a terminé fanny la dernière fois .

Les enfants jouent a colin maillard , corde a sauter ,billes ,aux noyaux , au foot.

Les adolescents s'éloignent discrètement dans la forêt ,allons conter fleurette loin des parents , au retour les parents vont leurs conter autres choses .

Onze heure du matin ,les derniers lèves tard arrivent et font la tête car il n'y a presque plus de place ,ils nous regardent de travers car tout le monde s'est bien étalé et pas question de se serrer .

Tiens deux gardes pêche ,ils sont a l'heure …...de l'apéritif ,ils se dirigent tout droit sur l'unique pêcheur en action ,il a droit a la totale ,carte d'identité , permis de pêche ,inspection de la glacière ,deux belles truites ,ils font la taille ,c'est bon .

Puis ils se dirigent vers les tables ,apéritif Messieurs ,avec plaisir oui , il faut que je demande a mon père que faut il faire pour être garde pêche …....

Ma mère me fait signe de loin de rameuter les voisins , c'est l'heure de passer a table ,chacun prend une assiette et se dirige vers mon père qui nous sert la paélla ,riz bien sûr avec des moules , gambas , calamars ,crevettes , crabes et aussi tomates , poivrons , huile d'olive et safran .

Nous avons sorti la bonbonne de vin rosé de la rivière et avons fait le service ,l'air frais d'Ifrane ça creuse .

Le repas s'est bien passé ,ensuite les parents faisaient une petite sieste pendant que tous les jeunes nous rincions toute la vaisselle dans la rivière un peu plus bas ,a l'époque il n'y avait pas de vaisselle jetable en carton .

Seize heure ,c'est le moment du café ,thé a la menthe , jus d'orange et déguster les mounas ,les parents ont mis sur les tables tous les œufs de Pâques en chocolat ,les ont cassés et les enfants se sont servis .

Les adolescents reviennent de leur ballade en forêt avec une radio portable ,ils nous disent que l'état d'urgence vient d'être déclaré en Algérie ,les parents sont inquiets et petit a petit tout le monde commence a charger les voitures ,retour sur Meknes .




A plus tard peut être ….....quelques part ….....

JEAN-CLAUDE
Bravo encore pour ce récit véridique. C'était la vie telle que nous la vivions les uns et les autres que ce soit au Val d'Ifrane ou ailleurs. Pour Pâques chez moi c'était la préparation des "mounas" qui était l'occasion de réunir famille et amis proches chez nos voisins les FERRER. Ceux-ci tenaient une petite station sur le bord de la route Meknès-Fès à 32 km de la cité ismaélienne. Cette station était connue du nom de "MARIA", prénom de Mme FERRER. Tous les cars CTM ,STM ou transports Laghzaoui y faisaient halte et aussi des particuliers . Soit pour se rafaîchir en buvant quelques jus de fruits (pas de licence d'alcool) ou manger du melon quand c'était la période. En effet le melon "mhayaoui" était renommé et les producteurs du coin entassaient leur récolte sur le bord de la nationale. Pour en revenir aux "mounas" il se trouvait que les FERRER avaient un très grand four qui fonctionnait au feu de bois. Idéal lorsqu'on est grand consommateur de mounas et que l'on est plusieurs familles à en vouloir. Dès le soir venu les femmes se mettaient au travail de la pâte. Ensuite il fallait attendre plusieurs heures pour que la pâte lève. C'était là le moment de détente pour les grands et les petits. Les premiers s'asseyaient en comptant des histoires qui déclenchaient des éclats de rire tout en sirotant une anisette. Les rires aux éclats déclenchaient - allez savoir pourquoi- les aboiements du chien de garde. Nous les mioches nous jouions dans la cour. Il faisait clair de lune. Notre passion c'était la vielle "Trèfle Citroën" de M. FERRER (Louis) toute rouillée et reposant sur ses jantes. Nous y grimpions et à chacun son tour nous prenions le volant pour un voyage fictif. Le ronronnement de feu le moteur était le son de notre bouche l'imitant. Nous jouions également à cache-cache .
Au petit matin les mounas chaudes étaient retirées du four au fur et à mesure de leur cuisson. Le café au lait était prêt à être servi. Nous n'avions pas dormi de la nuit mais nous étions pressés de croquer à belles dents ce délicieux "gâteau" aux senteurs d'orange.

Oui Jean Claude....    

J'ai l'impression d'avoir fait ce voyage avec toi, tant il ressemble à cette fête de quartier où nous partîmes en calèche, en carrioles, en camions, pour Aïn Leuh, un jour de Pâques...Les mêmes préparatifs, le même engouement, la même frénésie...J'avais au moins 6 ans, puisque mon 4ème frère était né et qu'il a fallu le garder dans les bras durant tout le voyage...
J'ai déjà raconté cette journée de Pâques quelque part dans le forum... Souvenirs impérissables, des découvertes inoubliables, un voyage extraordinaire...
Il y en eut d'autres plus tard, mais ils se cantonnaient surtout dans la région d'Aïn Sloughi.... C'était moins loin. Plus de temps donc pour les jeux et la fête...
Je me permets de replacer ici la 1ère photo souvenir de cette excursion.
.... C'est l'arrivée du 1er convoi.... vite, vite .... une photo avant que les autres arrivent...!!! La famille Rucher Charles et les 2 enfants, Gilbert et Syllette, les Mimran, Calamaro, Langlois, la jolie Mme Lascombe, et les 2 mémés du quartier, Mmes Mimran et Rucher (en noir, 2ème ligne et camouflée deriière Fifine, Mme Mimran.... Au 1er plan, accroupis, Aimé et André, on reconnait le p'tit blond au 1er plan en barboteuse) puis 3 autres dont je ne me souviens plus de leurs noms...
Je donnerais beaucoup pour revivre ces instants magiques.

Et puisqu'on y est, une autre fête de Pâques plus restreinte...
....8 familles sous un hangar.... Entres autres, Les Langlois, Rucher, Andryvon, Guirado, Camara..... oubliés, les autres... Ce n'est qu'une partie de la photo.... année 1957...

Je possède 2 ou 3 autres photos en d'autres époques, mais, c'est assez pour aujourd'hui, dit la baleine...

Jean Claude.... ça c'est du SOUVENIR à jamais enfoui dans les méandres de notre cerveau. Malheureusement, les méandres se font de plus en plus nombreux et difficiles d'accès...Aussi, lorsque l'on a réussi à en défricher un, on en profite...

Merci à toi...

transfert de rubrique

Bravo Jean-Claude pour tes récits vivants!!!
C'est au Val d'Ifrane que j'ai fait mes premiers pas.
Pour nous, la paêlla c'était à Dayet Aoua - s'cusez l'ortograf - avec les Viegas, Arias, Roméro...

Voici la carte de France que Mr Le Boutet accrochait régulièrement  sur le tableau basculant de la classe du CM2.... Priorité aux départements et leurs chefs-lieux avant tout. Ensuite les fleuves, leurs affluents et l'endroit où chacun prenait sa source....
Il fallait aussi connaître les régions, le point culminant des montagnes... et j'en passe.
Mais oui c'est loin, c'est loin tout ça...!!!!

Un bref rappel pour le souvenir...Nostalgie....???

André,
Pento, c'était "le fixateur des sportifs".

JIMMY

Ah les bons souvenirs!
L'encre rouge: Jamais bon signe sur les devoir corrigés.
Gomina: Regarde-le, il est tout gominé ce freluquet!!
Huile de foie de morue: Il fallait que maman te pince le nez pour te la faire absorber.
Le tricotin: pour les plus démunis; une simple bobine de fil vide; ça faisait l'affaire.
Le Juke-box: Ras le bol! Où que ce soit, toujours les mêmes refrains. Et toujours quelqu'un qui te devance pour remettre la même chanson! A te faire grincer des dents.

André, Lucien,
Le café "Le trésor", sur l'Avenue, avait un SCOPITONE , Juke-Box amélioré qui diffusait des petits films en 16mm, comme par exemple "Zorro est arrivé" chanté en play-back par Henri Salvador qui interprétait les rôles des personnages de la chanson.
Pour le tricotin, c'est vrai, une simple bobine en bois suffisait, on planté sur une des faces plates 4 aiguilles de phonographe.
Ce qui suit pour adultes avisés seulement: en argot, le tricotin fait référence soit à une matraque de voyou , soit à un pénis en érection.

André,
Chaque année avait lieu le grand nettoyage des pupitres.
On en grattait la surface avec la lame d'un canif, et on allait aux lavabos sous le préau vider les encriers, souvent pleins de petits bouts de craie, de boulettes de buvard, de résidus de taille de crayon...

LUCIEN
J'ai toujours fait rigoler mon entourage en corrigeant les copies et le courrier au Bic rouge à la Fac et à l'Etude

Salut vous tous,

Gérard - le bureau du directeur de l'école du QI se trouvait sous le préau, derrière cette salle, un petit réduit où Mr Le Boutet entreposait toutes les fournitures de l'école. C'est là que l'on allait chercher les craies, les éponges, l'encre....
Le Trésor et son Scopitone....▼▼. bien connu. Il y en avait un autre au Savoy, rue Mermoz, ainsi qu'un tir à l'ours...▼▼
On fabriquait nous même nos "tricotins" avec des corps de roseaux que l'on découpait et ""crénelait"" après les avoir passé à peine sur le feu pour le rendre plus solide...

        Qui a parlé de l'encre violette dans nos écoles....C'était exactement ce genre de bouteille avec verseur...
Poids, géométrie, mesures et volumes de notre système métrique...

CONRAD-BRUAT Xavier a écrit:LUCIEN  J'ai toujours fait rigoler mon entourage en corrigeant les copies et le courrier au Bic rouge à la Fac et à l'Etude

XAVIER
Je n'ai qu'un mot: SADIQUE! 
Prendre ainsi plaisir à  barbouiller de rouge les copies de petits êtres innocents. A ta place je me sentirais harcelé par les remords au point d'en rougir de honte.
D'autant plus que ça réveille en moi de très douloureux souvenirs. Figure-toi que lorsque le maître rendait les devoirs, sur les miens, il y avait toujours  beaucoup plus d'annotations rouges que d'écriture violette. 

Le Poste de T.S.F. dans les campagnes

La qualité du son du poste n'avait encore rien de comparable avec celle des récepteurs radio d'aujourd’hui. Quelques craquements désagréables, parfois la perte de la capture du son.
Et c’est là que l’œil magique du poste s’allumait, cet œil vert en facette de la radio s’intensifiait  et permettait de trouver la bonne fréquence. Il ressemblait à un iris… on l’appelait aussi « l’œil de Moscou »… Magique… !!!.
En façade se trouvaient les boutons de commande. Trois ou quatre, pas plus… :
             - Interrupteur "arrêt / marche + volume du son"
             - Recherche des stations
             - Gamme d'onde
             - Tonalité
Le poste que nous possédions était presque la copie de celui de droite, ce n'était pourtant pas un Grunding...
                 
1940/45... le fameux "œil de Moscou" en haut , à droite...

Notre poste de TSF trônait dans la salle à manger, sur un petit meuble marocain autour duquel 2 fauteuils (marocains…) permettaient une écoute idéale aux « auditeurs » confortablement installés… Eeeeh ouais...!!! Il avait droit à tous les honneurs......lui...!!!
Voici la réplique exacte du petit salon marocain où sa majesté TSF paradait pour le plaisir de mon père, car il en avait la priorité absolue...Nous possédions 2 fauteuils rouges comme ceux ci dessus.

Je ne regrette pas les heures passées devant ce poste. Il m'a permis de partir à la découverte d'autres contrées, de personnages inconnus que je découvrais plus tard sur les illustrés et journaux du pater.
Sans compter sur les émissions "Reine d'un jour", "Sur le banc", les informations de Geneviève Tabouis qui débutait à chaque fois par un "attendez vous à savoir......"  que je n'ai pas oublié.

Bonjour André.
Chez nous, "LE" poste trônait sur l'armoire de la chambre de mes parents. Il ressemblait à ceux que tu as présentés plus haut.
Mon père l'avait acheté "Au point bleu", traduction de l'allemand "Blaupunkt, chez Baeza, sous les galeries de l'avenue Mézergues
Il avait raccordé un haut-parleur dans la salle à manger, ce qui permettait à la famille d'écouter la musique, les infos et toutes les émissions "radiophoniques" sur "Radio-Maroc". Les émissions prenaient fin à minuit, si ma mémoire et bonne, et La Marseillaise et l'Hymne Chérifien (ancienne mouture) étaient alors diffusés.
Le soir venu, un interrupteur permettait de couper le son dans la salle à manger, et le poste ne fonctionnait qu'au bénéfice de mes parents.
On écoutait aussi "Radio-Andorra", en français et en espagnol (ou catalan) avec sa célèbre émission de "disques dédicacés", ou "Radio-Monte-Carlo".
Mon père avait installé la fameuse antenne en cuivre sur la terrasse, elle descendait le long du mur et arrivait au poste par la fenêtre. Un jour que la réception était mauvaise, malgré les réglages fins grâce à l"oeil magique", mon père monte sur la terrasse et découvre qu'un voisin avait raccordé son antenne sur la nôtre...
Mon père a eu vite fait de descendre chercher sa paire de pinces universelles, de remonter sur la terrasse et de découper en tout petits morceaux l'antenne pirate.
La qualité de la réception a été illico rétablie.
Personne n'a jamais plus piraté notre antenne...

JIMMY et GERARD

On avait un poste qu'on branchait à une batterie. Ça marchait plus ou moins bien en fonction de la charge. Lorsque je tenais absolument à écouter une émission, (c'était le cas à l'occasion du dernier combat de Cerdan et  les samedis soir pour "Jazz contre accordéon"), j'approchais un tracteur près de le fenêtre de notre salle à manger et je branchais le câble. Le poste était si gourmand que le lendemain matin il fallait batailler pour mettre le tracteur en marche.
Les postes de l'époque étaient adeptes de "l'amour vache". Lorsqu'ils faisaient un caprice, on les secouait fortement et c'était reparti pour un tour.

Chez moi nous ne pouvions écouter Radio Luxembourg que le soir après le coucher du soleil. Sinon nous avions Radio Maroc juste à côté puisque c'est à Sebâa-Aïoun que se trouve l'antenne relais. C'est à cette époque que j'ai confectionné mon premier et dernier poste à galène. J'y captais radio Maroc en arabe et en Francais. Rien d'autre. Plus tard quand j'ai commencé à enseigner dans le sud j'avais acheté un poste portatif. Il était lourd, mais lourd, à cause de sa batterie. C'était pas encore le temps des transistors où de simples piles de 1,5 V suffisent.